Alors que la Guinée a renoué avec son ancien partenaire technique Global Voice Group pour doter le régulateur de plateformes numériques permettant de sécuriser l’écosystème mobile et numérique du pays, certaines voix s’élèvent pour tenter de discréditer ce partenariat auprès du chef de l’Etat. Avec un arrière-goût de revanche.
On pensait la page des règlements de compte tournée après la signature du contrat début avril entre l’Autorité de régulation des Postes et télécommunications (ARPT) de Guinée et son partenaire technique, Global Voice Group (GVG). Ce partenariat consacre l’extension des services au suivi et à l’analyse de toutes les données relatives aux identités mobiles et numériques, à l’interconnectivité et aux services d’argent mobile, avec comme objectif commun d’optimiser les recettes fiscales de l’Etat.
Le pari de la modernité
En renforçant ainsi les compétences du régulateur, le Président Condé a souhaité doter son pays des moyens d’une véritable inclusion numérique, concrétisant son intention de moderniser la Guinée via le levier essentiel du secteur des télécoms, dans le sillage d’autres pays africains tels que le Ghana, le Congo, le Rwanda et bientôt la Côte d’Ivoire. « L’ARPT a fait œuvre de pionnière à ce chapitre en numérisant la régulation des interconnexions nationales et internationales dès 2009, a rappelé Yacouba Cissé, DG de l’ARPT lors de la signature du contrat. Les nouveaux outils numériques que nous mettons en place vont beaucoup plus loin. Ils couvrent tous les aspects de l’écosystème mobile et numérique susceptibles d’affecter les abonnés guinéens qui doivent être protégés par un cadre réglementaire efficace. »
De fait, améliorer la qualité et la sécurité du réseau constitue un enjeu majeur pour ce pays qui compte près de 15 millions d’abonnés à la téléphonie mobile et plus de 6 millions à l’Internet mobile, a fortiori sur fond de numérisation accrue et de boom des transactions mobiles à l’ère post-Covid. Pour y parvenir, la Guinée a fait le pari de la modernité et de la technologie, misant sur des données fiables et en temps réel afin de lutter efficacement contre les différents types de fraudes.
Rancœur tenace
Alors pourquoi de telles attaques en coulisses ? Quels griefs ont pu être émis à l’encontre de GVG, alors que le précédent contrat liant le prestataire au régulateur, entre 2009 et 2015, avait permis de rapporter à ce dernier quelque 150 millions de dollars sur le seul volet de la supervision des appels internationaux entrants ? Nulle irrégularité à épingler, alors que pour ce nouveau contrat, le régulateur a arbitré après avoir consulté une sélection de fournisseurs (Subah, Nsoft et GVG) ayant tous soumis leur offre de services à l’ARPT. Il est probable que le régulateur n’ait pas voulu reconduire un partenaire n’ayant pas rempli ses engagements.
Si l’amertume est évidente pour Subah, partenaire de l’ARPT depuis 2015, de facto concurrent éconduit, il faut surtout remonter au litige qui a opposé pendant plusieurs années GVG à l’ancien directeur général de l’ARPT, Moustapha Mamy Diaby. Ce dernier est en effet à l’origine de la rupture de contrat abusive de GVG en 2014 au profit de leur concurrent Subah, dont il serait actionnaire. Une décision unilatérale pour laquelle l’Etat a été condamné à verser à la RegTech 21,7 millions de dollars en août 2019 au titre des impayés. Une issue qui lui a coûté son poste de ministre des Postes, Télécommunications et de l’Economie numérique, et qui explique sans nul doute la rancœur tenace de ce proche d’Alpha Condé vis-à-vis du prestataire.
La Rédaction