Il y a des personnes qui se rappellent toujours le millième but du roi Pelé pour rafraîchir les souvenirs d’une cinquantaine d’années toujours vivaces. A cette même époque, les Guinéens se rappelleront d’un évènement inoubliable : la première participation du Syli National à la Coupe d’Afrique des Nations (actuellement on dit CAN). Le Syli était revenu avec Maxime comme meilleur allié gauche du continent, Petit Sory comme meilleur allié droit d’Afrique, la Côte d’Ivoire avait eu le meilleur buteur de l’édition de Khartoum, et tenez-vous bien, malgré les querelles entre Sékou et Houphouët, une rencontre amicale a été organisée et cette pléiade s’était à cœur-joie produite devant nos yeux éblouis, au Stade du 28 septembre: Le meilleur allié gauche d’Afrique avait d’une frappe lourde battu le gardien ivoirien 1-0.
A cette époque, les commentaires allaient dans tous les sens sur le millième but de Pelé, qui n’était pas le vrai chiffre ; on parlait de plus de1200 buts, mais pour les besoins d’une cause inconnue, on a parlé de « mille matches, mille buts ». Parfois, le but symbole ou but-fétiche refuse d’entrer. La disette peut poursuivre le buteur pendant des mois.
Samuel Eto’o a connu exactement cela à Barcelone, quand le but qui devait faire de lui meilleur buteur d’une saison n’est jamais entré; Drogba aussi, nous semble-t-il, a connu cette sorte de ‘’spleen’’ du footballeur, quand il était à Chelsea.
Ce millième but tant attendu était une poisse pour Pelé, qui n’arrivait plus à toucher les filets depuis plusieurs matches. Et quand le défenseur des « Corinthians de Sao Paolo était venu lui tomber dessus « comme une charrette de briques… », ce sont les termes de Pelé lui-même, l’arbitre siffla le pénalty. C’était moche. Le gars Pelé avait une mauvaise expérience avec les penaltys, il avait juré de ne plus les tirer de sa vie, depuis qu’il avait loupé un pénalty décisif, lorsqu’il était tout nouveau et tout jeune joueur avec le club Santos. Pendant des jours et des jours, il en était tourmenté.
C’est dans ce cas qu’on apprécie le mental de Sadio Manè, qui s’est déprimé lors de la CAN en Egypte après avoir ‘’mangé deux penaltys’’, il les a digérés pour reprendre le flambeau à Mohamed Salah qui, lui, continue de sombrer après cette CAN manquée.
Pour Pelé, il s’agissait d’un but mythique, le millième, et qui refuse d’entrer. Il était exceptionnellement rare qu’il ne marquait pas dans un match, mais l’exception devenait petit à petit la règle. Il y avait des semaines qu’il ne marquait plus. La presse aussi s’en était mêlée pour qualifier ce pénalty de léger, mais Pelé l’a bien justifié dans son livre « Ma vie et ce Jeu merveilleux » comme dit plus haut. Superstitieux et incertain, son tir au ras du sol avait failli être arrêté par le gardien, qui l’avait touché…Tous ces détails sont dans son autobiographie. Etonnant que ces détails soient encore dans une mémoire qui s’en va…
A cette époque, le football avait encore une certaine éthique, même si « le football c’est la guerre » était véhiculé, même si certaines lois protectrices n’existaient pas encore pour rendre un peu plus ‘’civilisé’ le football, il n’y avait pas de vidéo et on jouait avec des ballons en cuir. En saison des pluies, le ballon trempé était lourd. rares étaient les défenseurs qui pouvaient dégager et dépasser la ligne médiane. Contrairement aux ballons allégés en synthétique qui glissent et vrillent entre les gants des gardiens du temps des Ahmad Ahmad… Encore lui !
Et puisqu’il s’agit de lui, il faut dire que depuis la création de la CAF, les phases finales de la Coupe d’Afrique des Nations se jouaient au mois de janvier, pour éviter les pluies, en zone tropicale. Mais quand Ahmad Ahmad arriva à la tête du football africain en remplacement de Issa Hayatou, il voulut s’attaquer à tout ce que l’autre a fait, comme Trump et Obama. Seulement il perdit le nord et les pédales pour décréter que les phases finales de la CAN se joueront désormais en Juillet, il fait décaler la CAN en année impaire, il augmente le nombre de participants de 16 à 24, sans réflexion. Il saura que plus le nombre de participants est grand, plus l’engouement diminue.
Puisque personne n’a trouvé à redire, la première CAN sous son ère s’est déroulée comme sur des roulettes en Egypte. On l’attendait de pieds fermes au tournant, mais le voilà qui s’est rendu tout seul à l’évidence, comme un grand, qu’en juin-juillet, le football est impraticable sous les tropiques. Avec le changement climatique observé cette année, cela eût été impossible cette année en Côte d’Ivoire, au Cameroun, en Guinée… (on remarque que même les fruits ont changé de goût, ils sont moins sucrés tellement il a plu…). Même le président de la CAF s’en est rendu compte. Mais à quelle période, encore ?
Mais pour autant, il ne faut pas considérer Ahmad Ahmad comme un fumiste. Une faute aussitôt reconnue galamment et gaillardement est à moitié pardonnée. Il a été courageux de se dédire en moins d’une saison.
Quelle sera la prochaine gaffe ?
Par ailleurs, par ici, le Stade de Nongo ou stade de l’amitié sino-guinéen a été baptisé Stade Lansana Conté. Qui l’eût cru ? Qui a eu l’idée en soit remercié, c’est une juste reconnaissance comme Sèkhoutouréya. Cette particularité est propre aux présidents guinéens de reconnaître leur prédécesseur.
