Ousmane Gaoual Diallo : ‘’essayer de confiner Cellou Dalein, ils verront des centaines de milliers de Cellou à travers Conakry’’
Au cours d’un entretien qu’il a accordé dans la soirée du mardi à MEDIAGUINEE, le coordinateur par intérim de la cellule de communication de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), l’honorable Ousmane Gaoual Diallo est revenu sur le départ de l’ancien ministre de la Communication Alhousseyni Makanéra Kaké de l’opposition républicaine, sur les piques entre ce dernier et certains responsables de l’UFDG, la marche de soutien avortée de la mouvance présidentielle aux actions du président Alpha Condé et la manifestation de ce jeudi de l’opposition républicaine. Lisez !
Mediaguinee.com : votre réaction suite au départ de l’ancien ministre de la Communication Alhousseiny Makanera Kaké de l’opposition républicaine ?
Ousmane Gaoual Diallo : D’abord, il faut regretter les polémiques inutiles qui sont en train de se passer entre certains de nos responsables et monsieur Makanéra lui-même. Est-ce qu’il faut rester à la déclaration du chef de file de l’opposition qui a d’abord salué tous les efforts que Makanéra a fournis pendant le temps qu’il était notre collaborateur au sein cette l’opposition républicaine ? Puis, on lui a souhaité bonne chance dans ses nouvelles aventures politiques qu’il entreprend, tout en espérant qu’il va rester dans cette dynamique pour le changement, pour l’alternance et pour la démocratie, ce qui est essentiel pour lui. Et je pense qu’il n’est pas nécessaire aussi que des personnes, quel que soit leur bord politique se jettent dans les attaques qui touchent la dignité de la personne, c’est quelque chose qui est absolument condamnable. Ce sont des choses que nous n’acceptons pas et pour ça, nous ne voulons pas aller dans ce type de considération.
Récemment, la députée Mariama Tata Bah de l’UFDG a déclaré que Makanéra et épouse sont devant la justice et sont sur le point de divorcer. Elle invoque l’aspect politique comme une source de leur différend. Une déclaration qui a été aussitôt démentie par l’intéressé qui a d’ailleurs menacé de diffuser des messages qui pourraient pâlir dangereusement l’image de votre formation politique. Qu’en dites-vous ?
Je suis parfaitement d’accord avec Makanéra pour regretter les propos qui touchent au lien personnel, à sa famille, à sa relation avec son épouse
Je ne pense pas qu’il ait d’information sur qui que ce soit de nature à compromettre l’UFDG. Parce que l’UFDG, ce n’est pas une organisation criminelle. Donc, on ne peut détenir de telle information. Tout ça, ça fait partie de la rhétorique politique. Mais je suis parfaitement d’accord avec lui pour regretter les propos qui touchent au lien personnel, à sa famille, à sa relation avec son épouse. Je pense que ce sont des sujets qui n’ont pas à être invités par lui, qui que ce soit dans le débat politique, parce qu’il faut que chacun d’entre nous bénéficie de ce respect, de cet espace privé qui concerne la vie privée de la personne. Cet espace-là doit être sacré et chacun d’entre nous doit avoir l’obligation de respecter cela. Et je pense que sur ce point, je suis parfaitement en mesure de regretter les sens qui ont été donnés à ces déclarations quelle que soit la personne qui l’a donné. Maintenant, je pense que nous avons eu le temps aussi de nous expliquer avec monsieur Makanéra. Et dans les prochains jours, nous allons l’amener à échanger avec Mariama Tata pour lever cette incompréhension. Et je pense que c’est important que chacun d’entre nous joue à l’apaisement pour ne pas que le débat politique prenne des tournures qui peuvent mettre en mal la dignité de chacun d’entre nous. Donc, c’est quelque chose que nous ne souhaitons pas. C’est pour cela nous avons nous même pris la peine de rappeler à chacun sa responsabilité.
La mouvance présidentielle avait décidé d’organiser ce mercredi à Conakry une marche de soutien au président Condé. Contre toute attente, ladite marche a été interdite par les autorités compétentes. Est-ce que vous ferez la même chose demain jeudi en cas d’interdiction de votre marche ?
