Chambre des appels de la CRIEF : Damaro et Kim à la barre, plaidoiries et réquisitions attendues le 8 mai
Les débats dans l’affaire opposant le parquet spécial à l’ex-président de l’Assemblée nationale du régime déchu, Amadou Damaro Camara et Cie, ont été clôturés ce jeudi 17 avril 2025 devant la chambre des appels de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). Les plaidoiries et réquisitions sont programmées pour le 8 mai prochain.
À la barre, les prévenus ont plaidé non coupables, chacun à son tour.
« J’ai fait cet appel pour laver ma réputation, d’abord devant mes enfants, devant mes épouses et devant l’opinion. Des personnes plus intelligentes que nous disent que lorsqu’on perd de l’argent, on n’a rien perdu ; lorsqu’on perd sa santé, on a perdu quelque chose ; mais lorsqu’on perd sa réputation, on a tout perdu. L’instance a voulu souiller ma réputation. Je n’ai jamais travaillé dans la fonction publique de peur de la souillure de cette réputation. Si ce n’est pas dévoiler un secret, sous le gouvernement de 1996 présidé par Sidiya Touré, c’est moi qui ai écrit les noms des membres du gouvernement. Je pouvais prendre n’importe quel poste, j’ai refusé parce que je ne voulais pas me retrouver dans certaines situations. Sous le régime d’Alpha Condé, j’ai été deux fois député ici, président du groupe parlementaire, et j’ai été proposé à deux postes ministériels qu’on peut qualifier de juteux, que j’ai refusés. Depuis 40 ans, j’ai quitté la Banque Centrale où j’ai travaillé, la seule branche de l’administration où j’ai travaillé en Guinée. Aucun de mes enfants n’est à la fonction publique, et je ne l’ai jamais voulu malgré tout ce que j’ai été. Je leur ai dit : débrouillez-vous autrement. C’est pour sauver cet honneur-là. Et si j’ai fait appel, c’est pour sauver cet honneur. Je vis très difficilement cette situation, au-delà de le sentir dans ma chair et contre ma santé, mais cet aspect est très important pour nous », a déclaré M. Damaro, avant d’être appuyé par son co-prévenu, M. Kim, qui a assuré avoir servi la Guinée en toute honnêteté pendant plus de 40 ans.
Il est à rappeler que devant la chambre du jugement, MM. Damaro et Kim ont été reconnus coupables et condamnés dans l’affaire d’un montant de 15 milliards de francs guinéens destiné à la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale situé au centre directionnel de Kaloma. C’est pourquoi, par le biais de leurs avocats, ils ont saisi la chambre des appels dans le but d’obtenir l’annulation pure et simple de cette décision de la chambre du jugement qui les a condamnés respectivement à 4 ans d’emprisonnement et au paiement d’une amende de 10 millions de francs guinéens, et à 1 an de prison avec sursis et au paiement d’une amende de 10 millions de francs guinéens. La cour a également condamné solidairement MM. Damaro Camara et Kim au paiement d’un montant de 5 milliards de francs guinéens à titre de dommages et intérêts à l’État guinéen.
Elisa CAMARA