Hausse du prix des produits pétroliers : ‘’ce n’est pas un prix au-delà de la moyenne par rapport aux pays limitrophes’’ (Diakaria Koulibaly)
Quatre ministres à savoir Diakaria Koulibaly des Hydrocarbures, Ismaêl Dioubaté du Budget, Boubacar Barry du Commerce et Lansana Komara de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle, de l’Emploi et du Travail ont conféré dans la soirée de ce mardi 3 juillet, avec la presse nationale et internationale sur le réajustement des prix des produits pétroliers à la pompe intervenu le 1er juillet 2018.
D’entrée, le ministre des Hydrocarbures a, avoir remercié les uns et les autres fait un rappel du contexte de fixation du prix. ‘’Je voudrais commercer d’abord par un petit rappel. Le prix en février 2014, pour ceux qui se souviennent était à 10000 francs guinéens. 2014 a été caractérisé par deux réalités. De janvier à juillet 2014, la tendance à l’international du prix du baril était à la hausse. A partir d’Août 2014, il y a eu l’amorce de la chute du baril. Le phénomène a été constaté chez nous en octobre 2014. En Guinée, le carburant n’est pas acheté localement parce que pour le moment ce n’est pas une ressource naturelle du pays. Toutes les commandes que nous effectuons sont effectuées 60 jours à l’avant. C’est le délai contractuel que le fournisseur qui nous fourni a besoin pour planifier la charge, au delà de la charge il a besoin également de planifier la logistique. C’est pour ça la chute du prix du baril qui a été constaté en Août, la Guinée ne l’a sentie qu’avec un effet décalé, donc deux mois après, c’est-à-dire au mois d’octobre. Ceci est important parce que souvent on a tendance à dire que le baril baisse à l’international et ce n’est pas instantané en Guinée. Donc, ce n’est pas un effet d’interrupteur. Pour tous les pays qui sont importateurs du pétrole, qui n’ont pas la production locale, quand il y a variation à l’international, cela ne se ressent qu’à leur étalage…’’
Poursuivant, il (ministre Koulibaly) a expliqué que ‘’d’octobre 2017 à juin cumulativement, l’Etat a du renoncé à ses taxes à hauteur de 750 milliards de francs guinéens (…) A partir du mois de juillet, on était face à un blocage. Toutes les lignes qui servaient de matelas à l’Etat pour être généreux avec une politique sociale étaient épuisées. Mais au-delà, on a aussi des engagements avec nos partenaires financiers. Quand vous partez vers les partenaires financiers, ils n’ont pas de problème à vous accompagner, ils vous demandent ce qui est connu de tout le monde : C’est la mobilisation de vos ressources internes. Donc, en adéquation avec ses engagements, l’Etat n’avait pas d’autres choix que d’augmenter le prix à partir du 1er juillet. Le prix donc a été augmenté, mais pour ceux qui le savent, ce n’est pas un prix au-delà de la moyenne par rapport aux pays limitrophes’’, dira-t-il entre autres.
Répondant à la question relative au bras de fer qui pourrait se créer entre l’Etat et le mouvement social, le ministre Koulibaly s’est dit rassuré qu’il aura de la compréhension entre le Gouvernement et les partenaires sociaux.
‘’On a eu une première journée de négociations et à mon avis, ça va continuer parce que cela a été instruit par le Président de la République ainsi que son Premier ministre d’avoir des négociations. Ce qui est pertinent, je le dis encore, ce n’est pas forcément le prix du carburant parce que quoi qu’il en soit, le prix du carburant est dynamique, il ne dépend de personne. Ce qui est pertinent et ce sur quoi le gouvernement a engagé à discuter avec le syndicat et je pense qu’on parviendra à un accord, c’est au niveau des mesures d’accompagnement…’’
Par Youssouf Keita
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Amateurisme. Il n’y a pas d’autre mot pour définir cette décision unilatérale et irréfléchie. Comment peut-on prendre le risque d’augmenter le prix du carburant de 25% sans prendre la précaution de fixer les prix des transports publics au préalable ? Si on voulait abandonner les populations à leur sort, on ne s’y prendrait pas autrement ! Comment peut-on jouer avec les nerfs d’une population frappée par la paupérisation pour 78 millions d’euros ? Dans le même temps, il y a une augmentation incontestable des revenus miniers et une mesure judicieuse serait d’amortir une partie du manque à gagner (provoquée par la subvention) par une partie de ces revenus, le temps de voir des jours meilleurs. Messieurs les ministres, il faut être sérieux et revenir sur cette mesure. Discutez avec tous les partenaires sociaux et trouvez un prix consensuel. Ne perdez jamais de vue que ce peuple est en colère contre la corruption, contre la mauvaise gouvernance, contre l’absence de l’Etat, contre l’injustice, contre vous mêmes. Ce peuple n’a pas le temps de réfléchir sur le bien fondé ou non de la décision d’augmenter le prix du carburant, surtout avec une variation aussi importante. En vérité, cette situation aventureuse peut créer des problèmes dans ce pays. Et les seuls responsables seront bien entendu ceux qui ont conseillé cette décision maladroite, précipitée et inopportune.