Le procès du journaliste Bakary Gamalo Bamba a franchi une étape décisive ce mardi, 26 novembre 2024, avec les plaidoiries et réquisitions devant le tribunal de première instance de Kaloum. À l’issue de cette audience cruciale, le ministère public a requis une peine d’un an de prison, dont six mois avec sursis, pour le directeur de publication du journal « Le Baobab », poursuivi pour atteinte à la vie privée du juge Francis Kova Zoumanigui, avant de mettre l’affaire en délibéré pour décision attendue le 2 décembre prochain.
Opposé au juge Francis Kova Zoumanigui, président de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), le journaliste est accusé d’avoir porté atteinte à la vie privée du magistrat, en enregistrant et en publiant une conversation privée. Après plusieurs reports en raison de l’absence des avocats, les plaidoiries et réquisitions ont enfin eu lieu, et le ministère public a requis une peine de prison pour le journaliste.
Les plaidoiries et réquisitions!
Comme convenu lors du dernier renvoi, les plaidoiries ont débuté par l’intervention des avocats de la partie civile. Me Michel Tagbino, représentant du plaignant Francis Kova Zoumanigui, a rappelé que son client avait accordé son pardon au journaliste, suite aux excuses présentées par ce dernier. « Francis Kova a pardonné ce monsieur parce qu’il a reconnu son erreur », a affirmé l’avocat, soulignant l’espoir d’une non-répétition du geste.
De son côté, Me Baben Camara a amplifié les accusations, évoquant une volonté délibérée de la part de Gamalo et de certains médias de ternir l’image du juge. « Il a voulu nuire à celui qui lui a toujours tendu la main », a-t-il déclaré, insistant sur la gravité de l’acte, et demandant au tribunal de condamner le prévenu à une amende symbolique.
Les réquisitions du parquet ont quant à elles été fermes. Les auditeurs de justice ont estimé que Bakary Gamalo avait agi en connaissance de cause, violant non seulement le droit à la liberté de la presse, mais aussi le droit à la vie privée du juge. Ils ont requis une peine de prison d’un an, dont six mois avec sursis, ainsi qu’une amende de 3 millions de francs guinéens, soulignant que le prévenu avait agi dans l’intention de porter atteinte à l’intégrité des magistrats en général.
La défense du journaliste!
Dans sa plaidoirie, l’avocate de Bakary Gamalo, Me Hawa Béavogui, a reconnu la faute de son client concernant l’enregistrement de la conversation, mais a dénoncé les irrégularités de la procédure, notamment les violations des droits du prévenu. Elle a sollicité des circonstances atténuantes, plaidant pour une peine pécuniaire au lieu d’une peine de prison ferme, soulignant que Gamalo était un délinquant primaire.
Bakary Gamalo a, pour sa part, exprimé ses regrets à plusieurs reprises, rappelant qu’il avait présenté des excuses dès les premières étapes de l’enquête. « Je souffre en prison depuis plus d’un mois. Avec 30 ans de carrière, je n’ai jamais vécu une telle situation », a-t-il confié, espérant que sa peine soit allégée.
La décision reportée au 2 décembre
Après les réquisitions et plaidoiries, le tribunal a mis l’affaire en délibéré, fixant la décision au 2 décembre prochain. En attendant, Bakary Gamalo, qui reste incarcéré, devra patienter jusqu’à cette date pour connaître son sort.
Sâa Robert Koundouno