Bah Oury nommé PM : « sa première réussite viendra de la composition de son gouvernement » (Paul Kamano, acteur social)

Quelques jours après la dissolution de l’équipe gouvernementale dirigée par Dr Bernard Goumou, le Président de la transition, a, dans un décret lu hier sur les ondes de la télévision nationale, procédé à la nomination de Amadou Oury Bah à la tête de la primature. La venue de cet homme politique guinéen et ancien ministre de la Réconciliation nationale, est plébiscitée par la plupart des acteurs sociopolitiques du pays. Au lendemain de ce décret récompensant ce cadre avéré et l’un des fondateurs du parti UFDG, les réactions n’ont pas tardé à se faire entendre dans la cité. Joint au téléphone ce mercredi, 28 février 2024 par la rédaction de Mediaguinee.com, le Coordinateur de la Coordination des Organisations non Gouvernementales pour la Promotion de l’Excellence et de la Bonne Gouvernance (COPE-GUINEE), a d’abord salué le parcours de ce politicien chevronné, avant d’attirer son attention sur la prochaine composition du nouveau gouvernement dont il aura certainement la charge.

Mediaguinee.com : Par décret présidentiel, Général Mamadi Doumbouya a nommé M. Bah Oury comme Premier ministre en remplacement de Dr Bernard Goumou. Dites-nous comment vous concevez cette nomination en tant qu’acteur de la société civile guinéenne ?

Paul Kamano : Tout d’abord, je salue cette nomination de M. Bah Oury à la tête de la Primature. C’est un politicien chevronné et l’un des vieux politiciens en activité. Je pense qu’il en sait l’opportunité qu’il a aujourd’hui pour aider le Président à conduire cette transition à bon train pour arriver à bon port à travers l’organisation des différentes élections (présidentielle, législatives et communales). Alors on accueille favorablement cette nomination et on émet le souhait que ça soit vraiment un succès escompté. Il faut tirer les leçons des mérites mais également des échecs du gouvernement Goumou. Ce gouvernement dissous n’a pas aussi démérité que ça, il a eu à poser des actes. Il est donc question de prendre ce qui est bon et laisser ce qui mauvais. On lui souhaite en tout cas bonne chance.

Parlant donc de ces bonnes graines du gouvernement Goumou. Est-ce que ce serait important selon vous que le nouveau PM rappelle d’autres dans la nouvelle équipe au cas où il serait associé à sa formation ?

Vous savez ce pays dispose des personnes pétries de talents. Il y a de la ressource humaine et on n’est pas obligé de recycler les gens. Mais ce qui reste clair, s’il a la liberté de choisir les membres de son gouvernement, il y a tellement de Guinéens qui ont des profils variés, qui ont de l’expérience et qui peuvent vraiment apporter quelque chose au développement de ce pays. C’est à lui donc de choisir ceux qui peuvent répondre aux critères. Dans tous les cas, on a vu avec l’échec du gouvernement Goumou, que ce sont des guerres d’ego et des problèmes personnels qui ont surgi au sommet de l’État. Aujourd’hui nous n’avons pas besoin de ça, mais plutôt des leaders qui savent mettre de côté ces petits problèmes.

La nomination de Bah Oury intervient dans un climat tendu, caractérisé par une crise qui a touché presque tous les secteurs de la vie. Pour vous, quel devra être le message du nouveau chef du gouvernement à l’endroit des acteurs à tous les nouveaux ?

La première réussite de Bah Oury viendra de la composition qu’il va faire de son gouvernement. Aujourd’hui il faut aller vers un gouvernement d’union nationale. Laissez les problèmes d’ego de côté, des occasions pour régler des comptes personnels, il faut aller vers l’union pour aider cette transition, pour aider ces militaires à aller au bout de la réussite de leur mission. Donc, il est impératif aujourd’hui pour Monsieur Bah Oury de composer avec tout le monde. De tendre la main avec tout le monde, comme le disait le Président Ivoirien Laurent Gbagbo, aux moments durs les hommes durs. Je pense que c’est un homme qui a vécu beaucoup de choses. Alors il peut donc capitaliser tout ça pour le bénéfice de notre pays. Pour ça, un gouvernement d’union nationale est indispensable, initier une rencontre pour que tous les acteurs puissent prendre part, que des assises soient faites de manière inclusive pour la réussite de cette transition. À défaut, de procéder ainsi, je pense que ça va encore patauger, ce qui ne sera pas au bénéfice de la population qui est en train de souffrir.

Vous avez tantôt souligné que Bah Oury doit travailler avec tout le monde. Alors si aujourd’hui vous êtes appelé, est-ce que vous serez parti servir la nation guinéenne ?

Vous savez qu’on est déjà en train de servir notre nation depuis plusieurs années et en notre manière. Dans ce pays nous n’avons jamais fait la courbette derrière aucune autorité ici pour dire il faut nous nommer. On fait ce qu’on est en train de faire. Si les gens voient que ça peut avoir de l’impact et qu’on est important pour servir mais c’est avec plaisir. On ne va pas quand même mettre à terre pour que les gens nous prennent. Ce qui reste clair, quelle que soit la position où nous sommes, on peut servir notre pays. Il ne faut pas forcément dire qu’il faut être dans un gouvernement ou être à un poste de responsabilité. Mais si les autorités estiment que l’on peut être à des postes de responsabilité pour servir notre pays, c’est leur choix parce que ce sont eux qui ont le pouvoir de décret. Ce sont eux de savoir qu’il faut mettre ici ou là-bas. Tout le monde a été étonné depuis que les nominations ont commencé au lendemain du 05 septembre 2021, Paul Kamano n’a pas bénéficié de décret. Mais après tout c’est la vie. Cela ne veut pas dire qu’on est contre qui que ce soit. Nous, on continue à faire ce qu’on est en train de faire.

Interview réalisée par Sâa Robert Koundouno