Portrait. De l’EMIA au Secrétariat général de la Présidence, le parcours élogieux du colonel Amara Camara
Au lendemain de la mise en place d’une charte et cinq jours après sa prestation de serment comme président de la Transition, Chef de l’Etat et président de la République, le colonel Mamadi Doumbouya a posé ce mercredi 6 septembre deux actes fondateurs majeurs de cette période Transitoire qui s’ouvre dans notre pays.
En procédant à la nomination de Mohamed Béavogui et du colonel Amara Camara respectivement aux postes de Premier ministre, Chef du gouvernement et de ministre Secrétaire général de la Présidence de la République, le tombeur du président Alpha Condé, outre sa personne, vient de dévoiler les visages de ses deux plus proches collaborateurs à la tête de l’Exécutif.
Si le premier est relativement connu par les Guinéens en tant que fonctionnaire international ayant servi pendant plusieurs décennies au sein du Système des Nations Unies, le deuxième, lui, n’a été révélé à l’opinion nationale et internationale qu’à la faveur du putsch du Comité National du Redressement pour le Développement (CNRD) qui a, sous la direction du colonel Mamadi Doumbouya, renversé le régime d’Alpha Condé le dimanche 5 septembre dernier.
Il a été l’un des tout premiers officiers supérieurs du CNRD à apparaître en tant que porte-parole de fait à l’écran de la télévision nationale après la lecture de déclaration de prise de pouvoir par le Colonel Doumbouya qui était jusque-là le commandant du Groupement des Forces Spéciales, cette unité d’élite de l’armée guinéenne chargée de lutter contre le terrorisme.
Qui est donc cet officier considéré comme faisant partie de la nouvelle élite de l’Armée guinéenne ?
Titulaire d’un brevet d’école de guerre de Paris-France (promotion Verdun) depuis juin 2016, cet officier supérieur, marié et père de quatre enfants, est né un 22 novembre 1984 à Banankoro, la capitale par excellence du diamant en Guinée, dans la préfecture de Kérouané en région des Savanes, au sud-est de Conakry.
Ayant intégré les rangs des Forces Armées guinéennes (FAG) dès le 1er janvier 2003, alors qu’il n’avait que 19 ans, le colonel Camara présente une exceptionnelle carrière militaire dont la durée correspond à peu près aujourd’hui à l’âge qu’il avait en 2003. En moins de deux décennies de parcours professionnel, ce jeune et brillant officier, n’a cessé de collectionner des titres, diplômes et exploits aussi bien dans les salles de formation que sur les théâtres d’opérations militaires entre la Guinée, le Maroc, le Gabon, le Mali et la France.
Expert certifié de la défense en management, commandement et stratégie, colonel Amara Camara est un ancien chercheur à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE-Sorbonne) où il a décroché son Master 2 en sciences humaines et sociales spécialité Europe moderne et contemporaine : religions, cultures et politiques.
Riches de ces expériences militaires, il dirigera pendant 13 mois (du 24 août 2017 au 21 septembre 2018) en sa qualité de commandant adjoint du bataillon guinéen (Gangan 3) à Kidal, les activités opérationnelles sans enregistrer le moindre décès au combat.
Le 20 septembre 2017, le camp de la MINUSMA est la cible d’une ‘’attaque complexe’’ aux armes lourdes (roquettes, mortiers et des tirs au sol). Les militaires de la MINUSMA, y compris le contingent guinéen, organisent via la mission du GUIBATT3, placée sous la coordination du colonel Camara, la traque des assaillants terroristes. Il mène avec succès ces opérations de ratissage. Ce qui lui vaudra une lettre de félicitation du Haut commandant de la force MINUSMA pour l’ensemble de ses actions pendant ces opérations.
Très tôt, le jeune Camara fera une entrée remarquable dans la prestigieuse EMIA comme officier chargé des moyens généraux entre 2007 et 2008. Depuis, l’officier y a gravi tous les échelons.
-De 2010 à 2011, il est nommé commandant des promotions à l’EMIA,
-De 2012 à 2015, l’officier est promu Directeur des études par intérim,
-De juillet 2016 à janvier 2019, il occupe le poste de Directeur adjoint des organismes de formation interarmées (DOFI),
Dès 2019, il assume les fonctions de Directeur par intérim de l’EMIA. Un an après, en raison de la qualité managériale dont il a fait montre depuis qu’il assure l’intérim à la tête de cette prestigieuse école, colonel Camara est finalement confirmé à son poste de Directeur.
De 2009 à 2016, l’officier, en quête permanente du savoir, de formation et de la perfection, suit des cours d’application des chefs de sections d’infanterie à l’école royale d’infanterie au Royaume du Maroc.
Diplômé en 2011 du cours de formation des futurs commandants d’unités, Amara Camara mettra le cap sur Libreville, au Gabon (Promotion Alassane Ouattara) pour passer entre 2012-13 le premier degré du diplôme de l’enseignement militaire supérieur (EMS1). Un cursus qu’il bouclera en décrochant avec brio le diplôme de l’enseignement militaire supérieur de second degré (EMS2) à la célèbre école de guerre de Paris.
En termes d’avancement en grades, Amara Camara est depuis le 1er novembre 2006, sous-lieutenant, Lieutenant, deux ans plus tard. En décembre 2009, il devient capitaine et commandant en 2010. En décembre 2013, il passe lieutenant-colonel puis colonel, 4 ans après (en 2017).
C’est donc sur cet officier supérieur de l’armée de terre guinéenne, réputé très loyal, rigoureux et perfectionniste à souhait, également rompu à la tâche administrative que le colonel président Mamadi Doumbouya a jeté, sans surprise, son dévolu pour occuper désormais le très stratégique poste de ministre Secrétaire général de la Présidence de la République.
Depuis l’avènement du coup d’Etat, le taiseux et discret officier est apparu comme l’un des fidèles compagnons et proche collaborateur du colosse président au béret rouge du CNRD. Il est, tel l’homme et son ombre, de tous ses déplacements et activités sur le terrain. Investi de la confiance du président de la Transition, le désormais ancien Porte-parole du CNRD et ancien Directeur de l’EMIA, le colonel Amara Camara s’était récemment et discrètement rendu à Abidjan pour porter au président ivoirien un message de la junte. C’est à lui qu’incombe le lourd et exaltant rôle de ‘’Gardien du temple Mohammed V’’ auprès du colonel président de la Transition Mamadi Doumbouya tout au long de cette mission de tous les espoirs et espérances dans l’histoire de la Guinée.