Indemnisation des victimes des événements du 28 septembre 2009 : la Coalition Guinéenne pour la CPI prend la parole
Après l’AVIPA et l’OGDH, c’est au tour de la Coalition Guinéenne pour la Cour Pénale Internationale (CGCPI) de prendre la parole. Ce vendredi 28 mars 2025, son président a salué le décret du président de la transition annonçant la prise en charge totale des montants destinés à l’indemnisation des victimes des événements du 28 septembre 2009 au grand stade de Conakry.
Maître Hamidou Barry, puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’est dit heureux de constater que le cri de cœur de cette coalition qu’il dirige a été entendu par le Général Mamadi Doumbouya. « C’est une réaction de satisfaction, car au niveau de la Coalition Guinéenne pour la Cour Pénale Internationale, nous avons toujours demandé que les victimes soient indemnisées avant la fin du procès. Je crois que le Chef de l’État, le gouvernement en général, a entendu le cri de cœur de la Coalition Guinéenne pour la Cour Pénale Internationale. Je rappelle qu’il y a quatre ans, nous avions adressé un courrier à l’Assemblée nationale, au ministre du Budget, au ministre des Finances et au ministre de la Justice, pour que les victimes soient indemnisées avant la fin du procès. Et à l’occasion de l’anniversaire du massacre du 28 septembre, nous avons toujours demandé que l’État guinéen indemnise les victimes des événements du 28 septembre avant la fin du procès », a révélé l’avocat des victimes.
Cette démarche, selon l’avocat, visait à instaurer en Guinée un processus de jurisprudence similaire à celui d’autres pays d’Afrique. « Vous savez, dans la sous-région, il y a la jurisprudence de la Côte d’Ivoire, il y a la jurisprudence malienne, il y a beaucoup de pays où, pour de grands événements douloureux, les victimes sont indemnisées avant la fin du procès. Donc, s’il y a un décret qui a été pris par le chef de l’État, le président de la République, le général Mamadi Doumbouya, nous ne pouvons que saluer et féliciter cette décision. C’est un ouf de soulagement pour nous, avocats des victimes et associations qui avons accompagné les victimes des événements du 28 septembre. C’est une décision que nous saluons et que nous apprécions à sa juste valeur », a déclaré le président de la Coalition Guinéenne pour la Cour Pénale Internationale.
Le partage des montants à verser à chaque victime, comme l’avait décidé le juge Ibrahima Sory Tounkara lors du verdict du procès du 31 juillet 2024, suscite cependant des interrogations. Selon Maître Hamidou Barry, le nombre et la catégorie des victimes sont déjà identifiés. Pour lui, les autorités en charge de l’application du décret du chef de l’État n’auront qu’à jouer leur rôle pour que tout se passe dans les règles de l’art. « Comme le décret implique le Premier ministre, le ministre des Finances, le ministre du Budget et le ministre de la Justice, je crois qu’il y aura des arrêtés d’application. Parce que le décret à lui seul ne suffit pas. Le comité de pilotage du procès des événements du 28 septembre, qui dispose de toutes les données des victimes ayant été auditionnées devant le juge d’instruction, servira de base pour indemniser les victimes. Il y a aussi une décision de justice rendue le 31 juillet 2024. Tous ces documents serviront de base pour éviter quoi ? Pour éviter que l’argent ne parte dans les poches de proches de victimes imaginaires. Je pense que le ministère de la Justice, ainsi que tous les départements concernés, prendront des dispositions pour que les victimes elles-mêmes reçoivent directement cette indemnisation. Parce qu’à force de remettre ces montants importants aux associations, vous savez, l’argent n’est pas facile à gérer. Je crois que les victimes sont clairement identifiées par le comité de pilotage du procès, qui est bien géré par M. Bademba Barry, M. Millimouno et d’autres, et qu’il y a même un comptable pour le procès du 28 septembre. Je crois que cela ne posera pas de problème. Surtout que dans cette affaire, il y a eu la volonté politique, et cette volonté se manifeste par la prise de ce décret que nous saluons », a conclu l’avocat.
Du côté des condamnés, aucune réaction n’a été donnée pour l’instant. Contacté, un des avocats du capitaine Moussa Dadis Camara nous a demandé de patienter en attendant qu’il s’entretienne avec son client.
Saidou Lébêré
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