En restreignant ou bloquant les réseaux sociaux, il ne faut pas seulement penser à ceux qui viennent sur ces plateformes pour poser des actes criminels ou des actes qui sont de nature à porter atteinte à la vie d’autrui. Ce sera trop simpliste, trop réducteur. Il faut aussi penser à ceux qui vivent honnêtement de ces plateformes, sans créer le moindre souci à qui que ce soit ; il faut penser aux nombreuses boutiques virtuelles qui nourrissent des milliers de bouches à travers le pays ; il faut penser aux entreprises attachées à ces plateformes qui emploient des personnes. Bref, en coupant ou restreignant les réseaux sociaux, il faut penser aux braves jeunes notamment dont les emplois sont liés à ces plateformes, car chaque emploi supprimé est un frustré de plus dans le pays.
Pareillement, en brouillant les ondes des Médias, il faut préalablement penser aux emplois en jeu, aux familles qui vivent de ces radios. Aujourd’hui, des patrons de presse, ne pouvant plus faire face aux charges salariales, sont contraints de compresser leurs personnels, en envoyant des journalistes au chômage technique. Comment parviendront-ils dorénavant à joindre les deux bouts, ces journalistes dont les emplois sont en jeu aujourd’hui ?
Clairement, en détruisant un emploi, il ne faut pas seulement viser l’employé. Il faut penser aux bouches qui dépendent de ce travailleur et les bouches qui dépendent aussi des bouches qui dépendent de ce travailleur, surtout dans un pays comme le nôtre à fort taux d’indice de dépendance. Le monde est une chaine. Un seul emploi rayé ou menacé a des répercussions directes sur de nombreuses personnes. En d’autres termes, chaque suppression d’emploi à des conséquences néfastes non seulement sur la vie de celui dont l’emploi est supprimé, mais aussi les vies qui dépendent directement ou indirectement de cet emploi.
L’Etat a pour vocation de protéger les emplois, de mieux les encadrer. Plutôt que de restreindre les réseaux sociaux aujourd’hui qui participent largement au développement socioéconomique de notre patrimoine commun, l’Etat ferait mieux de réguler ces plateformes. Plutôt que de brouiller les ondes des radias dont l’une des conséquences directes est inéluctablement l’envoi de certains journalistes au chômage, l’Etat ferait mieux d’outiller cette corporation pour la promotion de la démocratie et du vivre ensemble. Moins il y a des cris, plus il y a la chance que la transition réussisse. Mais, avec des cris çà et là, le risque d’une fin de transition agitée ou remuante, que Dieu nous en garde, est très élevé. La stabilité de l’Etat, lui-même, en dépend.
Les critiques acerbes arrangent mieux un pouvoir que les discours mielleux souvent en déphasage avec la réalité. Ce pays est notre précieux bien commun à tous, notre paradis comme le diraient certains. Si on ne se dit pas la vérité, on se mentira ; et si on se ment, la transition continuera à prendre de l’eau ; elle échouera et ce sera un sabordage.
Bref, il faut libérer le Secrétaire général du Syndicat professionnel de la presse privée, M. Sékou Djamal Pendessa, pour éviter un bras de fer avec le mouvement syndical.
Sayon MARA, Juriste