Kiridi Bangoura cadre Umaro Embalo : ‘’nous n’avons ni agenda économique ni ambition politique à Bissau’’
Aux agitations répétées du nouveau président élu de Guinée-Bissau le général Umaro El Mokhtar Sissoco Embalo contre le président Alpha Condé, le ministre d’Etat, secrétaire général à la Présidence de la république a opposé la pondération. Dans une interview exclusive qu’il a accordée au site d’informations Verite224, Naby Youssouf Kiridi Bangoura, également le représentant du médiateur dans la crise à Bissau a remis la crise dans ce petit Etat d’Afrique de l’Ouest dans son contexte…
Question : La Guinée a dirigé la médiation en Guinée-Bissau. Aujourd’hui, la présidentielle qui vient de se tenir la semaine dernière est l’aboutissement d’une phase importante qui a été accomplie. Pourtant, beaucoup ont été surpris d’entendre des propos du nouveau président élu, une forme de ressentiment, peut-être de rancœur contre le régime de Conakry. Comment vous avez réagi à cela ?
Kiridi Bangoura : vous savez le médiateur désigné par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le professeur Alpha Condé que je représente dans cet exercice a donné comme terme de référence dès le début de respecter les parties en conflit en Guinée-Bissau, de ne ni nourrir la polémique ni n’oublier les engagements historiques entre nos deux peuples. Nous ne répondons pas à la polémique interne à Bissau. Mais nous sommes très heureux grâce à la conférence des partis politiques de Guinée-Bissau la médiation de la CEDEAO conduite par le Pr. Alpha Condé et aboutir d’abord à l’organisation des élections législatives et maintenant à l’organisation de l’élection présidentielle.
Après il reste deux étapes importantes pour ce pays frère : c’est la réforme de l’armée et la réforme de la constitution. De l’avis de tous les observateurs, la constitution comme elle est aujourd’hui est conflictogène. Elle produit instantanément de conflits entre le président de la République et le Premier ministre et bloque généralement le fonctionnement du législatif. Donc, nous sommes très heureux de cet aboutissement, nous attendons la confirmation des résultats par la Cour suprême de Guinée-Bissau. Et la Guinée comme en 1959, à la création du PAIGC à Conakry, comme en 1970 à la mise en place du Front de libération de la Guinée-Bissau par les forces armées de la République de Guinée, la Guinée comme toujours avec l’engagement du Pr. Alpha Condé depuis qu’il est aux affaires, nous sommes un pays frère de la Guinée-Bissau et nous n’y avons ni un agenda économique ni ambition politique
Avec l’arrivée des nouvelles autorités, par où commencer en Guinée-Bissau ?
Vous savez l’avantage que nous avons en Guinée-Bissau aujourd’hui, c’est que le fonctionnement de la médiation est tracé par les accords de Conakry. Tous les acteurs politiques de la Guinée-Bissau en 2016 ont signé un accord qui fixait les objectifs. On a atteint deux objectifs assez notables et nous pensons que l’exécutif qui sera mis en place en rapport avec l’Assemblée nationale confirmera les priorités que le pays a choisies dans le cadre des accords de Conakry. Ceci avec l’accompagnement de la CEDEAO dont il faut rappeler des troupes sont présentes en Guinée-Bissau et assume la sécurité. Il faut féliciter ces troupes, ces forces de défense et de sécurité de la CEDEAO qui ont permis que le pays connaisse la paix et qu’on ait pu gérer une crise sans effusion de sang.
Qu’est-ce qu’il faudra faire pour réformer les institutions ?
Il faudra interroger très sincèrement la répartition des tâches au sein de l’exécutif entre le président de la République élu aux suffrages universels et le Premier ministre qui est l’émanation de la majorité parlementaire. Il faut trouver un système soit clairement présidentiel, soit clairement parlementaire mais sans conflit d’attribution entre le président de la République et le Premier ministre. Sur cela tous les acteurs à Bissau sont d’accord.
Il y aussi la problématique de la lutte contre la drogue…
C’est la problématique vitale pour la Guinée-Bissau parce qu’aucun ne peut résister à un tel niveau de financements souterrains du trafic de drogue. L’année dernière, la valeur monétaire sur les prises s’élevait à 800 millions d’euros. Les prises sont régulières, ce qui prouve que c’est un pays de passage important pour les trafiquants de drogue venus d’autres continents. Il est important que toutes les forces vives de la Guinée-Bissau politiques et sociales se donnent la main pour mettre fin aux trafics de drogue. Parce qu’avec le trafic de drogue aucun Etat de droit ne peut s’établir durablement, aucune gouvernance sérieuse ne peut être maintenue.
Quel appel lancez-vous à Domingos Simoes Pereira qui conteste les résultats de la présidentielle ?
Vous savez la position du médiateur est de respecter soi-même les règles. Dans l’état actuel des choses, les recours à la Cour suprême n’ont pas été vidés dans la forme et dans le fond. Nous ne pouvons pas nous prononcer. C’est quand la Cour suprême de la Guinée-Bissau aura pris position sur les résultats qui lui ont été transmis par la CENI que nous pourrons nous prononcer.