Ce Stade était en souffrance, comme la RTG Koloma, il a été achevé à la hâte pour accueillir à la hâte le tournoi de l’UFOA des U-20, sans être à point. La partie guinéenne n’étant pas à mesure de terminer sa part de travaux.
Quand les gens parlaient de la lenteur de Lansana Conté, il leur disait qu’il a envoyé le caméléon chercher de l’eau. Le stade de l’amitié sino-guinéen commencé en son temps n’a été achevé que vers la fin de mandat de Alpha Condé. Sans Antonio Souaré, ce stade allait tomber en morceaux sans que personne ne s’en soucie. Mais comme tous les Guinéens, les Antonio Souaré ont attendu que l’eau leur arrive sous les pieds pour sauter, comme ceux qui ne commencent à dresser les chiens que le jour de la chasse, qui font aussi comme ceux qui n’apprennent à danser que le jour de la fête, il va s’en dire qu’ils danseront mal. Et tout ça par manque de moyen.
Une remarque à l’intention des Etats africains et des instances des sports internationaux
Il y a trop de compétitions sportives budgétivores ! Les économies des pays ne pourront pas suivre le rythme : Football de plage, football Maracana, coupe du monde dans toutes les catégories, CAN des seniors, juniors, cadets, filles, compétitions des clubs, tournois des politiques et des bossus mais rien pour les troisièmâgeux. Ne le faut-il pas pour voir les mirontons revenir sur les terrains, avec dopage autorisé pour cette catégorie des papis et papillons ?
Rien que dans le football, les compétitions toutes catégories absorbent une grande partie de l’économie des pays africains fragiles, sans compter ce qui se passe aux J.O avec toutes sortes de disciplines.
On a entendu que la Côte d’Ivoire a ‘’esquinté’’ le Rwanda en Rugby (69-3, ou combien-là ?). Le Rwanda avait-il une équipe de rugby en bonne et due forme, ou il n’a fait que figurer dans une compétition jusqu’à présent inconnue sur le continent ? La Guinée aussi est allée ré-apprendre le cyclisme délaissé depuis des décennies par faute de moyen, alors que les ordures inondent Conakry avec le pourrissement des produits agricoles périssables à cause du manque de routes praticables, par faute de moyen de les remettre en état. Mais s’il n’y a pas de route, comment les cyclistes guinéens vont-ils se mettre en valeur ? Un cercle vicieux ! D’ailleurs, quel a été le bilan des cyclistes guinéens à cette compétition, qui aura la fierté de le dire ?) Mais que dire de la multitude de compétitions qu’on ne peut même pas toutes ici les énumérer ?
Dans de telles conditions, les Etats des pays faibles s’efforcent de participer aux compétitions internationales sans conviction, sans préparatifs, pour un faire-valoir et une figuration dont le résultat n’est qu’humiliation et ouverture pour la fuite des muscles, cerveaux et talents.
Question : les pays ont-ils la latitude de ne pas participer à telle ou telle compétition sans encourir une sanction quelconque ? Pourquoi s’obstinent-ils à hurler avec les loups sans moyen et sans conviction ? « Qui trop embrasse mal étreint ». Et par-dessus le plancher, s’il y a malversations et détournements dans la gestion du football, pourquoi la FIFA, un peu trop prude, ne permet pas que les Etats vérifient la gestion de ce football ?
Pour le tournoi de l’UFOA, Antonio Souaré a mis les petits plats dans les grands pour donner un certain éclat à la compétition. Mais comme le président de la FEGUIFOOT et de l’UFOA aime la perfection, il s’est rendu compte que tout n’était pas au point, que tout était nouveau et beau sauf que la pelouse était parsemée d’herbes sauvages, nous semble-t-il, elle n’était pas tracée en bandes horizontales, très ébouriffée et mal ou même pas rasée.
Si celui qui parle ainsi, qui voit comme un miraud, en arrive à ce constat, José Mourinho n’aurait pas accepté de jouer sur un tel champ. On se rappelle que le nouveau coach de Tottenham, alors qu’il n’arrivait pas à vaincre du Barça, avait mis sa défaite sur le compte de la pelouse (trop arrosée ou pas assez tondue, sacré Mourinho! Mais les sahéliens comme les Mauritaniens et les Sénégalais étaient au paradis de jouer sur cette pelouse, quant aux Sierra léonais, ils ne plaindront jamais de quoi que ce soit en Guinée, même quand ils se font plumer par les Sénégalais, ils étaient bien contents de s’ébattre dessus, tant mieux.
Enfin, inauguration sans crémaillère, sans libation ?
Anecdote : Quand, en 1987-1988, si on ne s’emmêler pas dans les dates, Blaise Compaoré en visite à Conakry était venu avec une équipe de journalistes qui ont demandé de visiter le Stade du 28 Septembre (un stade colonial, soit dit en passant), un stade qui a porté loin, très loin son nom grâce aux exploits du Hafia FC et du Syli National qui se cherchent actuellement. Quel n’a été le désappointement des journalistes du Burkina Faso, quand ils ont foulé le « Temple du football guinéen », où les grandes victoires ont été obtenues ? On a même entendu un impertinent ne pas pouvoir contenir sa déception : « C’est ça, le Stade du 28 Septembre !? », on suppose qu’il s’attendait à voir les installations à la hauteur de l’Allianz Arena ou le Stade de France…
A présent qu’un stade digne du nom est mis en circulation un peu avant terme et que le Syli est en pleine réforme, c’est une nouvelle ère qui commence sous les meilleurs auspices avec les meilleurs augures.
Moïse Sidibé