72h après la démolition de Belvédère: «on ne peut rien, on est obligés d’accepter» (victime)

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Le Belvédère qui accueillait jusqu’au week-end dernier divers spectacles n’est plus qu’une ruine ce matin. À la devanture, une clôture avec des portes et des grillages arrachés et emportés par des jeunes en colère dans la journée du dimanche dans un tohu-bohu dans la journée du dimanche 16 février 2025, vous accueille. Ce matin encore, les anciens travailleurs de cet espace s’activent pour enlever la charpente du pavillon principal et les autres composantes qui peuvent encore servir à quelque chose.

Aux alentours de cette grande cour, les ateliers de menuiserie ou de sculpture sont méconnaissables ce matin. Les dizaines de jeunes qui s’y débrouillaient pour gagner leur quotidien sont déboussolés, meurtris et se demandent encore comment joindre les 2 bouts.

À en croire ces déguerpis, ils avaient reçu un délai de 72 heures mais malheureusement ce délai  n’a pas été respecté, tout est parti très vite. Dans la foulée, un travailleur nous a laissé entendre que tout a commencé dans la nuit de samedi à dimanche. «Ils sont venus à 3 heures du matin et ont dit de tout démonter. Donc, on est resté dans cette discussion jusqu’à 10h. Après le maire et le directeur de la DATU sont venus, la machine est entrée en action, ils ont commencé à déguerpir. On dirait, nous ne sommes pas dans un pays de droit, pas de modération dans ce qu’ils font. Moi je suis là depuis 2005, d’autres sont là depuis 2010. Nous n’avons rien d’autre comme boulot, nous sommes préoccupés à avoir quoi faire. L’État aurait pu avoir pitié des travailleurs qui sont tous des Guinéens. Le propriétaire est un étranger, il n’est même pas là, il est parti pour se faire soigner», a-t-il indiqué sous couvert d’anonymat.

Pour sa part, Moussa Condé, technicien, avec 10 apprentis ouvriers, déplore le non-respect de l’ultimatum de 72 heures. «C’est ça qui nous a fait du mal, c’est ce qui a fait  qu’on a perdu. Mais avec tout ça, on ne peut rien, on est obligé d’accepter, parce que l’aménagement c’est bon pour tout le monde, c’est pas seulement une seule personne. Et nous tous qui sommes là-bas, on gagne nos pains, on ne va pas insister pour dire qu’on ne peut pas quitter là-bas. Et c’est un lieu de l’Etat, on est obligé d’accepter et de quitter. On ne peut pas faire des choix là-bas, vu le plan qu’ils ont, si c’est réalisé là-bas, je pense que c’est toute la nation qui va en bénéficier», a-t-il déploré.

Après 2 décennies d’existence sur les lieux et malgré les pertes subies, ce technicien polyester qui confectionne des pirogues, des statues et d’autres objets d’art s’en remet à la volonté de Dieu.

«Tu sais, quand on gâte l’atelier que tu as fait, plus de 20 ans où tu es installé, on vient le casser là-bas, à ton insu. Il y a des machines qui vont être perdues, il y a des matériels qui vont être perdus. Bon, avec tout ça là, on va laisser tout à Dieu. Mais on a perdu à peu près 65.000.000  de francs guinéens», dit-il.

Mamadou Yaya Barry 

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