Le président de la délégation spéciale de la commune de Lambanyi, Fafa M’Bira Mané, a tenu une conférence de presse suite à la manifestation des commerçants du marché de Cosa Bantounka.
Ce mardi 25 mars 2025, au siège communal, M. Mané a justifié le bail de ce marché par la non-rentabilité des lieux due à une gestion défectueuse.
Concernant les 148 boutiques, 95 conteneurs et 847 tables, le responsable affirme percevoir la somme irrégulière de 32 millions de francs guinéens par an.
Face à ces difficultés, un bail de plus de 60 ans a été conclu pour un montant de 65 milliards de francs guinéens, contraignant les commerçants à quitter les lieux.
« Ce sont les recettes générées par les citoyens. L’État fournit le terrain, l’espace, ils construisent des espaces commerciaux ou des habitations. Et ils refusent de payer à la commune, propriétaire de l’espace, ce qui lui est dû. Donc, si cela ne fonctionne pas, nous sommes obligés de revenir en arrière ou de passer à autre chose. La décentralisation est flexible. Il existe des lois qui autorisent la collectivité, si la nomination d’un administrateur ne donne pas de résultats, à reprendre le marché et à le confier à un seul individu qui a le droit de percevoir les paiements selon les modalités convenues. Ce sont les lois qui autorisent la décentralisation, qui autorisent les démarches et les manœuvres permettant aux collectivités de payer les salaires de tous les fonctionnaires contractuels qu’elles emploient », a expliqué Fafa M’Bira Mané, en revenant sur les réalités rencontrées dans ces lieux de commerce :
« Parfois, vous trouverez une grande table recouverte de pagne et, lorsque vous demandez, on vous dit que si vous êtes intéressé, le propriétaire est prêt à la céder en échange d’une somme à la fin du mois. Pendant ce temps, l’occupant est chez lui ou au bord de la route. Si une table doit avoir une rentabilité journalière et qu’elle est inoccupée, il n’y aura pas de recettes. Concernant les boutiques, au lieu de 25 000 francs guinéens par mois, le locataire peut rester un ou deux mois sans payer, et ce n’est qu’au troisième mois qu’il paie un mois. Pour les mois restants, il dit que cela ne marche pas ou qu’il est malade. Parfois, nous ne recevons que 20 000 ou 15 000 francs guinéens par trimestre. Parfois, nous constatons que la boutique est fermée et, si nous convoquons l’intéressé, il préfère soudoyer l’agent plutôt que de payer l’administration, en invoquant des alibis et en faisant des promesses. C’est pourquoi la mairie sortante a préconisé de donner ce marché de Cosa en bail. Vu que le marché est vide et que les abords sont encombrés, ils louent parfois à certains pour 400 000 francs guinéens et refusent de nous verser les redevances qui devraient contribuer au paiement des écoles, des douches et des hôpitaux. »
Face à la conviction des commerçants de la privation des lieux, le responsable communal explique :
« J’ai été inspecteur général adjoint de la décentralisation. J’ai parcouru les 303 communes rurales de Guinée et les 41 communes urbaines de l’intérieur. Tous les marchés créés le sont à l’initiative d’un notable ou de notables qui décident de consacrer un espace à un marché.
Nos femmes souffrent, nos enfants souffrent de quitter cet endroit pour aller jusqu’à Matoto. J’ai cet espace, je vous le donne, faisons-en un marché, et cela suit un morcellement et une affectation à la population.
Le marché du lot 55, par exemple, on parle de 2 hectares. Allez-y voir, le marché ne fait pas 2, 3 ou 4 parcelles collées. Et ce sont là les problèmes de la décentralisation. L’État a créé la décentralisation, mais d’autres se sont enrichis au détriment de l’État. Nous avons pour mission de récupérer ces domaines et de les remettre dans le giron de l’État. »
Après avoir encaissé un premier versement, le maire se dit incapable de faire marche arrière.
« Je confirme que c’est par manque de rentabilité. Ce marché, si ce bail est réalisé, nous avons conclu un avenant que nous avons discuté entre le conseiller, les techniciens, le preneur et ses avocats. Nous pouvons percevoir 85 millions de francs guinéens par mois avec un marché modernisé où le bailleur met 65 milliards de francs guinéens à la disposition de la collectivité. Et le bailleur lui-même s’engagera à proposer un édifice semblable (en montrant une maquette de construction). Non, pourquoi ? Parce que nous avons reçu de lui un milliard en caution. Est-il question de décourager les opérateurs économiques ou de les encourager à venir gérer d’autres marchés ? », a-t-il ajouté pour conclure sur ce sujet.
Marie Mayi CISSÉ