Démantèlement des zones criminogènes : « les Sierra-Léonais qui ne sont pas en conflit avec la loi, on ne les touche pas » (PG Fallou)
La vaste opération de démantèlement des zones criminogènes du grand Conakry et l’interpellation des certains occupants suspects déclenchée par le parquet général près la Cour d’Appel poursuit son cours normal.
Ce mardi 17 décembre, les agents de la police et de la gendarmerie, des officiers de police judiciaire, le parquet de Dixinn et le Procureur Général près la Cour d’Appel de Conakry ont rasé complètement la zone jugée criminogène de la Cité de Nongo. Toutes les maisons de fortune en tôles et en bois ont été systématiquement démolies par les machines. Cette fois-ci l’Ambassade de la Sierra Léonine en Guinée a assisté à l’opération de cette grande zone qui s’étend sur plusieurs ruelles derrière les clôtures des villas à la ronde.
Sur les lieux, plusieurs familles sont encore visibles en compagnie de leur bagages composés des matelas, des lits et des ustensiles des cuisines. À chaque issue, des agents de la police ou de la gendarmerie sont postés pour contrôler minutieusement les personnes qui rentrent dans la zone où qui en sortent.
Étant le coordonnateur de l’action publique dans le ressort de la Cour d’Appel de Conakry, Fallou Doumbouya Procureur Général, a laissé entendre que le travail s’effectue normalement avant de revenir sur les faits.
«Je tenais à vous rappeler qu’hier pendant la nuit on a été informé par les services de renseignement qu’il y a eu une attaque à main armée dans cette zone. Alors j’ai donné des instructions fermes aux responsables régionaux de la police et de la gendarmerie de procéder au démantèlement systématique de cette zone criminogène. Au niveau de cette zone, il n’y a pas que que des Sierra-Léonais. 95% de ceux-là qui habitent cette zone c’est des Guinéens, certains de ces Guinéens sont déjà interpellés, la procédure va être déférée bientôt au niveau du parquet du tribunal de première instance de Dixinn. Ce qui fait que nous nous sommes fait accompagner par le substitut du procureur près le tribunal de première instance de Dixinn qui est le directeur des enquêtes, pour éviter qu’il y ait des violations des droits de l’homme pendant la procédure», a-t-il déclaré.
L’empereur des poursuites de poursuivre : «ceux-là qui vivent ici, qu’ils soient des Guinéens ou des non-Guinéens dans les 440 zones criminogènes de grand Conakry, des îles de Loos jusqu’à Manéah, ces personnes seront déguerpies, que ces personnes soient des mineurs, qu’elles soient des femmes, qu’elles soient des hommes, qu’elles soient des Guinéens ou des non Guinéens, ces personnes seront déguerpies».
À en croire le Procureur général près la Cour d’Appel de Conakry, cette opération se poursuivra dans toutes les régions relevant du ressort de sa juridiction.
«Nous allons déployer des efforts pour que nous vivions dans la paix et l’ordre dans le ressort de la Cour d’Appel de Conakry. Quand je parle de l’essor de la Cour d’Appel de Conakry, après l’étape de Conakry, nous allons enchaîner avec celle de la région administrative de Kindia, de Boké, de Mamou et de Labé, parce que dans toutes les zones de son ressort la consommation de la drogue se fait à ciel ouvert au vu et au su de tout le monde et personne n’agit. C’est pourquoi ce n’est pas Conakry seulement et je pense qu’en dehors de Conakry il n’y a qu’exclusivement des Guinéens. Donc je voudrais que l’Ambassade de la Sierra Leone qui est présente ici sache que cette opération ne vise pas les Sierra-Léonais mais elle vise toutes les personnes qui habitent dans les zones criminogènes. Vous allez constater que dans les quartiers où il y a des Sierra-Léonais qui ne sont pas en conflit avec la loi on ne les touche pas mais toutes les personnes qui sont dans une zone criminogène, rassurez-vous que la loi va être appliquée à l’égard de tout le monde».
Invité par le Procureur général à veiller à ce que cette zone ne soit pas de nouveau occupée, le président de la délégation spéciale de la nouvelle commune de Lambanyi, Fafa Bira Mara promet de s’impliquer pour éviter que cela n’arrive.
« Vous savez l’administration est une continuité, je suis installé à cette fonction depuis le mois d’avril 2024 et cette cité existait déjà. Elle a été démantelée mais cette fois-ci je vous donne l’assurance que nous allons avoir l’œil là-dessus afin de veiller, superviser et même surveiller. Nous avons des chefs secteurs et des chefs de carré, soit ils font le travail pour lequel ils ont été nommés ou on les remercie pour prendre d’autres», a-t-il déclaré.
Pour finir Oumaru Sita Touré, attaché de presse à l’ambassade de la Sierra Leone en Guinée, qui a effectué le déplacement pour représenter l’ambassade aux côtés des Sierra Léonais, afin de voir ce qui se passe et de rencontrer également ses concitoyens présents sur les lieux, a laissé entendre ceci : «Nous sommes venus ici parce qu’il y avait des événements qui se déroulaient, et nous ne sommes pas au courant depuis le début. Nous sommes ici aujourd’hui pour veiller à ce que ce genre de situation ne se reproduise pas, pour prendre les Léonais et les retourner directement en Sierra Leone. La Sierra Leone et la Guinée, nous sommes de la même famille. Nous ne voulons pas qu’on refoule les Léonais en Guinée. Ici à Nongo, il y a seulement un petit nombre de Léonais. Les autorités en charge du déguerpissement nous disent qu’il y a 95 % de Guinéens dans cette zone, et seulement un peu de Sierra Léonais. Donc, ils vont nous remettre les Sierra Léonais et nous les emmènerons à l’ambassade. Nous sommes convaincus que ce ne sont pas seulement nos citoyens qui sont déguerpis dans ces zones.(…) S’il y a des lieux qui ne sont pas en sécurité et que les autorités guinéennes prennent leurs responsabilités pour éradiquer cela, nous sommes d’accord avec cette initiative. Là où nous ne sommes pas d’accord, c’est de prendre des Sierra Léonais et de les renvoyer en Sierra Leone, non. Nous ne sommes pas d’accord avec cela. Pour moi, il n’y a pas de frontières entre la Guinée et la Sierra Leone, nous sommes de la même famille».
Mamadou Yaya Barry