Média. Le site Inquisiteur aussi bloqué : « on dit que nous sommes contre le CNRD », dit Mamoudou Babila Keïta, AG

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A la veille du 5 septembre, date anniversaire de la prise du pouvoir par le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement), des médias font face à de sérieuses difficultés d’accès. Après Guineematin, c’est le journal en ligne inquisiteur qui ne s’ouvre presque plus. Qui est aux manœuvres ? Difficile d’y répondre car le pouvoir, par la voix de son porte-parole Ousmane Gaoual Diallo, dit ne rien en savoir.
Interrogé dans la soirée du samedi 02 septembre 2023, l’Administrateur Général (AG), Mamoudou Babila Keïta, parle de « mains noires qui auraient reçu des ordres du Sommet » parce qu’il a refusé, dit-il, de coopérer avec le CNRD. Explications !

« On a passé toute la journée du vendredi sans pouvoir accéder au site. Mais ce soir là, ce sont quelques rares personnes qui peuvent l’ouvrir, tandis que moi-même je n’ai ni accès pour afficher, ni accès à l’interface pour pouvoir publier un quelconque article. J’ai tenté à l’international, j’ai tenté sur mes deux téléphones, mais aussi avec l’ordinateur, mais pratiquement je n’ai aucun accès au site. Il y a d’autres confrères à qui j’ai  également demandé de vérifier mais qui n’ont pas pu, à part une seule personne qui a pu l’ouvrir ce matin. Alors ce qui se passe de mon point de vue n’est pas une action isolé ni hasardeux parce qu’il y a quelques mois, un cadre d’une autorité de la transition a bien menacé en disant détenir des moyens pour fermer ce site, parce qu’il estime que nous sommes un média au service de l’opposition, du FNDC, qui attaque le CNRD et donc la transition. Qu’il faut donc arrêter ça, sinon il vont fermer le site.

Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?

Parce qu’il y a des démarches allant dans ce sens, puisqu’ils ont contacté la Directrice de l’Agence de Promotion des Investissements Privés (APIP), avec les mêmes arguments pour tenter de fermer le site. À son tour, elle aussi a dépêché une mission au tribunal du commerce qui lui a demandé de lui mettre à disposition les fonds de dossiers concernant inquisiteur, c’est-à-dire les documents qui ont permis la création du site. Ces données leur ont été mises à disposition, malheureusement depuis lors il n’y a pas de suite. Voilà qu’aujourd’hui nous assistons au blocage du site sans justification, c’est ce qu’on nous rétorque.
Quelle action en vue depuis ce dysfonctionnement ?
J’ai déjà saisi une association de presse, le REMIGUI. Je crois que le bureau va saisir les deux autres associations de presse (AGUIPEL et URTELGUI). Ils ont déjà fait un dossier de communiqué je crois qui va apparaître dans les heures qui suivent pour dénoncer ce fait-là, puisqu’on a catégoriquement refusé de faire des compromis avec le pouvoir, au profit de la responsabilité, de l’indépendance mais aussi du professionnalisme. Nous sommes indexés comme un média qui est contre le pouvoir, et donc il faut nous museler. Alors je pense que ce sont ces médias qui sont mis aujourd’hui sous sanction.
Une situation de trop vous pensez? 
Avant nous, on a connu il y a plusieurs mois, une journée sans presse pour dénoncer ces restrictions dans notre pays. Et avant que nous notre site ne soit bloqué, guineematin avait aussi été victime. On a eu des informations comme quoi le site a été rétabli à la suite d’une plainte contre X qui a été déposée auprès de la HAC (Haute Autorité de la Communication). Aujourd’hui, on peut avoir accès à certaines informations de ce site mais chez nous non. L’administrateur peut accéder à partir de ses téléphones mais son ordinateur non. D’autres également arrivent à accéder, mais pour ceux qui connaissent la ligne éditoriale de cet autre média en ligne, c’est comparativement à la nôtre.
Êtes-vous surpris de ce qui est arrivé à votre média? 
Je pense que ce n’est pas surprenant que nous subissions cette même mesure qui a visé guinematin. De facto, il faut le dire que le pouvoir en place n’est pas prêt à garantir la liberté de la presse dans notre pays, parce que s’il faut censurer ou instruire des directives à des médias qui ne sont pas forcément dans votre esprit, que ne font pas votre éloge, qui ne sont pas dans les compromis avec vous, je pense que c’est très dangereux ce qui se passe »
Sâa Robert Koundouno
(+224) 620-546-653

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