Pakistan : devant les parlementaires, l’honorable Saran Traoré évoque la problématique de la sécurité routière en Guinée
Islamabad, la capitale du Pakistan a accueilli du 8 au 9 février les parlementaires du monde autour du thème « Un avenir plus sûr ensemble – Action pour la sécurité routière ».
La Guinée était représentée à ce grand rendez-vous par une délégation de haut niveau.
Au nom de la délégation guinéenne, l’honorable conseillère Saran Traoré, dans un discours riche en enseignements devant le président pakistanais Arif Alvi à Islamabad Serena Hotel, a félicité le Congrès international des parlementaires (IPC), organisateur de la conférence et passé au peigne fin la sécurité routière en Guinée.
Devant des invités venus de tous les horizons, la conseillère nationale a informé de la détermination du Président du Conseil national de la Transition [CNT] -Dr Dansa Kourouma- de faire de la sécurité routière un axe prioritaire de son mandat.
Citant une enquête récemment réalisée en Guinée, Saran indique que « l’accidentalité routière et le nombre de morts et de blessés sur les routes sont en forte augmentation depuis des années. Selon des données d’une étude, 3 490 décès ont été enregistrés pour 259 731 véhicules soit un taux de mortalité de 28,2 % en 2016 »
« Cette étude, poursuit-elle, indique également des chiffres très élevés sur le sentiment d’insécurité. Les résultats montrent que 8 usagers sur 10 ne se sentent pas totalement en sécurité quand ils se déplacent comme passagers à Conakry. C’est seulement 2 usagers sur 10 qui se sentent totalement en sécurité. Ces données ont certainement évolué en hausse au fil des ans ». Discours intégral…🔻
Monsieur le Président,
Distingués invités,
Chers collègues parlementaires des différentes délégations ici présents
Mesdames et Messieurs tout protocole observé ;
Tout d’abord, permettez-moi au nom de notre délégation de remercier vivement les organisateurs pour avoir bien voulu convier des représentants du Conseil National de la Transition de la Guinée (CNT) à cette importante réunion des parlementaires.
Nous voulons d’ores et déjà vous rassurer que la question de la sécurité routière préoccupe à plus d’un titre le Président du CNT, Dr Dansa KOUROUMA. Cette préoccupation est traduite par son initiative d’organiser très prochainement un débat parlementaire sur les infrastructures ; débat en préparation au niveau de la Commission des Affaires Economiques et du Développement Durable dont je suis la Rapporteur. Ce débat permettra de toucher des pans importants de la sécurité routière dont le lien est étroit avec l’état des infrastructures nous permettant ainsi ‘’Un avenir plus sûr ensemble’’.
Notre rencontre sur la Sécurité routière pour les parlementaires, une perspective globale, intervient dans un contexte marqué par de fortes préoccupations en matière de sécurité routière. D’où l’importance de la thématique ‘’ Un avenir plus sûr ensemble-Action pour la sécurité routière’’ car au fil des ans, les accidents se multiplient avec leurs lots de victimes et de dégâts matériels importants.
En effet, selon l’enquête sur le sentiment d’insécurité et les causes perçues d’accidents à Conakry la capitale guinéenne, la sécurité routière en République de Guinée est en forte dégradation depuis plusieurs années. L’accidentalité routière et le nombre de morts et de blessés sur les routes sont en forte augmentation depuis des années.
Selon des données d’une étude, 3 490 décès ont été enregistrés pour 259 731 véhicules soit un taux de mortalité de 28,2 % en 2016.
Cette étude indique également des chiffres très élevés sur le sentiment d’insécurité. Les résultats montrent que 8 usagers sur 10 ne se sentent pas totalement en sécurité quand ils se déplacent comme passagers à Conakry. C’est seulement 2 usagers sur 10 qui se sentent totalement en sécurité. Ces données ont certainement évolué en hausse au fil des ans.
Quelques exemples d’accidents graves survenus ces dernières années permettent d’illustrer cela.
