ANALYSE. Faut-il désespérer des Forces vives de Guinée ?

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« Ceux qui peignent les paysages se tiennent dans la plaine pour considérer la forme des montagnes et des lieux élevés ; et pour examiner les lieux bas, il se juchent sur les sommets. De même, pour bien connaître la nature des peuples, il faut être prince ; et pour connaître les princes, être du peuple » (Nicolas Machiavel, Le Prince)
Il a fallu réveiller les bonnes vieilles rancœurs entre le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et de l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (ANAD), Cellou Dalein Diallo, et celui du Rassemblement du peuple de Guinée Arc en Ciel (RPG-AEC), Alpha Condé, pour que la marche tant redoutée par la junte militaire au pouvoir en Guinée vire en eau de boudin.
Non pas que l’Union des Forces Républicaines (UFR) et ses alliés, le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) ou encore le Forum des forces sociales de Guinée (FFSG) comptent pour du beurre, mais le nœud du problème qui s’est posé au Forces vives de Guinée (FVG) est entre les mains des deux « intimes ennemis » les plus célèbres de la République.
C’est à croire (naïvement) que la politique n’est plus une question de rapport de forces et que le point de vue d’une partie de ce qui a été pompeusement baptisé « Forces vives de Guinée » n’était en réalité qu’un tigre en papier dont les membres étaient plus préoccupés par leur agenda personnel que par une vision commune visant à trouver une solution sérieuse à la crise sociopolitique actuelle.
On pourra toujours cogiter sur l’opportunité ou non de l’organisation d’une telle manifestation, ressasser les risques et les facteurs potentiels de violence, s’interroger sur la pertinence de la démarche des responsables religieux, anticiper sur l’échec (prévisible) de cet embryon de « vrai dialogue », ou encore s’émouvoir des déclarations tapageuses de ceux-là qui, en l’espace d’une transition, n’éprouvent aucune gêne à jouer le rôle de perroquets de service, il n’en demeure pas moins que les dysfonctionnements constatés durant cette période d’exception sont de plus en plus criards.
Les FVG devront peut-être expliquer un jour pourquoi leurs voix ne deviennent audibles que quand il s’agit de lutte immédiate pour le pouvoir, et surtout pourquoi leurs leaders les plus connus deviennent subitement aphones quand il s’agit de dénoncer les conditions inacceptables de déguerpissement de familles entières, abandonnées à leur sort par un Etat qui a pourtant le devoir de les protéger, de fustiger les décisions et déclarations hasardeuses autour d’importants projets miniers, de mettre en garde contre la hausse insupportable de l’impôt minimum forfaitaire pour les entreprises locales (qu’elles soient moyennes ou grandes), laissant poindre des risques sur l’emploi, ou encore de pointer du doigt les problèmes évidents et récurrents du système éducatif, avec les mêmes méthodes approximatives – qui ne sauraient être effacées par des caméras de surveillance ! -, etc.
Certes, comparer ce groupe des FVG, constitué de mastodontes de la politique guinéenne à des nains de jardins, danseurs du ventre devant l’éternel, sans militants, sans moyens, sans programme et sans idées novatrices, est une hérésie qu’une entreprise désespérée de communication (pour se convaincre soi-même ?) ne saurait donner un sens.
Mais il est évident que tant que les FVG ne prendront pas la mesure de leur responsabilité face à l’histoire d’un pays dont elles ont (hélas !) contribué à affaisser morale et éthique, valeurs et coutumes, elles continueront à tourner en rond pour offrir un spectacle aussi pathétique qu’une bagarre nocturne de groupies éconduites.
Pour des personnalités qui ont la prétention de gérer les préoccupations des millions de leurs compatriotes, le minimum serait quand même de savoir se placer au-dessus de leurs querelles crypto-personnelles.
Cette posture, plus qu’un simple réflexe de survie dans un contexte où les « vieux » et les fonctionnaires « non recyclables » (il parait qu’il y en a eu certains qui ont eu de la « chance » !) se demandent à quel saint se vouer, permettrait d’aller de l’avant loin du bavardage inutile, des jérémiades et autres attaques personnelles qui biaisent le débat en cours.
En attendant un « miracle », on croise les doigts, le temps de voir où cette « stratégie » chaotique va conduire ceux qui lorgnent (uniquement) sur le fauteuil présidentiel. Franchement désespérant !
Oumar Camara

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