Ramadan dans l’ombre- La confession poignante d’une travailleuse du sexe à Conakry : « je me demande si Dieu pense encore à moi »

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Dans l’obscurité d’un bar de Conakry, refuge de vies brisées, une femme livre un combat intérieur déchirant. Cette travailleuse du sexe, nous l’avons rencontrée ce jeudi 20 mars, après avoir exploré les recoins de Conakry, en quête d’une vérité souvent ignorée : la réalité de ces femmes oubliées. Entre silences méfiants et regards fuyants, rares sont celles qui acceptent de parler.

« Pendant ce mois, je reste cachée dans ce coin sombre du bar. Je n’ose pas sortir comme avant. Pendant que d’autres prient et demandent pardon, moi, je vends mon corps. Ce n’est pas une fierté, c’est une souffrance »

Après plusieurs refus, nous avons finalement convaincu une femme de briser le silence, en échange de quelques billets. À voix basse, cachée dans un coin sombre du bar, elle s’est livrée, les yeux emplis de tristesse. Son témoignage est celui d’une âme enchaînée, d’une vie dictée par la survie, marquée par la souffrance et le poids du Ramadan, un mois censé être sacré, mais qui lui rappelle surtout son combat quotidien.

Interrogée sur son quotidien pendant ce mois de Ramadan et de carême, elle confie : « Avant le Ramadan, chaque soir, je me maquillais, je mettais ma plus belle tenue pour séduire, mais au fond de moi, je me sentais vide. » Sa voix se brise. « Pendant ce mois, je reste cachée dans ce coin sombre du bar. Je n’ose pas sortir comme avant. Pendant que d’autres prient et demandent pardon, moi, je vends mon corps. Ce n’est pas une fierté, c’est une souffrance. »

« Quand j’entends l’appel à la prière, je baisse la tête. Je me souviens des jours où, enfant, je jeûnais avec ma famille, où je priais avec espoir. Aujourd’hui, je me demande si Dieu pense encore à moi, s’il me pardonnera un jour »

Comme elle, d’autres femmes sont dans la même situation. « Ce n’est pas qu’on ne veut pas changer, mais on n’a pas le choix. Chaque soir, il faut sortir, attendre des clients, et espérer avoir de quoi manger le lendemain », lâche-t-elle, avant de poser une question bouleversante : « On sait que ce qu’on fait est mal, mais que peut-on faire d’autre ? »

Un passé d’innocence, un présent de douleur

Le Ramadan, qui devrait être un moment de spiritualité et de retour vers Dieu, ravive en elle des souvenirs douloureux. « Quand j’entends l’appel à la prière, je baisse la tête. Je me souviens des jours où, enfant, je jeûnais avec ma famille, où je priais avec espoir. Aujourd’hui, je me demande si Dieu pense encore à moi, s’il me pardonnera un jour. »

Sur son visage, se lit une détresse infinie. Derrière ce cri silencieux, elle se demande : « Qui va me tendre la main ? Qui va me sortir de cette prison invisible ? Je culpabilise chaque jour quand je croise des regards pleins de jugement. Je voudrais leur dire que je ne suis pas ici par plaisir. Que si j’avais eu le choix, jamais je n’aurais pris ce chemin. La faim ne pardonne pas. Les factures ne s’arrêtent pas. Alors, on survit, en mettant nos peines de côté, en espérant qu’un jour, la vie nous offre une seconde chance », lâche-t-elle avec culpabilité.

Christine Finda Kamano

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