En 2020, d’après la direction centrale de la police routière, la Guinée a enregistré, 3 174 cas d’accidents contre 3 198 en 2019. Au total, 228 personnes ont été tuées contre 394 en 2019.
S’agissant des nombres de blessés, il faut préciser qu’il y en a eu 1 110 personnes blessées graves contre 1 135 blessés légers. 1 772 motos ont été impliquées dans les accidents contre 1 857 en 2019.
En 2021, la police a indiqué avoir enregistré 2 236 victimes d’accidents dont 693 femmes, 370 morts et 579 blessés.
Accidents des Mineurs tous sexes confondus à la même année 436 -Victimes dont 117 morts 124 blessés graves.
Quant aux dégâts matériels importants : 1 542 ont été enregistrés avec 912 automobiles et 630 motos.
Ces dégâts listés ci-dessous, concernent des véhicules automobiles et de motocyclettes de tous genres, marques, usages et appartenance confondus.
Monsieur le Président,
Chers parlementaires,
Mesdames et Messieurs,
C’est l’occasion pour notre délégation de partager avec vous la problématique de la circulation routière à Conakry, la capitale et sur les routes de l’intérieur du pays. En effet, de nos jours, la circulation est de plus en plus difficile en raison principalement de l’augmentation exponentielle du nombre de motos, de tricycles et d’autres engins en mauvais état (véhicules, camions) dans la circulation, de la faible signalisation verticale et horizontale, l’indiscipline caractérisée de certains conducteurs, la vétusté des infrastructures routières, l’inexistence de centres de contrôle technique automobile (CTA), l’excès de vitesse, la méconnaissance et la violation du Code de la route, la légèreté dans la délivrance des permis de conduire, …
Pour juguler le phénomène, l’Etat guinéen s’est doté d’un Code de la route à travers la Loi L/2018/023/AN du 20 juin 2018. Cette loi, en plus des dispositions générales, finales et transitoires, couvre des aspects portant sur la constatation des infractions, la responsabilité en cas d’infraction, les sanctions administratives et pénales.
L’application de cette loi dans sa plénitude est rendue difficile par la faible prise des textes d’application. Il faut ajouter le comportement indélicat de certains agents de la sécurité routière qui se livrent au racket des usagers.
Dans sa dynamique de lutter contre les accidents de la routes, force est de signaler que les chiffres sont en train d’être revus à la baisse entre 2021 et 2022.
En 2021, l’Etat a créé le Groupement spécial de gendarmerie mobile (GSGM) chargé d’opérer en rase campagne pour la sécurisation des usagers et veiller au respect des règles de circulation.
En 2020, le gouvernement a mis en place l’Agence Guinéenne de la Sécurité Routière (AGUISER) dont la mission est de concevoir, d’élaborer et de mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière de sécurité routière. Cette agence a été dotée d’un Conseil d’Administration.
D’autres actions sont en cours pour la signalisation horizontale et verticale surtout sur les principaux axes routiers de la capitale.
De nombreux travaux sont en cours pour le bitumage des routes restées longtemps dans un très mauvais état ; ce qui compliquait la circulation et créait des accidents.
Selon l’étude comparative des cas d’accidents de la circulation de 2022 par rapport à 2021, les unités de Police Routière ont enregistré et constaté 3 117 cas d’accidents de la circulation en 2021 contre 2 499 cas en 2022. Soit une diminution de 618 cas au cours desquels, 682 personnes ont été tuées en 2021 contre 670 en 2022.
Monsieur le Président,
Chers parlementaires,
Mesdames et Messieurs,
La délégation guinéenne reste à votre disposition pour des échanges plus approfondis durant ces deux jours sur la question de la sécurité routière particulièrement dans le contexte guinéen, régional et international.
Notre délégation serait très heureuse de bénéficier de vos expériences que l’on pourrait mettre à profit dans le cadre de la refondation de l’Etat en cours dans notre pays, particulièrement dans le domaine des transports et de la sécurité routière.
Je vous remercie pour votre aimable attention.