Ramadan : bloquer ses règles pour jeûner tout le mois, une pratique controversée

Pendant le mois de Ramadan, les femmes musulmanes ayant leurs règles sont dispensées du jeûne et doivent rattraper les jours manqués après cette période. Cependant, chez certaines femmes, le jeûne du Ramadan est une obligation religieuse qu’elles souhaitent accomplir dans son intégralité, au point de prendre des pilules pour stopper temporairement leurs menstruations et ainsi jeûner sans interruption. Une pratique qui suscite débat, entre motivations personnelles, risques sanitaires et interdits religieux.

Croisée par un de nos reporters, une femme, ayant fait ce choix, témoigne : « Cette fois-ci, j’ai pris des pilules afin de pouvoir jeûner tout le mois de Ramadan. J’ai peur de rembourser les jours manquants, je serais seule en train de jeûner après ce mois. Bon, je ne sais pas ce que Dieu dit à ce sujet, mais moi je le fais. Je n’ai pas l’habitude de le faire, mais comme j’ai des amies qui le font, c’est pourquoi j’ai décidé de bloquer mes règles. »

Si certaines femmes trouvent dans ces médicaments une solution pour vivre pleinement leur Ramadan, d’autres déconseillent vivement cette pratique après en avoir subi les conséquences.

Une dame partage l’expérience difficile de son amie : « Moi je connais une amie qui regrette cela. L’année dernière, elle a pris des comprimés pour jeûner tout le mois. Après le Ramadan, ses règles ont cessé de venir, son ventre a même ballonné. Elle a suivi beaucoup de traitements, et finalement, il lui a fallu une intervention chirurgicale pour remédier au problème. Aujourd’hui, c’est elle qui conseille aux gens de ne pas le faire. », témoigne cette dame. 

Sur le plan religieux, les avis sont tranchés. Abdoulaye Camara, 1er imam de la mosquée de Kököma gendarmerie, rappelle que la foi ne se pratique pas à la carte : « La religion n’est pas une chose du hasard, on ne la pratique pas comme on le veut. Ce que Dieu te dit de faire, même si tu peux faire au-delà, tu ne dois pas le faire. Dieu nous a facilité beaucoup de choses. Il a donné un temps de repos aux femmes (les menstrues), 4 à 5 jours, et c’est pourquoi il a dit que si la femme est dans cette période, elle ne doit pas jeûner. Dieu sait que ce qui sort du corps de la femme, c’est de la saleté. Donc, quand tu le bloques en prenant des pilules, ça peut te créer des ennuis. Dieu ne t’a pas autorisé à bloquer tes menstrues pour pouvoir jeûner ou prier. Cela est formellement interdit. » Et l’imam Abdoulaye d’expliquer que certaines femmes bénéficient d’une dispense religieuse en raison de leur état de santé : « En ce qui concerne les femmes enceintes et les nourrices, c’est deux choses différentes. La femme enceinte peut jeûner si cela ne fatigue pas le bébé. Celle qui allaite aussi peut jeûner si ça ne diminue pas son lait maternel. Mais si le jeûne peut causer des conséquences négatives pour l’enfant, elle ne doit pas jeûner. Dieu n’aime pas la souffrance de l’âme. »

Enfin, il rappelle l’importance de la spiritualité au-delà du Ramadan : « Pour terminer, je lance un message aux fidèles musulmans : le Ramadan est fini, mais Dieu est toujours là. Il ne nous a pas demandé de prier seulement pendant ce mois. Pendant le Ramadan, Dieu a multiplié les bénédictions, mais l’homme doit savoir que ce n’est pas seulement pendant ce mois qu’il peut mourir. Le mensonge, le vol, l’adultère ne sont pas interdits que pour cette période. Il faut continuer les bonnes pratiques même après le Ramadan », a-t-il lancé. 

Entre volonté d’accomplir pleinement le jeûne, préoccupations sanitaires et prescriptions religieuses, la pratique du blocage des règles pendant le Ramadan divise. Si certaines femmes y voient une facilité, les risques pour la santé et l’interdiction religieuse pourraient les amener à y réfléchir à deux fois.

Christine Finda Kamano

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