Le président ivoirien Alassane Ouattara, qui brigue un troisième mandat controversé, a lancé sa campagne en vue de la présidentielle du 31 octobre vendredi à Bouaké, deuxième ville du pays (centre) et ancienne capitale de la rébellion, devant plusieurs milliers de personnes.
L’opposition, qui accuse notamment la Commission électorale indépendante (CEI) et le Conseil constitutionnel d’être « inféodés » au pouvoir, a annoncé jeudi, jour de l’ouverture officielle de la campagne électorale, boycotter le « processus électoral » sans toutefois se retirer complètement du scrutin.
Après avoir appelé à la « désobéissance civile », l’opposition, qui se rapproche de plus en plus d’un boycott complet, demande au pouvoir des discussions sur le scrutin.
« L’opposition a peur d’aller aux élections. S’ils sont +garçons+ (courageux, ndlr), qu’ils aillent aux élections et les Ivoiriens vont nous départager, au lieu de rester dans leurs salons climatisés à blaguer le peuple. Ils n’ont qu’à venir. On va les battre. Ils savent que c’est Ado le meilleur candidat » a déclaré Alassane Ouattara, 78 ans, reprenant ainsi son slogan de campagne « le meilleur ».
« Ils n’ont qu’à arrêter de raconter les histoires, la CEI est très indépendante… Donc le 31 octobre, allez-y voter massivement pour une nouvelle victoire du président ADO (Alassane Dramane Ouattara) », a-t-il lancé.
Un peu plus tôt dans la journée, le président s’était exprimé devant quelque 500 chefs traditionnels de la région.
« A quelques semaines des élections, j’entends les gens dire qu’il faut un dialogue, un dialogue pour faire quoi ? Nous avons des institutions, ces institutions ont décidé que nous serons quatre candidats », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il compte se déplacer dans le pays « pour prêcher la bonne parole ».
« La Côte d’Ivoire a besoin de paix, si quelqu’un veut être président qu’il se présente aux élections », a-t-il poursuivi.
Le Conseil constitutionnel a rejeté le 14 septembre la candidature de l’ex-chef rebelle et ancien Premier ministre Guillaume Soro, ainsi que celles de l’ancien président Laurent Gbagbo et 38 autres candidats, mais a validé celle du président Alassane Ouattara.
Outre M. Ouattara, l’ancien président Henri Konan Bédié, Pascal Affi N’Guessan l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo et l’ancien député Kouadio Konan Bertin sont en lice.
Elu en 2010, réélu en 2015, M. Ouattara avait annoncé en mars renoncer à briguer un troisième mandat, avant de changer d’avis en août après le décès de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
La loi ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’avec la nouvelle Constitution de 2016, le compteur des mandats de M. Ouattara est remis à zéro, ce que conteste farouchement l’opposition.
Vendredi, l’opposition a réitéré son appel à la désobéissance civile, « un acte de résistance contre ce coup d’Etat électoral », selon Pascal Affi N’Guessan. « Nous sommes candidats à une élection présidentielle, la vraie, pas ce simulacre », a-t-il dit.
Des incidents avec des manifestants qui ont bloqué des voies routières ont eu lieu à Abidjan et dans l’intérieur du pays.
AFP