Célébration de la Journée internationale de la photographie : les confidences de la photographe Hadja Saran Kaba

La journée internationale de la photographie a été célébrée hier samedi 19 août 2023 à travers le monde. A huis-clos, ceux de la Guinée ont vu cette journée de capture et d’émotion sans distinction malgré la menace des appareils téléphoniques et d’autres innovations.

Issue d’une famille de premiers photographes guinéens, Hadja Saran Kaba, âgée aujourd’hui d’une soixantaine d’années avec 45 ans d’expérience à son compteur se réjouit d’abord de cette reconnaissance mais également des avantages que cela lui a apportés dans sa vie et cela dès son jeune âge.

« J’ai commencé à photographier à l’âge de 13 ans, avec mon grand-frère, qui a été le premier photographe guinéen. Et mon père aussi était avec les Américains à l’imprimerie. Donc depuis que j’ai commencé je n’ai plus arrêté. On a continué ce métier avec mon frère, à côté de mon frère. C’est dans ça que j’ai rencontré mon époux jusqu’à ce qu’on se marie. Bien avant avec les parents, étant une jeune fille, c’était mal vu et il y a les choses qui se disaient à l’époque. Avec le soutien de mon père, j’ai tenu bon et le mari n’a pas tardé à venir. Mon mari m’a acceptée. J’ai fait beaucoup de formations avec les Américains, les Marocains et beaucoup de personnes. Donc, de là-bas, postérieurement, c’était l’arrivée du président Alpha Condé. Le premier jour qu’il est rentré ici. J’ai pris du courage, j’ai travaillé. J’ai eu un appareil, c’est mon mari qui me l’a acheté. On m’a emmené à l’aéroport ce jour-là. Il m’a annoncé que j’allais passer à l’Assemblée. Maintenant, j’ai continué jusqu’à là où j’suis sans m’arrêter. On est partie en Italie. On a fait ça en Israël. Encore avec le président Alpha Condé. Je l’ai suivi. J’ai continué à faire des captures. En tout cas, j’ai fait la photo avec le président Alpha Condé et c’était avec beaucoup d’aventures. Quand le président Alpha Condé a vu mon pouvoir, il m’a appelée et j’ai continué à ses côtés », témoigne-t-elle.

Cependant, elle condamne l’allure que cette profession est en train de prendre avec l’intelligence artificielle.

« Avec la photographie, la première des choses, c’est la connaissance du monde entier. Parce que je suis connue par presque tout le monde. Mais ce que j’observe avec la nouvelle génération, vraiment, c’est misérable. On ne peut même pas expliquer ça. En principe la photo parle, c’est avec beaucoup d’émotions, de temps, de patience et de passion qu’il faut capturer. Aujourd’hui tout le monde le fait même si ça n’obéit pas à certaines règles et principes de la chose. Le plus important ils en font du n’importe quoi et mettent n’importe où. Je pense qu’on doit discipliner cette profession.

Selon elle, pour se maintenir, la nouvelle génération doit procéder à un brassage avec la vieille classe, tout en maintenant certaines réalités.

« Les photos de Présidents, des événements importants comme le mariage… ça retrace une vie donc vouloir jouer avec elle c’est effacer une grande partie d’une existence. Si vous connaissez Sékou aujourd’hui et beaucoup d’autres, la télé n’existait pas en grand notre mais les photos sont partout. Ça c’est les archives des supports physiques, une réalité que vous rejetez mais qui est très dangereuse.

La soixantaine, après le titre de photographe personnel du président Lansana Conté et Alpha Condé, à date, Hadja Saran Kaba exerce toujours dans le monde des captures d’émotions, d’action et de la créativité qu’est la photographie à côté de l’actuel président du CNT, Dr Dansa Kourouma.

Mayi Cissé