Détroit de Gibraltar, la nouvelle route des migrants : ‘’on m’a tapée, on m’a cassée le genou’’, raconte une réfugiée en Espagne

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Le détroit de Gibraltar, entre le nord du Maroc et le sud de l’Espagne : nouveau chemin des migrants, constate l’ONU. Plus de 15 000 réfugiés ont fait cette traversée vers l’Europe depuis le début de l’année, soit trois fois plus qu’en 2016.

C’est la nouvelle « route » utilisée par les migrants pour rejoindre l’Europe : le détroit de Gibraltar, situé entre le nord du Maroc et la pointe sud de l’Espagne. Ils veulent ainsi éviter le passage de la Libye à l’Italie, trop dangereux et fatal à plus de 2700 personnes depuis le début de l’année. Le chiffre symbolique des 15000 réfugiés ayant effectué la traversée du détroit de Gibraltar depuis le début de l’année 2017 a été franchi en novembre selon le HCR, l’agence des Nations unies pour les réfugiés. C’est trois fois plus qu’en 2016 à la même période.

Nous sommes à Tarifa, connue pour ses jolies plages, son centre-ville fortifié et son port. Située à la pointe sud de l’Espagne, cette petite ville tranquille de 18 000 habitants est bousculée depuis quelques mois par l’arrivée massive de migrants.

Les côtes marocaines se trouvent de l’autre côté du détroit de Gibraltar, à seulement 14 kilomètres. Adolfo Serrano est le responsable du centre de coordination des secours en mer de Tarifa, il gère le trafic de toutes les côtes sud de l’Espagne. « Ce n’est pas de pire en pire par rapport à l’année dernière. En fait, c’est seulement cette année que le phénomène prend une très grande ampleur », constate-t-il.

Des conditions de voyage très précaires

L’année dernière, ses équipes ont procédé au sauvetage de 735 réfugiés. Cette année, on approche des 7 000, soit 10 fois plus. Des traversées extrêmement dangereuses, la taille des embarcations des migrants ne facilitant pas la tâche des secours.

« Ce n’est pas possible de détecter les bateaux des migrants, car ils sont trop petits pour que notre radar les voie. Pour qu’on les aide, on nous appelle simplement avec un téléphone portable »

– Adolfo Serrano, secours maritime de Tarifa

Mais les sauveteurs en mer ne sont pas les seuls à faire face à cet afflux massif, les professionnels du tourisme qui travaillent en mer, le sont aussi. ExempleSalvador, la cinquantaine, bronzé et costaud. Il possède deux bateaux. Avec sa compagnie, Aventura Tarifa, il emmène les touristes voir les baleines dans le détroit. Son quotidien a changé depuis le début de l’année. « Tous les jours, des embarcations de tous types, des Zodiac, des barques arrivent avec parfois 50 personnes à leur bord ».

Ces hommes, ces femmes, ces enfants, traversent le détroit avec tout ce qu’ils peuvent trouver : du Zodiac, bateau pneumatique semi-rigide pouvant contenir 60 réfugiés jusqu’aux barques, et même plus petit encore. « En ce moment, ils utilisent les jet-ski, ils montent à trois dessus, ils mettent 20 minutes à faire la traversée du Maroc à Tarifa », remarque Salvador.

Prise en charge courante par les ONG

Pour ceux qui réussisent la traversée, les fortunes sont diverses. Les Marocains arrêtés par la garde civile espagnole, sont sytématiquement renvoyés chez eux, les autres sont placés dans des centres d’internement pour quelques jours ou recueillis par des ONG comme la Croix-Rouge.

Au centre Croza Roja de Algeciras, la grande ville portuaire d’Andalousie, Alain, un bénévole français s’occupe des réfugiés francophones. Parmi eux, Nadège, une Camerounaise de 35 ans et sa fille de 21 mois. Elles ont fait la traversée il y a tout juste quelques jours « Je suis passée par le Nigéria, le Mali, par Tamanrasset, j’ai remonté toute l’Algérie. Au Maroc, j’ai été à Fes », raconte Nadège.La mère de famille a subi deux viols pendant son périple.

« J’ai été violée au Mali et au désert du Niger, on était nombreux. On s’attaquait aux femmes et aux hommes qu’on violait par l’anus »

– Nadège, migrante camerounaise

Nadège porte encore les stigmates de ses blessures. Après son viol, elle est battue par des policiers marocains en tentant d’entrer dans l’enclave portugaise de Ceuta. « On m’a tapée, on m’a cassée le genou, je suis maintenant infirme », se souvient-elle. Nadège a finalement été aidée par un Marocain qui a payé son passage. Aujourd’hui, la femme de 35 ans est soulagée. Elle est accueillie dans un centre mère-enfants, situé à Bilbao.

Tous n’y parviennent pas. L’Agence des Nations unies pour les réfugiés a recensé 155 morts depuis le début de l’année 2017. Deux d’entre eux sont enterrés au cimetière de Tarifa avec cet épitaphe : « Cadavre sans identification ».

Source: msn

 

 

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