Regain des coups d’État en Afrique : « Ali Bongo, une honte pour les Africains » (Abdoulaye Kourouma, RRD)

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En remontant la pente de l’histoire, le président du parti Rassemblement pour la Renaissance et le Développement (RRD), a souligné que si les années « 90 » étaient caractérisées par les rébellions et guerres civiles, celles de « 2000 » sont venues avec une nouvelle ère, les coups d’État. Ce virus qui touche beaucoup plus des pays ouest-africains (Burkina Faso, Mali, Guinée, Niger), est en train de caresser le centre du continent noir, Tchad, Gabon. Les origines du regain de ces putschs à répétition, les raisons, les complices, le cas gabonais et ce qu’il faut pour contrecarrer ce fléau, dans cette interview-vérité de l’honorable Abdoulaye Kourouma.
Mediaguinee.com: Quelle analyse faites-vous des coups d’État en cascade en Afrique ? 
Abdoulaye KouroumaNous sommes dans les scénarios de 1990, des années caractérisées par des rebelions ou des guerres civiles. Et dans les années 2000, nous sommes dans le scénario des coups d’État militaires. Mais ce qu’il faut déjà retenir, c’est que ce sont les campagnes qui arrivent presque chaque dix (10) ans. Alors avec l’intégration politique et économique, un pays ne peut aller sans le reste du monde. Et dès qu’il y a un coup d’État, il y a des sanctions disciplinaires comme la suspension ou le blocage des accompagnements en aide financière. Et de facto, des conséquences c’est sur les populations à la base.
Et ceux qui font les coups d’État vers le Sahel sous prétexte que c’est pour des questions de sécurité, ne se battent pas pour être Président mais plutôt être ministres ou directeurs dans les bureaux climatisés. Ceux qui font le coup d’État pour des problèmes politiques comme chez nous, qui dénoncent les détournements, la violation des droits de l’homme, les assassinats mais aussi la corruption, font pire que ceux qu’ils ont précédés. Ce qui veut peut-être dire que ce sont des ambitions auxquelles ils se prêtent, ou des mots souvent qu’ils engagent mais qu’ils ne tiennent pas généralement.
Mediaguinre: Après quelques États ouest-africains comme le le Mali, le Burkina, la Guinée ou encore le Niger, le scénario a désormais atteint l’Afrique centrale. Que pensez-vous du cas gabonais mais aussi de l’avenir des acteurs politiques ?
Abdoulaye KouroumaSur le cas spécifique du Gabon, il faut noter qu’aucun pays ne peut s’en sortir dans un régime d’ordre illégal, c’est-à-dire dans une transition ou coup d’État. Cependant, ce qu’il faut retenir, c’est que le Gabon était devenu une dynastie, avec cette politique occidentale du deux poids deux mesures instaurée en Afrique, où souvent le coup d’État est condamné par endroits, de l’autre côté c’est soutenu pour des intérêts égoïstes et partisans. Ce qui fait que les Africains ne s’en sortent pas. Sinon, ça ne sert à rien de quitter dans les mains d’un persécuteur et aller voir un autre sauveur qui, finira par devenir persécuteur à la longue. Ali Bongo, c’est vrai c’était la maladie, mais il était devenu une honte pour les Africains, comparativement à d’autres Présidents à travers le monde. Ce qui veut dire qu’à un moment donné il faut savoir se reposer et savoir partir. Je crois qu’il n’a pas vu le bon moment, parce qu’il était soutenu par une puissance qu’on appelle la France dont il fait appel aujourd’hui. Mais le déclin de la France qui soutient ces Chefs d’État africains contre le gré des populations est déjà consommé. Alors je pense que c’est déplorable et il revient à nous politiques de respecter nos engagements.
Mediaguinee: Au-delà de la manipulation des États africains par l’Occident, que vous dénoncez, que pensez-vous du silence de l’Union Africaine et ses organisations sous-régionales ?