C’est très important que les Guinéens comprennent que l’UFDG et l’opposition sont disposés à respecter les lois de la république et toute disposition qui est prise pour interdire lorsqu’elle est solide, nous allons nous plier…
Moi, j’ai salué même l’initiative de la mouvance présidentielle de vouloir mobiliser des gens pour le sujet qui les intéressent. Pour nous, c’est quelque chose de tout à fait normal, que d’importe quel citoyen puisse librement jouir des dispositions de notre constitution, ça c’est important. Maintenant, nous savions aussi que cette idée d’organiser des manifestations n’avait qu’un seul objectif que celui de contribuer à décrédibiliser un tout petit peu de plus l’opposition. Parce que nous savions parfaitement qu’il allait avoir une interdiction formelle. Et qu’ils (partisans du pouvoir, ndlr) allaient dire, ‘’on se plie parce que nous on est républicains’’. Mais nous, on ne se pliera pas à ça. Nous allons absolument désobéir à cette interdiction de manifester. Nous allons manifester le jeudi, nous disons d’ailleurs nos concitoyens de se mobiliser massivement, en suivant les points de mobilisation que nous avons indiqués pour que les gens sortent. D’abord, c’est parce que c’est un droit, ensuite, parce qu’il faut savoir qu’en matière de liberté comme ça, le droit à la manifestation, c’est ça qui est la règle. L’interdiction est une exception et l’exception là, il doit avoir des justifications objectives. Mais depuis un certain temps, ce que nous constatons, les interdictions systématiques sans aucun fondement avec les arguments fallacieux, cela n’est pas la république que nous voulons. Nous voulons une république où chaque citoyen peut vivre lorsque les circonstances l’exigent en respectant bien sûr les libertés fondamentales, cela doit être connu et apprécié. L’autre aspect, il ne faut non plus parce qu’on a interdit une manifestation qu’on justifie les assassinats parce que c’est ça aussi les raccourcis en disant oui, c’était interdit. Donc on a tué parce qu’ils sont sortis alors que c’était interdit ? Il faut que les Guinéens comprennent que même si c’était réel qu’on a violé la loi, l’Etat lui-même qui gère l’appareil judiciaire doit pouvoir porter plainte contre les récalcitrants. Il ne faut pas qu’on justifie les assassinats ciblés contre nos militants parce qu’on ne veut pas respecter la loi. Quand on ne respecte pas la loi, il y a des procédures judiciaires qu’il faut poursuivre. Mais on voit que l’Etat lui-même refuse de poursuivre les auteurs des violations des ordres d’interdiction, pourquoi ? Pourquoi ils préfèrent amener des barbouzes pour tuer dans nos rangs ? Il faut que cela cesse. C’est très important que les Guinéens comprennent que l’UFDG et l’opposition sont disposés à respecter les lois de la république et toute disposition qui est prise pour interdire lorsqu’elle est solide, nous allons nous plier. Mais on n’est pas prêts à sacrifier nos libertés sur l’autel des arguments fallacieux avec un gouvernement qui a le souci non pas de faire régner la loi, mais de faire régner son ordre à lui, en fonction de ses humeurs. Nous, nous ne voulons pas de ça. Nous voulons une république où ce sont des lois qui disposent de nos libertés. Les lois qui balisent nos mouvements et nos expressions. Et ça, c’est fondamental pour nous.
Vous n’avez pas peur que le chef de l’opposition, le président de votre parti ne soit à nouveau confiné demain jeudi à son domicile de Dixinn?
On n’a pas peur. Je pense que ceux qui sont en train de faire ça sont en train de faire un abus de pouvoir et de l’outrage. C’est pour ça que dans beaucoup de nos déclarations, nous avons cité monsieur Baffoé (Ansoumane Camara, chef de la CMIS, ndlr) qui est en train de confondre les prérogatives qu’il a. Lorsqu’on envoie Baffoé sur le terrain, on lui demande dans un premier lieu de disperser des manifestations, les regroupements. On ne lui demande pas d’empêcher Cellou de circuler, on lui demande de disperser des manifestations. Dans un premier temps, il doit aller d’abord constater qu’il y a manifestation, faire des sommations et disperser les manifestations et les attroupements. Mais si vous commencez par mettre des gens en prison, par séquestrer des gens, par les confiner, vous êtes passible de poursuite judiciaire et de poursuite disciplinaire, c’est important. Il faut que les policiers le comprennent. Donc, personne n’a le droit de priver un autre citoyen qui n’est coupable de rien de ses mouvements et de son droit de se déplacer. Donc nous, nous ne croyons pas. Je pense qu’ils vont être surpris jeudi. Ils peuvent essayer de confiner Cellou Dalein mais ils verront des centaines de milliers de Cellou Dalein à travers Conakry qui vont sortir indépendamment du chef de file de l’opposition.
Elisa Camara
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