Conakry : dix mois sans eau à Hèrèmakonon, les habitants à bout de patience

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Depuis près de dix mois, l’eau ne coule plus des robinets à Heremakonon, un quartier de la commune de Matam à Conakry. Privés d’un approvisionnement de la société des eaux de Guinée (SEG), les habitants se tournent vers des forages privés où l’attente est interminable et les tensions fréquentes. Alors que le ramadan approche, l’inquiétude grandit parmi la population.

Dans cette lutte quotidienne, ce sont les femmes qui sont en première ligne. Elles se lèvent à l’aube pour tenter de remplir quelques bidons.

Yakha Soumah, une résidente du quartier, décrit le calvaire : « Nous avons un réel problème d’eau dans notre quartier. On se réveille à 3h du matin pour aller chercher de l’eau. Nous sommes très inquiets avec le ramadan qui se rapproche, car avec cette difficulté, on ne pourra même pas manger à l’aube. ».
D’autres habitants estiment que la crise de l’eau dure depuis encore plus longtemps.
Diaka Bérété affirme que les difficultés ont commencé après la pandémie de Covid-19 : « Depuis l’arrivée du Covid-19, cela fait maintenant cinq ans qu’on n’a pas d’eau ici. On a tout tenté, mais rien n’a changé. Avant, l’eau coulait des robinets, mais depuis que le président Alpha Condé a annoncé la gratuité des factures d’eau et d’électricité pendant la pandémie, nous n’avons plus rien eu. »
Bountouraby Yansané, une autre habitante, vient de rentrer d’un forage après trois heures d’attente sous un soleil brûlant. Bassine vide en main, elle exprime sa frustration :
 » Il y a de l’eau à droite et à gauche, mais il n’y en a pas à Heremakonon, quand on sort chercher de l’eau pour nos tâches ménagères on n’en trouve pas. Que le Général Mamady Doumbouya et le directeur chargé des eaux nous aide. Nous avons mené des démarches auprès de la SEG pour cette affaire d’eau, mais chaque fois ils nous font tourner en disant de partir que l’eau viendra dans les robinets, mais on ne voit rien du tout. »
Adama Bangoura, dont le domicile dispose d’un puits, explique que l’eau qui y est recueillie ne suffit même pas pour les besoins de base. Avec le ramadan qui approche, l’inquiétude est palpable :
 » Ça va faire bientôt un an qu’on n’a pas d’eau ici, notre robinet est sec comme le désert. Le ramadan arrive, pour trouver de l’eau on doit traverser l’autoroute pour aller dans les quartiers voisins, la peur de se faire renverser est là. Le jeun est difficile, vouloir traverser l’autoroute encore pour chercher de l’eau c’est extrêmement compliqué, on souffre à Heremakonon. »
Face à cette situation, les habitants expriment leur exaspération et dénoncent l’inaction des autorités. Selon eux, quelques citernes d’eau envoyées ponctuellement ne suffisent pas à soulager la souffrance du quartier :
 » Le chef de quartier a fait beaucoup d’effort dans ce problème d’eau, parfois ils envoient 3 citernes d’eau pour approvisionner les gens mais c’est pas suffisant. Ça va faire bientôt 10 mois que l’eau de robinet a disparu ici, il y a des tuyaux partout mais on ne sait pas à quoi ça sert. Chaque fois les femmes se rassemblent pour sortir manifester, mais on les sensibilise, sinon elles auraient manifester depuis longtemps », confie une résidente.
Comme si cela ne suffisait pas, l’électricité fait aussi défaut, rendant l’accès à l’eau encore plus compliqué.

Kadiatou Traoré
fulmine :  » On n’a ni eau ni courant, le foutu courant même vient de partir encore. On est très en colère contre cette situation parce qu’on souffre, je ne parle pas des autres quartiers mais à Heremakonon c’est la souffrance totale. »
Fatoumata Gassama, responsable des femmes du quartier, lance un appel pressant aux autorités : « Que les autorités nous aident pour ce problème d’eau, sinon Heremakonon souffre plus que toutes les autres localités de la Guinée. Les forages privés qui nous aident, il n’y a pas de courant pour les alimenter. Chaque fois quand les femmes sont regroupées là-bas pour avoir de l’eau, le courant s’en va et elles se mettent à se battre entre elles, parfois si on intervient pas ça dégénère. L’être humain fait tout avec l’eau, sans eau c’est compliqué. Le Président sait que si le ramadan arrive dans les conditions ça sera un grand problème, ça va faire 10 mois qu’on vit cela, on n’en peut plus. Mamadi Doumbouya doit nous aider. »
En attendant une solution durable, les habitants de Heremakonon continuent de jongler entre les forages privés et les vendeurs d’eau ambulants. Entre patience et colère, ils espèrent toujours que leurs robinets se remettront à couler.
Ahmed Sékou Nabé

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