Le fleuve Milo, un affluent du Niger qui arrose toute la sous-région ouest-africaine, est de nos jours dans un état de dégradation poussé. L’implication des autorités pour la restauration de son couvert végétal est nécessaire. Un cours d’eau menacé par l’extraction du sable et la fabrication artisanale des briques par les riverains dans le but de subvenir à leurs besoins quotidiens. Des pratiques qui contribuent à la dégradation du couvert végétal et au changement climatique dans la région de Kankan et ses environs.
Face à cette situation inquiètante, le commandant Lancinet Faro, agent de la protection de l’environnement, jette un regard très critique sur le fleuve Milo.
« Mon regard sur la dégradation du fleuve Milo est désolant, car il est sérieusement attaqué par les actions anthropiques de l’homme. Les bordures de ce fleuve Milo sont complètement dévastées, les briquitiers utilisent tous les moyens pour détruire l’environnement, les bois sont coupés et il n’y a plus d’arbres dignes de nom le long du fleuve Milo. Les populations riveraines ne prennent pas soin du lit majeur du fleuve, la plupart des ordures ménagères et des déchets plastiques sont déversés dans le fleuve Milo, le non-respect des lois républicaines, parce qu’il y a le code de l’environnement, et le code de l’eau. Mais aucun d’entre eux n’est respecté. Le Milo est en déperdition, il faut que de vraies mesures soient prises par les autorités et les citoyens pour protéger ce fleuve », a-t-il expliqué, avant de parler des conséquences de la disparition de ce fleuve dans les années à venir, si aucune disposition n’est prise par les autorités compétentes de la région.
« Si le Milo arrivait à disparaître dans les années à venir, on va rencontrer de grands problèmes comme l’arrivée des grands vents en ville, le problème de pénurie d’eau, parce que la plupart des eaux qu’on consomme à Kankan proviennent du Milo. Nous serons exposés à une chaleur énorme, la température va monter jusqu’à 40 à 45° même à l’ombre. La nourriture pour les animaux sera difficile à trouver. Le manque de poisson se sentira, ça sera un manque à gagner pour l’économie. Nous devons prendre les dispositions nécessaires pour que le Milo redevienne ce qu’il fut par le passé », a-t-il fait savoir.
Conscient de l’importance qu’a ce fleuve dans l’amélioration du climat en Haute-Guinée, cet ancien agent de l’environnement fait des doléances aux citoyens et aux autorités à tous les niveaux.
« J’invite les citoyens à un changement de comportement, tout comme de la part des autorités. Il faut des dispositions. Le Milo est un monument historique pour la ville de Kankan, il faut le protéger soigneusement. Quand on parle de Kankan, le Milo en fait partie, il occupe une très grande place dans la ville de Kankan », a-t-il lancé.
Force est de constater qu’il y a de cela deux ans que l’Etat guinéen débourse des millions de francs guinéens pour, dit-on, restaurer le couvert végétal, sans succès.
Fodé Camara