Thierno Sidi Bah, PDG Yunma Solar : « j’ai vu beaucoup d’installations ici en Guinée qui ne sont pas dans les normes »

Après une décennie d’expériences dans le domaine des panneaux solaires aux États-Unis d’Amérique, Thierno Sidi Bah, technicien certifié en énergies renouvelables, a décidé de revenir en Guinée pour mettre son expertise au service de son pays.

Tout est parti d’une ambition : aider la Guinée à se hisser au même niveau d’évolution en matière d’énergie renouvelable que les autres nations, pour ne être à la traîne. C’est ainsi qu’il a créé la société Yunma Solar, agréée par l’Agence de Promotion des Investissements Privés (APIP).

Dans sa démarche, Thierno Sidi Bah prévoit de transmettre ses connaissances aux étudiants des établissements d’enseignement professionnel afin de leur offrir une meilleure compréhension des panneaux solaires, son domaine de spécialisation :

« Ce que je veux faire, c’est enseigner de la façon dont j’ai appris, parce que j’ai vu beaucoup d’installations ici qui ne sont pas dans les normes selon mes connaissances. Je veux travailler avec les écoles d’ici qui enseignent les énergies renouvelables aux élèves, faire la pratique avec eux parce que la plupart ont déjà appris la théorie. Je peux être un consultant qui donnera des conseils sur tout ce qui est panneaux solaires, je peux envoyer des produits de panneaux qui sont certifiés, je peux aussi travailler avec des compagnies déjà sur place pour un échange de compétences. »

Lors de ses séjours annuels en Guinée, qu’il passe en famille, Thierno Sidi Bah évalue les progrès réalisés par les techniciens locaux dans le domaine des panneaux solaires. Cependant, ses observations soulignent plusieurs insuffisances.

« En tant que professionnel, j’ai vu des panneaux solaires qui sont positionnés sur des toits mais ne font pas face directement aux rayons de soleil qui doivent être perpendiculaires aux panneaux, parce que si ce n’est pas perpendiculaire ça ne va pas donner ce que tu veux. Deuxième, il faut voir où ça fait face, parce que toute l’année, la terre bouge, il faut que tu calcules cela pour que les batteries se remplissent rapidement. J’ai vu aussi des installations où les batteries ne sont pas dans un lieu sécurisé et ce n’est pas aéré, on peut le faire parce qu’on croit que ça produit, mais des fois ce n’est pas bon, il faut que ça se ventile. Et aussi il y a la qualité des matériaux utilisés, parce que quand tu vois la rouille sur les installations, c’est pas bon. Tout ça doit être calculé quand tu fais des installations, ça doit être dans les normes, par exemple quand c’est près de la mer, tu dois savoir qu’avec le vent et le sel qui vient avec, il y aura l’oxydation », a-t-il déclaré dans une interview qu’il a accordée samedi, 11 janvier dernier à MediaGuinee.

Reconnu comme technicien certifié aux États-Unis et invité dans plusieurs conférences internationales, Thierno Sidi Bah a eu l’idée de réaliser un projet d’installation solaire à l’aéroport international Ahmed Sékou Touré de Conakry, inspiré par des exemples similaires : « J’étais dans une conférence à New York et il y a une personne qui m’a montré des installations de panneaux solaires qu’ils ont mis à l’ambassade des États-Unis au Burkina Faso. J’ai demandé, avec ces installations, quelle capacité on peut avoir à l’aéroport Ahmed Sékou Touré. Il a calculé : on peut avoir 1,2 à 1,3 mégawatts uniquement avec l’espace du parking où les voitures stationnent. C’est le potentiel qu’on a là-bas. »

Cependant, pour concrétiser ce projet, une amélioration du réseau électrique national géré par l’Électricité de Guinée (EDG) s’avère nécessaire.

« La première des choses, d’abord, c’est le réseau. Tu ne peux pas ajouter quelque chose si le réseau n’est pas bien adapté, il faut un réseau smart (intelligent). », indique-t-il.

Pour Thierno Sidi Bah, l’objectif principal est la formation des jeunes plutôt que la recherche de profits immédiats. Il préfère débuter avec des projets à petite échelle en collaboration avec des particuliers.

« Je veux essayer de travailler avec les particuliers d’abord parce qu’avec eux, ce n’est pas trop grand et tu peux aussi apprendre aux jeunes comment le faire. Après cela, on essayera de faire des champs solaires », assure-t-il.

Avec une vision claire et des ambitions concrètes, Thierno Sidi Bah incarne l’espoir d’un avenir énergétique durable pour la Guinée.