Ponts de fortune à péage à Guéckédou: « c’est 500fg par passage » (administrateur)

Guéckédou, cette préfecture de la région forestière, qui a connu la guerre en  2000, suite à une attaque rebelle, peine encore à se relever.

Au cœur de la ville, les habitants des quartiers Nyalenko, Bafilaben et autres qui ne veulent pas emprunter le grand pont, appelé double-pont, passent par une rivière appelée Boya.

Sur ce cours d’eau qui mène vers le marché, des personnes ont dressé cinq ponts en bois, renforcés un peu avec des barres de fer.
Par curiosité, la rédaction de Mediaguinee, s’est approchée de Mohamed Bhoye Diallo, un administrateur qui était assis dans une petite cabane, construite en bois, qui lui sert de bureau, à l’intérieur duquel se trouve une petite planche, que les passants tirent pour pouvoir accéder à l’autre côté .
Juste à  notre arrivée, un groupe de femmes qui partaient au marché nous ont trouvée là. Elles nous ont dit qu’à chaque passage sur l’un de ces ponts, les usagers versent cinq cents francs guinéens (500fg),

à l’administration du pont, a confié  Aissatou Barry, domicilée à Bafilaben.

« On passe par là mais il n’y a pas de route. C’est ici qui est plus proche de nous, mais la route là n’est pas garantie,à chaque l’eau emporte les bois du pont, nous en souffrons beaucoup. Il y a plusieurs quartiers qui utilisent ce pont. En tout, nous avons 5 ponts, plus le grand maintenant.  Nous payons 500fg à chaque fois on passe ,donc aller-retour, mille francs guinéens (1000fg). Nous demandons aux autorités de nous aider pour les routes. Aujourd’hui, nos enfants, quand on les envoie en commission, on est obligé de payer la même somme pour eux. Quand la pluie tombe, on est obligé de passer par le grand pont, et pourtant, c’est ici qui est plus proche de nous », a-t-elle relaté.

Quant à Mamadou Bhoye Diallo, l’administrateur de l’un des ponts que nous avons eu à visiter, il a laissé entendre que ces ponts ne sont pas une œuvre des autorités administratives de Guéckédou, mais plutôt c’est une initiative venue d’un citoyen. « Moi on m’a envoyé ici pour réclamer de l’argent aux passants.Celui qui passe, doit payer cinq cents francs guinéens (500fg) et quand il repasse encore, il paye 500fg. Ce n’est pas l’Etat qui m’a envoyé ici, ce sont les sages de la mosquée qui m’ont envoyé ici. L’initiative est venue d’un monsieur qui vit aujourd’hui à Conakry. A l’époque il y avait des pirogues ici.Un jour il quittait ici pour aller enseigner,quand il a trouvé le propriétaire de la pirogue, il avait 5000 fg avec lui. Le monsieur a demandé au piroguier de lui restituer la monnaie, celui a dit qu’il n’a pas de monnaie. Alors l’homme lui a dit de lui laisser payer au retour. Là aussi il a refusé. C’est ainsi le monsieur lui a donné l’argent,il l’a fait traverser. Le soir en rentrant, il est venu reprendre sa monnaie. Le monsieur s’est donc inspiré de cette action pour faire ce pont. Mais ces ponts sont très utiles à la population. Tous ceux qui sont dans les quartiers d’ici,qui n’ont pas un moyen de déplacement passent par ce pont. La rivière s’appelle Bohiya .Je ne sais pas à quoi sert l’argent qui rentre ici. Moi on m’a juste dit de venir réclamer l’argent, le reste je ne sais pas », a-t-il expliqué.

Cependant, il faut souligner que ces ponts à péage, servent de raccourci aux citoyens qui ne veulent pas parcourir une longue distance  pour aller au marché en passant par le grand pont.