Traque de Pivi/Affrontements à Samatran village: retour sur la terreur, impacts de balles, arrestation et séquestration des riverains
Après la course-poursuite des évadés VIP de la Maison Centrale de Conakry dont l’ex-chef de la junte Moussa Dadis Camara, plusieurs concessions de Samatran (Dubréka), un quartier proche de Sonfonia ont été des théâtres des opérations.
Sur les lieux, les impacts des balles sont visibles à l’extérieur tout comme à l’intérieur de la maison. Selon les membres de la famille Kaba, un de leurs, du nom de Sékou Kaba, âgé de 41 ans, qui se trouvait dans l’une des pièces de la maison, a été enlevé par des hommes en tenue.
À en croire une dame trouvée assise derrière la concession ce lundi 06 novembre, ces assaillants auraient emprunté le mauvais chemin pour suivre sur cette route qui mène directement au bas-fond où il n’y a aucun passage. Et arrivés sur les lieux, ils sont tous descendus de la voiture pour chercher refuge dans une bananeraie située derrière notre cour parce qu’ils ont verrouillé toutes les portes. C’est ainsi que les tirs ont commencé sur l’immeuble en chantier situé sur la hauteur et plus tard l’hélicoptère est arrivé.
Dans une interview accordée à notre rédaction, Mme Kaba Fatoumata qui a vécu la scène revient sur les circonstances de cet affrontement sanglant. « Le matin, on était dans la cour avec les enfants, on a entendu les crépitements de balles. C’est Dieu qui nous a sauvés parce que quand tu es dans une cour fermée, tu ne peux pas savoir ce qui se passe dehors. Ils ont attrapé mon oncle et vandalisé toute la maison. Depuis le samedi jusqu’à présent, il est introuvable. Nous demandons de l’aide pour qu’on puisse le retrouver. On ne sait pas pourquoi notre maison a été vandalisée, pourtant on n’a pas de militaire dans notre famille. Notre oncle était couché dans sa chambre, ils ont défoncé la porte et ils l’ont fait sortir. Depuis, on ne sait plus où il est. Les échanges de tirs ont commencé à 9h et ils se sont poursuivis jusqu’à 11h. Et même après l’accalmie, on est restés enfermés dans les maisons parce qu’on avait tellement peur. Finalement on était obligé d’affronter la peur et de trouver à manger et c’est à 17h qu’on a pu trouver de la nourriture », a-t-elle expliqué, avant de plaider les hommes qui détiennent leur oncle de le relâcher parce qu’il ne sait absolument rien et de réparer leur concession. « Nous demandons aux autorités de nous ramener notre oncle et ensuite ils n’ont qu’à réparer notre maison parce qu’on ne connaît rien de cette histoire. », a-t-elle demandé.
Mme Touré, en état de famille très avancé explique que pour se protéger ils ont utilisé les fauteuils et le congélateur pour se protéger des impacts de balles. « Je m’apprêtais à laver les enfants. Entre-temps, j’ai entendu des coups de feu et immédiatement j’ai tout cessé pour courir vers le congélateur et le fauteuil et les mettre devant nous pour nous protéger. Quand ils sont entrés dans la cour, ils ont tiré sur les vitres en demandant aux gens de sortir, mais moi je ne suis pas sortie par peur. On a eu vraiment peur, nos vies étaient entre les mains de Dieu. Après ce moment de frayeur, j’ai appelé un jeune pour connaître la position de ceux qui avaient fait irruption dans notre cour. Il m’a dit au téléphone que c’était des militaires. C’est après ce coup d’appel que je suis sortie de la maison », a-t-elle témoigné.
Arrêté et conduit dans un poste de gendarmerie, avant d’être relâché 24h plus tard, Ibrahima Sory Camara, enseignant, a expliqué qu’après son interpellation, il a été séquestré pour avouer ses liens avec les assaillants. « Moi j’étais couché dans ma chambre, j’ai été appelé par un parent d’élève soi-disant qu’il y a des évènements qui se passent dans le quartier. C’est ainsi que je me suis levé et j’ai vu les enfants venir vers moi soi-disant que les militaires sont là. Je leur ai demandé ce qu’ils font là-bas, ils m’ont dit qu’ils ne savent pas. Trois minutes après, on a entendu des tirs. Nous sommes rentrés nous réfugier dans la chambre avec les enfants. Il y a eu des tirs et la gendarmerie nous a dit de sortir sinon ils vont saccager la maison. C’est ainsi que je suis sorti avec les enfants. Ils nous ont dit au sol, je me suis mis au sol avec les enfants. Je leur ai dit qu’on ne sait rien de ce qui se passe, ils ont commencé à me harceler. C’est ainsi qu’ils m’ont fait sortir de la maison. Ils m’ont pris avec mon frère qui reste toujours introuvable, un chauffeur de taxi. Certains nous disaient il faut avouer, je leur ai dit qu’on a rien à avouer, on ne sait rien de ce qui se passe. Ils ont dit ces gens-là vous êtes de la même famille, j’ai dit non on ne les connaît même pas. Entre-temps, un gendarme est rentré dans ma chambre et a vu mes documents parce que je suis un enseignant. C’est ainsi qu’ils m’ont conduit à la gendarmerie»
Selon une source qui s’est confiée à notre rédaction, 3 personnes parmi les assaillants ont été tuées sur place et leurs corps transportés par les militaires.
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