Les carences linguistiques des diplomates guinéens dans les pays non-francophones

0

Obtenez des mises à jour en temps réel directement sur votre appareil, abonnez-vous maintenant.

đź”´Par Ibrahim MansarĂ©đź”´La maĂ®trise de la langue du pays oĂą l’on se trouve est très importante pour tout professionnel, notamment les diplomates dont une bonne partie du travail se fait en coulisses. La GuinĂ©e dispose des missions diplomatiques et consulaires dans plus d’une quarantaine de pays Ă  travers le monde. Un bon nombre de ces pays ne pratiquent pas le français, car ils sont anglophones, lusophones ou arabophones, etc. Il se trouve que plusieurs diplomates guinĂ©ens envoyĂ©s dans ces pays ne maĂ®trisent pas les langues principales de communication de ces pays. Avec des effets nĂ©fastes sur leur efficacitĂ©. Cette tribune se focalise sur le cas des pays arabes.

Le diplomate doit s’assurer qu’il a les aptitudes professionnelles et linguistiques nĂ©cessaires pour communiquer avec son environnement. Communiquer est vital, Ă©changer est important, et la langue est le premier vecteur de la communication. Pour ce faire, le diplomate doit comprendre la langue du pays d’accueil afin de pouvoir collecter les informations, dĂ©fendre les intĂ©rĂŞts et attirer les investissements vers son pays de manière indĂ©pendante et efficace.

C’est pourquoi, les pays avertis en diplomatie se positionnent et impriment leur marque sur l’Ă©chiquier mondial Ă  travers une bonne diplomatie culturelle et Ă©conomique. En clair, la langue porte la culture de l’autre, elle est aussi bien nĂ©cessaire pour la communication stratĂ©gique, la recherche d’informations opĂ©rationnelles et les nĂ©gociations pour le diplomate.
Aujourd’hui, le monde change, la diplomatie Ă©volue. Ă€ l’ère actuelle, la diplomatie repose sur la comprĂ©hension d’enjeux et de l’environnement d’ailleurs aussi l’espionnage, nos diplomates devraient s’inspirer du management des entreprises, la meilleure chance est donnĂ©e pour mieux vendre ses offres en termes de service et produit par la maĂ®trise de la langue du client, est-ce le cas des diplomates guinĂ©ens dans les pays arabes ? Pourtant, « la langue est un fait social, c’est ce qui nous lie Ă  l’autre Â» selon P. Wald (2012).


A cet égard, selon les spécialistes, les relations diplomatiques de la Guinée avec le monde arabe peuvent être analysées à trois dimensions :


        i. La dimension panafricaniste : qui avait pour source le groupe de Monrovia (GuinĂ©e, AlgĂ©rie, Maroc et Libye) avait servi de base Ă  la crĂ©ation de l’OUA dans les annĂ©es soixante.


      ii.  La dimension religieuse :  qui s’est manifestĂ©e au plus haut niveau sous le premier rĂ©gime qui a Ă©tabli et entretenu de relations privilĂ©giĂ©es avec le monde musulman. De nombreuses visites d’Etat effectuĂ©es par le prĂ©sident Ahmed SĂ©kou TOURÉ dans les pays arabes en font foi. Plus loin, ce dernier avait reçu le grade de docteur honoris causa de la plus grande universitĂ© islamique du monde arabe (Al-Azhar d’Égypte) pour son rĂ´le remarquable dans l’Organisation de la coopĂ©ration islamique (OCI). Ainsi les organisations islamiques comme Organisation du monde islamique pour l’Ă©ducation, les sciences et la culture (ISESCO), et la Banque Islamique de dĂ©veloppement etc.
    iii.  Dimension tiers-mondiste ou sud-sud, c’est le Groupe des 77 + la Chine ou le Mouvement des Non-alignĂ©s (MNA).

