Cité à comparaître devant le tribunal correctionnel de Dixinn, par les leaders du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) pour dénonciation calomnieuse, diffamation publique, injures, violence et voie de fait et abus d’autorité, les avocats du ministre de la justice ont dès l’ouverture de l’audience de ce vendredi 23 juin, au tribunal de Dixinn délocalisé dans l’enceinte de la Cour d’Appel de Conakry, soulevé des exceptions sur l’incompétence du tribunal à juger ce dossier. Ils soulignent par conséquent que seule la Haute Cour de Justice est compétente.
Au sortir de cette première comparution, le Garde des Sceaux, Ministre de Justice et des Droits explique la raison pour laquelle il a répondu à cette citation. « Nous sommes en période de transition où M. le président a pris l’engagement devant la communauté nationale et internationale que sa gouvernance n’a et n’aura pour boussole que la justice. Aujourd’hui je suis le garant de cette institution judiciaire, ce qui veut dire a priori comme je l’ai toujours dit et pour rester en cohérence avec cette position de dire que nul n’est au-dessus de la loi… », a-t-il précisé.
Poursuivant, il dira: « Nous sommes contents que cela puisse servir d’exemple à tout le monde qu’en Guinée plus que jamais nul n’est au-dessus de la loi (…) Mais laissez-moi vous dire une seule chose c’est qu’un ministre de la République n’est pas justiciable devant un tribunal de première instance, un magistrat de surcroît n’est pas justiciable devant un tribunal de première instance. Mais pourquoi on est venu alors connaissant tout ça ? C’est parce que la loi dit que toute personne citée à tort ou à raison à l’obligation de venir. Nous quand même c’est pour respecter cette obligation légale qu’on s’est dit qu’on est respectueux des lois de la République, on ne peut pas nous citer même si c’est à tort avec tout ces propos imputables parce que nous nous réservons le droit de nous retourner contre qui que ce soit qui aurait tenu des propos mensongers. Ça c’est formel là-dessus, qu’on ne pense pas que cela soit de l’acharnement. Il faut que tout le monde soit soumis à la même loi ».
À en croire l’ex procureur général près la Cour d’Appel, tous les citoyens ont le devoir de répondre aux conventions à tort ou raison. « Quand on est cité, on est tenu de comparaître, que ce qu’on dise de vous, que ça soit vrai ou faux. Je veux que chaque Guinéen cultive ça, c’est cette exemplarité que je veux donner à la Guinée. Il faut que, à tort ou à raison quand on vous dit de venir, ne dites pas je ne viens pas. Non, venez! Cela fait partie de la culture citoyenne ».
Le magistrat et ministre de la Justice a rappelé que c’est la première fois dans l’histoire de la Guinée qu’on poursuit un magistrat pour des faits de poursuites. Parce que, dit-il, « les magistrats de ministère public n’ont pour attribution que la poursuite des Infractions et lorsqu’ils poursuivent les infractions, ils sont couverts par le statut d’irresponsabilité. C’est la première fois dans l’histoire où des décisions qui sont frappées d’Appel ont fait dénonciation calomnieuse. Je demande à Me Salifou Beavogui de revoir ses cours, il a besoin quand même en toute honnêteté et en tout professionnalisme. Quand on est auxiliaire de justice on doit aider la justice. On doit être des conseils pour les parties mais pour eux quand Charles va comparaître c’est une victoire pour eux, c’est une victoire pour la justice, c’est une victoire pour nos institutions ».
Pour finir, Alphonse Charles Wright a laissé entendre que cela ne l’ébranle nullement pas, ce n’est même pas un débat. « J’ai confiance à nos institutions judiciaires ».
Pour donner une suite à cette procédure, le président du tribunal Ibrahima Sory 2 Kankan renvoie la prochaine audience au 3 juillet pour trancher sur les exceptions soulevées par les avocats de la défense.
Mamadou Yaya Barry
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