Drame de N’zérékoré : le CNOSCG “déplore la diffusion de chiffres fantaisistes”… et la non-prise de “sanction pour rassurer les victimes”
Dans un communiqué plein d’informations signé de Gabriel Haba, secrétaire exécutif, le Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne (CNOSCG) a déploré vendredi qu’aucune sanction, même disciplinaire n’a été prise pour rassurer les victimes et leurs proches suite au drame survenu au stade de N’zérékoré faisant au moins 56 morts et plusieurs blessés. La structure a également pointé « la diffusion de chiffres fantaisistes sur le nombre de victimes, sans rigueur ni professionnalisme ». « Cette guerre de chiffres, souligne le CNOSCG, alimente la confusion, exacerbe les tensions et détourne l’attention de l’opinion, des véritables priorités ». Communiqué…
Le 1er décembre 2024, en lieu et place d’une journée sportive, de cohésion et d’unité citoyenne, la ville de N’Zérékoré a connu une journée de douleur, de choc et de tristesse, suite aux évènements tragiques survenus lors de la finale du tournoi de football dit « de la refondation », opposant les équipes de Labé et de N’Zérékoré. Une perte brutale de plusieurs vies humaines qui suscite une vive émotion dans tout le pays, plongeant la nation entière dans le deuil, avec des blessés et des dégâts matériels considérables.
Le Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne (CNOSCG), au nom de ses démembrements et réseaux membres, adresse ses sincères condoléances aux familles endeuillées ainsi qu’à tout le peuple de Guinée. Il exprime également ses vœux de prompt rétablissement aux blessés. Cependant, après Cinq jours de ce drame, il est regrettable de constater qu’aucune sanction, même disciplinaire n’a été prise pour rassurer les victimes et leurs proches, en attendant les résultats des enquêtes en cours. Cette inaction, reflète un manque de courage et de responsabilité et inquiète toute l’opinion publique quant au sort des victimes.
Les premiers éléments d’information dénotent des défaillances liées au sous effectif des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), des dysfonctionnements notoires à l’intérieur du stade, et un manque de vigilance autour de celui-ci.
Des témoignages indiquent que les premiers jets de pierres provenaient de l’extérieur du stade, révélant un problème de gestion des périmètres sécuritaires. Ces lacunes interrogent la capacité de nos Forces de Défense et de
Sécurité à encadrer efficacement des événements sportifs et culturels, et interpellent l’État sur sa responsabilité de renforcer ces compétences.
Le CNOSCG déplore par ailleurs, la diffusion de chiffres fantaisistes sur le nombre de victimes, sans rigueur ni professionnalisme. Cette guerre de chiffres alimente la confusion, exacerbe les tensions et détourne l’attention de l’opinion, des véritables priorités.
De même, il condamne fermement les propos haineux, incendiaires et des tentatives de manipulations politiques qui, au lieu de favoriser l’apaisement, attisent les divisions et fragilisent davantage le tissu social.
Ce drame ne doit pas être utilisé pour des règlements de comptes ou une opportunité de surenchère politique. La région de N’Zérékoré, déjà marquée par un passé conflictuel, nécessite aujourd’hui plus que jamais des actions favorisant la paix, le dialogue et l’unité nationale.
Pour des mesures concrètes et une gestion responsable de la crise, le CNOSCG invite les autorités à :
✓ Organiser une journée nationale de prière et de recueillement en hommage aux victimes, renforçant ainsi l’unité nationale, le respect dû aux disparus et de la dignité humaine ;
✓ Veiller à ce que les enquêtes soient rigoureuse, indépendante et transparente dans un délai raisonnable pour vite établir les responsabilités et sanctionner les coupables ;
✓ Veiller à l’effectivité de la prise en charge de tous les blessés et à leurs accessibilités aux meilleures conditions de traitements ;
✓ Apporter un soutien matériel et moral aux familles endeuillées, afin de les accompagner dans cette douloureuse épreuve.
✓ Renforcer les capacités des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) pour une gestion efficace des manifestations et les mouvements de masse, dans le strict respect des droits humains et des normes internationales ;
✓ Garantir une gestion transparente de cette crise, en évitant toute récupération ou politisation qui pourrait aggraver les tensions ;
✓ Améliorer les infrastructures des lieux de rassemblement, en multipliant les issues pour prévenir tout risque de bousculade.
Aux acteurs sociopolitiques, d’éviter tout propos tendant à créer de la panique et à raviver les tensions.
Le CNOSCG exhorte toute la population à faire preuve de sérénité, de vigilance et à se méfier de tout acte ou propos susceptibles de compromettre la paix sociale et le vivre-ensemble. Il en appelle à la solidarité nationale et à l’unité pour traverser cette épreuve et construire un avenir commun fondé sur la justice, la paix et l’harmonie.
Le CNOSCG invite les ONGs et les institutions indépendantes désireuses à se joindre à lui pour déployer une enquête indépendante afin de déterminer le nombre exact de mort, les causes réelles et les circonstances qui ont entrainé ce drame, en vue d’aider à la manifestation de la vérité des faits.
Paix aux âmes des disparus !
Fait à Conakry, le 05 décembre 2024