Accompagnement des riverains de la décharge de Dar-es-Salam : malgré le geste du gouvernement, les concernés toujours réticents
Dans le but d’accompagner les riverains de la décharge publique de Dar-Es-Salam sis dans la commune de Ratoma, le gouvernement a décidé de décaisser 20 millions de francs guinéens pour chacune des 201 familles qui s’y trouvent.
Ce lundi 2 juillet, les ministres de la Ville et de l’Aménagement du Territoire, Dr Ibrahima Kourouma et celui de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, Général Bouréma Condé entourés par le gouvernement de la ville de Conakry, Général Mathurin Bangoura, du Directeur général de l’Agence nationale de la salubrité publique, Sory Camara et de tous cadres impliqués étaient dans les locaux du gouvernorat pour procéder à la remise de 4 milliards 20 millions de francs guinéens aux 201 familles recensées.
Malheureusement, aucune de ces familles concernées ne s’est présentée. Face à cette situation, les ministres sont montés au créneau pour fustiger ce comportement des concernés, avant d’affirmer que ‘’argent ou sans argent’’, le déguerpissement par l’Etat guinéen va se faire une fois les 24 heures dépassées.
Selon le ministre Dr Ibrahima Kourouma, cette affaire de la décharge de Dar-es-Salam ne date pas d’aujourd’hui. ‘’La zone fait environ 25 hectares. Les populations riveraines de la décharge ont été dédommagées sous le régime du Général Lansana Conté en 1997(…). Malheureusement, les populations sont revenues agresser illégalement le site. De 25 hectares, nous nous sommes retrouvés à 10 hectares. L’année passée, il y a eu un éboulement sur le site qui a provoqué la mort de certains concitoyens. Depuis lors, le gouvernement a décidé que les habitants riverains quittent et plusieurs rencontres ont eu lieu à cet effet. Pendant la discussion, les habitants ont demandé de la part du gouvernement un accompagnement. Je précise qu’il s’agit d’un accompagnement humanitaire parce que les populations avaient illégalement occupé le site de la décharge. Notre dernier communiqué relatif au déguerpissement était prévu pendant le courant du mois de ramadan. C’est le chef de l’Etat, Alpha Condé qui s’est opposé à cette opération de déguerpissement sous prétexte qu’elle coïncide au mois de ramadan et d’attendre après la fête. Dans l’esprit d’aider ces populations, chef de l’Etat a accepté d’accompagner les familles à hauteur de 20 millions de francs guinéens. Il y a 201 familles ce qui fait 4 milliards 20 millions de francs guinéens.’’
Poursuivant, il faut a rappelé que pendant que les familles se sont illégalement installées, le président de la République Alpha Condé a décidé de les accompagner pour qu’ils quittent cette zone qui est selon lui, aujourd’hui très dangereuse. ‘’Toutes les dispositions de déguerpissement sont prises, au-delà de 24 heures, nous allons immédiatement déclencher les opérations de déguerpissement. Ils étaient attendus qu’ils viennent prendre la prime d’accompagnement mais malheureusement personne n’est venu’’, a ajouté le ministre Kourouma.
De son côté, le ministre Bouréma Condé a tenu à préciser : ‘’Suite à une décision très hardie du Président de la République, Pr Alpha Condé, nous nous retrouvons au gouvernorat de la ville de Conakry pour procéder conformément à la décision à la quelle j’ai fait allusion plus haut relative à l’accompagnement des riverains de la décharge de Dar-Es-Salam. Vous vous souvenez qu’il y a juste un an, sur le poids des fortes pluies, cette décharge avait causé perte d’hommes. Avis a été donc donné aux riverains qui, il faut le préciser sont installés illégalement en ces lieux parce que le dédommagement depuis la deuxième république avait été fait, un dédommagement qui était d’ailleurs de bonne foi parce que personne et hier et aujourd’hui encore moins demain ne vous exhibera le moindre document d’attribution officielle d’une quelconque parcelle à ces endroits. Il s’agit donc d’une mission d’accompagnement humanitaire. L’an dernier, il y a eu l’accompagnement, mais c’était quoi ? L’accompagnement des familles des personnes décédées. Cette année, on n’en veut pas, on veut accompagner les habitats pour qu’on ne vienne pas encore dans des familles éplorées. Ce n’est pas un droit, c’est juste, je le précise une décision humanitaire. Nous avons donc commis à la tache à travers le gouverneur de la ville de Conakry, les autorités communales de Ratoma à travers madame la secrétaire générale et les chefs de quartier d’Hamdallaye et d’Ar-Es-Salam pour qu’ils viennent avec les intéressés, percevoir cette enveloppe d’accompagnement humanitaire pour qu’ils libèrent les lieux parce qu’il faut être clair, les lieux vont être récupérés par l’Etat, il aura le déguerpissement, n’ayons pas peur des mots.
Plus loin, il a mentionné : ‘’Nous constatons malgré la disponibilité des fonds ici aujourd’hui, 4 milliards 20 millions de francs guinéens pour 201 familles recensées, nous constatons que notre appel est tombé dans de oreilles sourdes et qu’aucun des intéressés n’est daigné répondre à cet appel. L’argent étant toujours là, nous lançons un appel qui arrive à expiration dans les 24 heures à partir de la diffusion de ce communiqué, l’argent est là à titre d’accompagnement. Mais celui qui ne veut pas prendre l’argent, argent ou sans argent, le déguerpissement par l’Etat guinéen va se faire une fois les 24 heures dépassées. Nous souhaitons qu’une oreille attentive et citoyenne soit prêtée à ce message parce qu’il s’agit d’une part, d’une occupation illégale d’un patrimoine de l’Etat et d’autre part, de vies humaines en danger. C’est ces deux facteurs conjugués ne peuvent laisser un Etat responsable indifférent. Donc, à partir de maintenant et 24 heures plus tard, seuls des citoyens concernés qui viendront prendre l’enveloppe d’accompagnement humanitaire du chef de l’Etat, viendront les récupérer. Ceux qui pensent qu’il faut continuer dans la décharge de façon illégale et exposer encore à d’autres éboulements, auront à choisir. L’Etat a déjà choisi d’accompagner à travers cette enveloppe humanitaire et puis déguerpir. C’est important que la confusion ne s’installe pas encore à nouveau pour tirer à boulets rouges sur le gouvernement. Que l’on est pour une fois au moins la bonne foi cette fois-ci de connaitre la bonne foi du gouvernement guinéen. Ceux qui encouragent les familles concernées à rester sur place sont en train de leur donner un très mauvais conseil. Nous souhaitons vivement que les uns et les autres comprennent la portée de cet acte, la portée sécuritaire de cette décision et qu’un comportement conséquent soit adopté.’’
Quant au gouverneur de la ville de Conakry, il a demandé à ce que ledit montant soit resté dans les locaux du gouvernorat jusqu’à l’épuisement des 24 heures indiquées. Pour sa part, le chef de quartier de Dar-Es-Salam a regretté l’absence des concernés, avant d’informer qu’il continuera à sensibiliser afin qu’ils (riverains) reviennent à la raison.
Par Youssouf Keita
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