Polémique à Makonon (Kankan) : des accusations de corruption autour du remplacement des chefs de quartier : “Yaya a reçu une parcelle et 20 millions gnf”
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Une vive tension règne actuellement dans le quartier de Makonon, relevant de la commune urbaine de Kankan. La polémique enfle suite au remplacement controversé des chefs de quartier de Makonon 1 et Makonon 2, qui accusent certaines autorités locales de corruption et de favoritisme.
Selon Bangaly Diawara, chef de quartier de Makonon 2, les nouveaux bureaux de quartier avaient été installés il y a à peine trois mois, à la suite d’une décision visant à écarter les anciens chefs considérés comme inéligibles selon de nouveaux critères.
Pourtant, contre toute attente, une délégation composée de cadres communaux et préfectoraux a procédé, dans la journée du mercredi 16 avril 2025, à l’installation des anciens chefs de quartier sans aucune consultation préalable des responsables en fonction.
« Avant-hier mercredi, nous avons reçu une délégation composée de deux cadres de la préfecture et d’un de la commune urbaine de Kankan. Ils disaient venir pour installer les bureaux de quartier alors que nous sommes en fonction depuis seulement trois mois. Mais ce sont les anciens chefs qui ont été réinstallés, alors qu’il avait été décidé qu’aucun ancien ne devait occuper ces fonctions. Yaya Condé avait même précisé qu’il ne voulait pas d’illettrés, ni d’anciens. C’est sur cette base que nous avons été choisis. Depuis leur passage, nous subissons des injures de la part de certaines femmes et de jeunes. Ce matin, nous nous sommes rendus à la commune et à la préfecture. À la préfecture, ils nous ont confirmé l’envoi d’une délégation, expliquant qu’une autre délégation les avait informés que nos bureaux avaient démissionné. Dans mon bureau, seuls le fils de l’ancien chef, son petit frère et sa belle-sœur, qui en faisaient partie, ont démissionné. Nous avions informé la commune, qui nous avait demandé d’attendre trois mois avant de les remplacer », a-t-il expliqué.
Le malaise s’intensifie avec des accusations graves portées par des témoins de la localité. Manamba Moriba Condé, habitant de Makonon, affirme que certains responsables auraient reçu de l’argent et un terrain en échange du retour des anciens chefs de quartier.
« Cette situation nous inquiète beaucoup. Lors de l’installation des nouveaux bureaux, Yaya Condé a fait trois voyages ici. Il disait qu’il ne voulait ni illettrés, ni anciens. Mais ce même Yaya Condé a reçu une parcelle et 20 millions de francs guinéens de la part des anciens, tout comme Sékou Condé de la préfecture. Ils ne peuvent pas le nier. Je le répéterai devant eux, car j’ai vu tout cela de mes propres yeux. Le préfet aussi a reçu quelque chose. C’est pourquoi il a changé d’attitude ces derniers temps. C’est lui-même qui a envoyé cette délégation. S’ils voulaient vraiment la paix, ils auraient convoqué les deux camps pour expliquer la situation. Mais aller regrouper un camp pour les installer, alors que les autres détiennent les cachets, ce n’est pas une démarche pour apaiser les tensions, bien au contraire », a-t-elle déclaré.
Joint par téléphone, Arafan Moussa Koulibaly, président de la délégation spéciale de Kankan, dont l’adjoint est nommément accusé, n’a pas mâché ses mots. Il a tenu à clarifier la position de la commune : « Si des personnes ont agi, elles l’ont fait en leur nom personnel, pas au nom de la commune. La commune se désolidarise complètement. Vous avez les numéros des personnes citées, appelez-les pour savoir si c’est vrai. Quand la commune envoie une délégation en mission, elle délivre un ordre de mission, et aucun n’a été donné dans ce cas précis. »
De son côté, le préfet Kandia Mara, également joint par téléphone, s’est montré encore plus détaché de l’affaire. Il a déclaré ne pas être concerné et a invité les plaignants à « aller où ils veulent », ajoutant qu’il ne s’intéresse pas à ce genre de dossier.
Pathé Sangaré, correspondant à Kankan