Tragédie de N’zérékoré : les FSG dénoncent une dissimulation de vérité et appellent à une enquête internationale
Le 1er décembre 2024, un drame humain d’une ampleur inédite s’est abattu sur la ville de N’zérékoré, capitale de la région forestière de la Guinée. Ce jour-là, au stade du 03 avril, une tragédie a coûté la vie à de nombreuses personnes, endeuillant non seulement la région mais tout le pays. Un bilan humain encore flou et des circonstances troubles ont amené les Forces Sociales de Guinée (FSG) à dénoncer ce qu’elles considèrent comme une dissimulation de la vérité par les autorités de la Transition.
Bien que le gouvernement ait rapidement annoncé un bilan officiel de 56 décès, les Forces Sociales de Guinée contestent cette estimation. Selon elles, ce chiffre, annoncé de manière précipitée, semble viser à minimiser l’ampleur réelle du drame, alors qu’un rapport des organisations de défense des droits de l’Homme en Guinée Forestière a évoqué 135 morts et 50 disparus. Selon les Forces Sociales, d’autres sources comme le Conseil Supérieur de la Diaspora Forestière (CSDF), parlent même de 300 morts, des divergences qui soulignent la nécessité d’une enquête approfondie pour établir la vérité.
Une tragédie qui rappelle le passé!
Cette tragédie rappelle douloureusement le massacre du 28 septembre 2009, lorsque des milliers de Guinéens ont perdu la vie au stade du même nom à Conakry. Malgré la tenue du procès condamnant des coupables, le peuple guinéen porte encore les cicatrices de cet événement tragique et redoute de voir l’histoire se répéter. Pour les Forces Sociales de Guinée, le manque de transparence dans la gestion de l’événement de Nzérékoré fait écho à la gestion opaque des drames sous l’ère du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD).
Cette déclaration, estiment les Forces Sociales de Guinée, met en lumière la « banalisation de la vie humaine » et l’« instrumentalisation » des jeunes et des adolescents à des fins politiques. Elles dénoncent également l’usage de la force par les autorités, en particulier les gaz lacrymogènes, dans un stade fermé, ce qui a aggravé la situation.
Une gestion calamiteuse des enquêtes!
Dans ladite déclaration, les Forces Sociales rappellent que ce n’est pas la première fois que la Guinée se trouve confrontée à des événements tragiques suivis d’enquêtes inachevées. Car, un an après l’incendie du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum, les autorités n’ont toujours pas rendu publics les résultats des enquêtes qu’elles avaient promises. Ce précédent, selon elles, jette un voile d’inquiétude sur la capacité des autorités actuelles à mener une enquête sérieuse sur la tragédie de N’zérékoré.
» Les Forces Sociales de Guinée expriment leur inquiétude face à ce qu’elles considèrent comme une volonté de « dissimulation de la vérité » par les autorités de la Transition. Aucune enquête digne de ce nom ne peut être menée sous l’égide des actuelles autorités du pays, qui manquent de la volonté politique nécessaire pour aller jusqu’au bout », ont-elles déploré.
Appel à la justice et à une enquête internationale!
Face à cette situation, les Forces Sociales de Guinée exigent une enquête indépendante et transparente, soutenue par la communauté internationale. Elles demandent la mise en place d’une commission d’enquête pour déterminer les causes exactes de cette tragédie, évaluer le bilan humain réel, et identifier les responsabilités des organisateurs, des autorités locales et des forces de sécurité.
» Au-delà, nous appelons à une assistance psychosociale, sanitaire et financière pour les victimes, dont beaucoup appartiennent à des couches vulnérables de la société, notamment des enfants, des adolescents, des jeunes filles et des garçons issus de familles démunies. Nous exigeons également que les coupables, qu’ils soient organisateurs, responsables politiques ou membres des forces de sécurité, soient traduits en justice(…) ».
Unité nationale et solidarité!
Les Forces Sociales de Guinée ont salué les efforts de solidarité envers les victimes et les appels à la justice qui se sont multipliés dès les premiers instants de la tragédie. Elles invitent également les organisations de la société civile, les ONG et les défenseurs des droits de l’Homme à se constituer partie civile, comme cela avait été le cas lors des événements tragiques du 28 septembre 2009, pour que justice soit rendue aux victimes.
Dans un élan de solidarité, elles ont proposé de décréter le vendredi 6 décembre 2024 comme une journée nationale de prières et de recueillement en mémoire des victimes innocentes de cette tragédie. Elles appellent la population guinéenne à se rassembler pour implorer la justice et soutenir les familles endeuillées.
Un appel à la transition démocratique!
Les Forces Sociales de Guinée appellent les autorités de la Transition à prendre conscience de leurs limites dans la gestion du pays et à se préparer à céder la place à une nouvelle dynamique qui permettra de restaurer l’ordre constitutionnel. Elles appellent à une unité nationale, soulignant que seule une action commune des forces politiques, sociales et professionnelles peut sauver la Guinée de cette crise profonde.
» Le peuple guinéen attend une justice équitable et des réponses claires. Les autorités de la Transition devront, face à cette tragédie, choisir la voie de la transparence et de la responsabilité, pour que cette tragédie ne soit pas qu’un autre drame oublié », ont-elles conclu.
Sâa Robert Koundouno