Abdoulaye KouroumaSous l’œil impuissant de ces institutions, le Gabon était dirigé par Oumar Bongo. Et après, en toute illégalité, c’est son fils qui revient avec des leaders politiques et des opposants beaucoup plus populaires. Malheureusement, la France vu que son intérêt se trouve toujours au Gabon, a continué à soutenir. Parlant du Tchad, en toute illégalité aussi, le fils Déby a été installé avec le soutien de la même France. Voyant ce qui se passe aujourd’hui au Niger, la France, puisque nous sommes des sacs à garder pour eux, un Président démocratique a été enlevé et donc il faut réinstaurer la démocratie. La France a dit donc n’avoir pas toléré ce coup d’État, alors qu’il en a eu au Mali, en Guinée mais aussi au Burkina Faso. C’est donc cette politique du deux poids deux mesures des colons qui ne marchera pas. Et, c’est un Alassane  Dramane Ouattara qui force pour un troisième mandat.
C’est pourquoi aujourd’hui en tant que panafricainiste, nous voulons un partenariat gagnant-gagnant, échanger avec tout le monde, mais pas être sous la domination de quelq’un. Ces pays francophones, excepté la Guinée avec son Oui et Non à la fois, ne peuvent pas acheter des armements pour faire ces coups d’État. Ils ne peuvent non plus faire face aux rebelions ou aux djihadistes. Il faut passer par ces États à travers des accords secrets depuis des années « 60 » qui sont encore là. Ce qui fait que partout où il y a des bases françaises dans les pays du Sahel, ce n’est pas facile de faire certaines choses.
Mediaguinee: Par principe, un coups d’État est toujours à condamner pour un régime démocratique. Mais au regard de la confiscation du pouvoir gabonais par la famille Bongo, peut-on dire aujourd’hui que le peuple a été sorti d’un scénario de trop ? 
Abdoulaye KouroumaDepuis ce matin je ne suis pas sorti. Je suis en train d’écouter les commentaires par endroits, que ça soit des spécialistes sur des questions de coup d’État ou en politique. Mais ce qu’il faut rappeler, c’est que celui qui a fait un coup d’État est un neveu à Bongo, et donc la même famille. Maintenant parlant de dynastie ou pas, comme le disaient d’autres que c’est un pouvoir qui a quitté le salon pour la chambre ou de la chambre pour se limiter au salon. Mais par principe nous condamnons ce coup d’État et nous essayons de le capitaliser pour tirer des leçons afin de se retrouver bientôt quelque part en Afrique, pour harmoniser nos analyses et faire des projets en tant que panafricains, malgré les difficultés rencontrées par quelques-uns parmi nous, notamment notre ami sénégalais Ousmane Sonko.
Mediaguinee: Partant de ces différentes réalités, qu’est-ce qu’il faut aujourd’hui pour mettre fin à ce scénario militaire?
Abdoulaye KouroumaNous sommes en train de travailler au sein d’une organisation panafricaine dénommée (Union Pour la Refondation de l’Afrique) afin de tirer des leçons à partir de ces coups d’État. Ces militaires comme ceux du Mali, du Burkina du Niger et autres, vont nous aider en tant que panafricains à résilier beaucoup d’accords avec ces occidentaux qui empêchaient les autres à être du côté des peuples africains. Si vous voyez que la Guinée s’en sort mieux, c’est parce qu’elle n’a pas de maîtres dans ce sens, bien entendu qu’elle soit soutenue par la même France à travers leur fille. Donc moi je peux vous rassurer que ce sont des moments qui arrivent dans la vie politique. Mais la meilleure forme sera trouvée, notamment faire participer ces militaires dans les pouvoirs. C’est-à-dire si un gouvernement doit être constitué de 25 membres, octroyer au moins les 5 aux hommes en tenue. Aller vers des gouvernements de concensus et d’union nationale où la société civile et des politiques peuvent participer d’égal à égal pour pouvoir mettre fin aux coups d’État et avoir une cohabitation.
Entretien réalisé par Sâa Robert Koundouno
 
(+224) 620-546-653

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