A Labé, le communiqué du CNRD annonçant l’arrêt momentané des opérations de récupération des domaines de l’Etat est bien accueilli par les citoyens. Dans les quartiers Tata 1 et Nadhel, les plus concernés par ces opérations, les présidents des conseils de quartiers restent cependant convaincus que l’État se trompe de cible. Pour le président du conseil de quartier de Nadhel, une localité située à plus de 7 km du centre-ville, en périphérie du camp Elhadj Oumar Tall, il n’est secret pour personne, que déguerpir des citoyens pendant la saison hivernale est formellement interdit par les lois guinéennes. C’est pourquoi, il se réjouit de cette décision prise par le CNRD, avant de lui rappeler, en ce qui concerne son quartier, que la situation est totalement différente.
« L’essentiel est que dans mon quartier, le camp est venu nous trouver. Il y a assez de bâtiments du camp qui sont nos bâtiments. C’est là où habitaient nos papas. Le cimetière qui est là, c’est nos parents qui sont couchés là-bas, ils pouvaient agrandir le camp en se référant à la localité. La partie qu’ils ont prise, c’est une partie que nos parents occupaient. C’est là-bas qu’on cultivait », rappelle Mamadou Tanou Nadhel Diallo.
Même son de cloche chez le chef quartier de Tata 1, qui nous a confié que les citoyens ciblés dans sa juridiction sont là depuis plus de 40 ans. Et si certains ont bénéficié du décret du père de l’indépendance, d’autres ont acheté leurs terrains des mains d’anciens dignitaires.
« Au départ, ils avaient une mauvaise information par rapport à tous ces domaines-là. Par exemple, le domaine qu’on appelait la Villa Syli, c’est un domaine qui a été morcelé par les autorités, ils ont attribué les parcelles aux fonctionnaires qui étaient là. Ceux qui ne sont pas de Labé, ils ont revendu les parcelles ils sont partis. Dr. Algassimou, lui, il a un décret du président Ahmed Seckou Touré, qui a été signé en 1980. Tous les autres dossiers datent de 1984 à 1987. C’est les administrateurs d’alors qui ont signé tous ces documents, c’est-à-dire qu’ ils sont propriétaires des domaines », nous confie Thierno Abdoulaye Diallo.
Poursuivant, le chef quartier de Tata 1 déclare que la suspension de la démolition des habitations contribuera à la préservation de la paix.
« A Tata, tous les concernés sont munis de dossiers légaux délivrés par les autorités compétentes. Donc pouvoir dire à ces gens de déguerpir, je crois que ça ne sera pas facile pour les autorités. Et les autorités nous ont compris. C’est pourquoi le communiqué du gouvernement va dans le sens de l’apaisement », renchérit Thierno Abdoulaye Diallo.
Revenant à la charge, le président du conseil de quartier de Nadhel lance un appel à l’endroit du CNRD en ces termes : « tout ce qui appartient à l’Etat, on ne dit pas qu’ils ne vont pas récupérer, mais ce qui n’appartient pas à l’Etat, de faire la part des choses ».
A noter que même si la démolition des habitations est pour le moment suspendue, d’après le communiqué du CNRD, l’identification et le marquage des domaines, ainsi que la libération des emprises vont se poursuivre.
Tidiane Diallo, correspondant régional à Labé
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