La rupture constitutionnelle de septembre 2021 a profondément modifié le paysage politique guinéen, marquant un tournant dans l’histoire du pays. Ce projet de transition, initialement accueilli avec une grande attente, semble se heurter à de nombreuses difficultés. Plusieurs questions surgissent aujourd’hui quant à la portée des promesses des autorités de la transition, notamment celles liées à la refondation et au rassemblement. Les valeurs de justice, d’équité et de gouvernance vertueuse, qui fondent la philosophie des autorités actuelles, semblent avoir perdu de leur substance. Les défis liés à l’instauration d’une justice impartiale et d’une gouvernance qui favorise le développement demeurent énormes.
La Guinée, encore marquée par de longues périodes de turbulences politiques, a besoin de paix, de stabilité et surtout de développement. Chaque instant doit être saisi avec détermination, chaque occasion doit être utilisée pour maximiser les bénéfices possibles pour le peuple guinéen. Il est insupportable de constater que certaines pratiques qui ont conduit à l’échec du passé continuent d’être rééditées, compromettant ainsi tout espoir de véritable changement.
Face à cette situation, un devoir patriotique nous incombe à tous, notamment aux dirigeants actuels. Il est urgent d’engager une réflexion profonde sur les choix à faire pour le bien de la République. La responsabilité historique doit guider chaque décision. Cette responsabilité s’accompagne d’une exigence fondamentale : le respect des engagements pris envers le peuple. L’histoire retiendra de cette transition si elle a permis ou non de redonner à la Guinée son pouvoir souverain, et si elle a offert aux Guinéens l’opportunité de décider librement de leur avenir.
Cela nécessite une refonte des pratiques politiques, un renouveau moral et un engagement sincère à instaurer une justice sociale qui dépasse les divisions partisanes. Les autorités de la transition ont la lourde tâche de construire un cadre de gouvernance transparent et inclusif, où les Guinéens, tous sans exception, se sentiront réellement représentés.
Le Président de la Transition s’adressera à coup sûr au peuple de Guinée à la fin de l’année, un des grands défis de cette transition est la reconstruction de la confiance entre les dirigeants et la population. Les Guinéens, après des décennies de déceptions, attendent des actes, pas seulement des promesses. Il est désormais essentiel que les dirigeants fassent preuve d’un sens aigu de la responsabilité et de la transparence. Le chef de l’État et ses collaborateurs doivent se rappeler que le pouvoir ne leur appartient pas : ils sont les gardiens de la ‘’volonté’’ du peuple et doivent agir en conséquence. Le peuple guinéen a soif de justice, de progrès et de dignité, et c’est à travers un leadership éclairé, fondé sur le respect des principes démocratiques, que cette soif pourra être étanchée.
Le respect des engagements politiques, la mise en place d’une justice indépendante et la promotion de la bonne gouvernance seront les bases solides sur lesquelles la nouvelle Guinée pourra se construire. Mais pour que cela soit possible, il faut d’abord que la volonté de changement soit véritablement sincère et que les ambitions personnelles ne dominent pas l’intérêt collectif.
La Guinée, malgré les turbulences, a un immense potentiel. Ses ressources naturelles, sa jeunesse dynamique et son histoire riche sont autant de atouts qu’il convient de mettre en valeur. Ce pays a tout pour être un modèle de prospérité en Afrique, mais cela ne sera possible qu’à condition que tous, dirigeants et citoyens, s’engagent dans une démarche collective. La refondation de l’État, l’instauration de la justice sociale, et la promotion d’une économie prospère ne peuvent se faire sans la participation active de tous les Guinéens.
Le rêve guinéen n’est donc pas perdu car une Guinée nouvelle est possible, il dépend de la capacité des autorités à écouter et à comprendre les aspirations profondes du peuple. Cela requiert un véritable changement dans la manière de gouverner, où l’intégrité, la compétence et le sens du service public devront primer. C’est ainsi que la Guinée pourra se remettre sur le chemin de la prospérité, en transformant les échecs passés en opportunités de renouveau.
La Guinée est à la croisée des chemins. Le peuple guinéen aspire à un avenir meilleur, mais pour y parvenir, les autorités doivent assumer pleinement leur responsabilité historique. Il est encore temps de redonner au peuple guinéen sa souveraineté, de lui permettre de choisir son avenir et de lui offrir l’opportunité de fonder un pays qu’il pourra enfin considérer comme un modèle de paix, de stabilité et de prospérité. La transition actuelle doit être l’occasion de poser les bases d’un avenir commun où chaque Guinéen pourra se sentir fier de son pays, de ses dirigeants et de sa nation.
Souleymane Dounoh Keita