D’autre côté, il faut rappeler que nous avons huit (08) représentations diplomatiques dans les pays arabes, et de nombreux partenariats avec les autres pays arabes et musulmans.
Force est d’affirmer que la langue du pays d’accueil dans la diplomatie est une nĂ©cessitĂ© et atouts, c’est-Ă -dire la nĂ©cessitĂ© du bilinguisme comme outil de travail et communication incontournable. Les diplomates guinĂ©ens dans les pays arabes sont en majoritĂ© pour ne pas dire tous sont des cadres francophones qui ne parlent pas la langue arabe et qui ne maĂ®trisent pas forcĂ©ment la culture arabe. Cette ignorance impacte nĂ©gativement leur performance en rĂ©alitĂ©. En confirmant cette Ă©vidence, Ladouceur (2008), dit : « la capacitĂ© de fonctionner dans la langue favorise les affaires Ă  l’échelle mondiale et comporte des avantages indiscutables. Sur la scène internationale Â».

En plus, un ambassadeur doit être armé sur le plan linguistique, culturel et social. En résumé, maîtriser son pays d’hôte sur tous les plans.
Par ailleurs, pour booster la politique Ă©trangère de la GuinĂ©e dans le monde arabe, il faut renverser cette tendance et rendre les rĂ´les des cadres arabophones primordiaux dans la diplomatie guinĂ©enne aux pays arabes. Cela, doit ĂŞtre priorisĂ© par les nouvelles autorisĂ©s afin de multiplier les coopĂ©rations bilatĂ©rales / multilatĂ©rales, dans plusieurs domaines, (Ă©conomique, formation, dĂ©fense et culture, etc.) Ă  l’ère de la mondialisation avec le monde arabe et  en tenant compte particulièrement de la montĂ© des nouvelles puissances Ă©conomiques dont certains pays islamique et arabes.
Nous sollicitons auprès des nouvelles autoritĂ©s que nos diplomates dans ces pays arabes soient des diplomates arabophones pĂ©tris d’esprit d’analyse et de synthèse, armĂ©s de la connaissance de ces pays arabes. Car le diplomate doit faire preuve d’une excellente capacitĂ© de communication. Celui-ci doit ĂŞtre une personne Ă©minemment rĂ©aliste bilingue, capable de prendre des responsabilitĂ©s et de travailler en Ă©quipe dans un environnement et enjeux qu’il maĂ®trise fondamentalement.
Toutefois, il est temps de permettre à ces filles et fils de parcours universitaire en langue arabe qui sont des cadres chevronnés dans nombreux domaines au-delà de l’étude islamique de participer activement au sein de nos représentations diplomatiques pour redorer et renforcer notre politique étrangère pour attirer les investissements publics privés du monde arabe dans le cadre de développement de notre patrie.
Il sied, que nous pouvons dĂ©sormais profiter de nos relations historiques privilĂ©giĂ©es avec le monde arabe afin de consolider et renforcer notre coopĂ©ration sur l’axe Ă©conomique.  Attirer les fonds de ces pays arabes amis pour construire notre pays et dans les domaines.

En somme, le diplomate doit s’occuper principalement Ă  des activitĂ©s de reprĂ©sentation, de nĂ©goce et de rĂ©daction des rapports des actions de coopĂ©ration bi et multilatĂ©rale, de politique gĂ©nĂ©rale et de diffusion de la culture dans son pays d’affectation suivant la feuille de route arrĂŞtĂ©e par son pays d’origine mais comment en faire sans connaissance de ce pays ! Les cadres arabophones guinĂ©ens diplĂ´mĂ©s des meilleures universitĂ©s arabes dans tous les domaines ne sont-ils pas une chance pour la diplomatie guinĂ©enne dans le monde arabe ?

      MANSARE Ibrahim

–          Consultant en la Finance Islamique

–          Porte-parole de l’Union des Ecoles Franco-Arabes de GuinĂ©e

Courriel : ibramansaren@gmail.com

Obtenez des mises à jour en temps réel directement sur votre appareil, abonnez-vous maintenant.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus

Open chat
Mediaguinee.com
Avez-vous une information Ă  partager?
Besoin d'un renseignement?
Contactez Mediaguinee.com sur WhatsApp