À Kankan, le mercredi dernier, dans le cadre du lancement de la campagne agricole, le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, de l’Aménagement du territoire et de la Récupération des domaines spoliés, Mory Condé, a profité de l’occasion pour visiter la ruelle Silani Mangbo, située au marché Dibida. Selon lui, cette ruelle est concernée par un projet de construction d’un marché moderne.
Dans cette dynamique, le ministre a ordonné aux occupants des lieux de libérer la zone avant ce vendredi 11 avril 2025, date prévue pour le début des opérations de démolition des boutiques et habitations construites illégalement sur le site.
Si certains riverains n’ont manifesté aucune opposition face à cette initiative gouvernementale, Mohamed SD Kaba, lui, a dénoncé ce qu’il qualifie d’injustice de la part des autorités. Il a exprimé son intention de s’opposer fermement à la démolition d’une partie du domaine qu’il considère comme un patrimoine historique de sa famille.
Dans un entretien accordé à certains médias locaux, il a déclaré :
« Comme ils ont inclus des parties qui n’étaient pas concernées, nous allons farouchement nous y opposer, quel qu’en soit le prix. Nous allons supporter le coup. Nous sommes prêts à défendre nos droits devant la justice, même au péril de notre vie. »
Malgré ces menaces, les autorités ne se sont pas laissées intimider. Très tôt ce vendredi matin, la zone ciblée par la démolition a été encerclée par les forces de défense et de sécurité, permettant aux conducteurs de bulldozers d’entamer sereinement la destruction des magasins et habitations. La famille, qui promettait une résistance, a dû se contenter de regarder, impuissante, les habitations familiales réduites à néant.
M’balougbè Kaba, membre de la famille qui se réclame propriétaire d’une partie du domaine démoli, en appelle désormais au président de la République pour trouver un toit.
« Ce lieu est à nous. Après le départ des Blancs, mon père a acheté ces terres pour les mettre à la disposition de sa famille. Il n’a jamais dépensé un seul franc pour lui-même : il mettait tout l’argent dans une caisse pour subvenir aux besoins de ses frères, jusqu’à sa mort. Son fils unique a pris la relève et a continué dans cette voie. À chaque problème dans notre tribu, c’est à lui qu’on faisait appel. Ce que nous voulons dire au président, c’est que nous avons confiance en lui. Nous savons qu’il ne fera rien de mal à Kankan. Nous l’encourageons et espérons que la nouvelle parcelle qui nous sera attribuée sera plus grande que celle-ci. Que Dieu bénisse la Guinée. »
Il faut rappeler que cette opération de déguerpissement s’est déroulée sans incident majeur. La famille, malgré ses déclarations de résistance, n’a opposé aucune réaction au moment de la démolition. Était-ce en raison du déploiement impressionnant des forces de sécurité ? La question reste posée.
Pathé Sangaré, correspondant à Kankan
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