Le leader politique Dr Faya Lansana Millimouno a exprimé de vives critiques à l’égard de la gestion de la décentralisation par le CNRD, notamment la procédure d’installation des présidents de district et de quartier.
Dans une interview qu’il a accordée vendredi 6 décembre dernier à la presse, le président du Bloc Libéral (BL) a déploré le processus qui, selon lui, révèle un mauvais choix de la part des autorités actuelles et manque de transparence.
Pour comprendre ses reproches, dit-il, qu’il est nécessaire de remonter à l’histoire politique récente de la Guinée. Dans sa communication, il a rappelé un moment clé du dialogue politique qui a eu lieu au Palais du Peuple, entre l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) et le gouvernement en place à l’époque. Ce dialogue avait permis la mise en place d’une loi qui, selon Faya, n’a pas bénéficié au pays. Il s’agissait de la loi sur la nomination des chefs de quartier et des présidents de districts, un mécanisme qui est à la base des dysfonctionnements observés aujourd’hui.
Une procédure qui exclut la démocratie à la base
Dr Faya Millimouno a rappelé qu’il avait déjà exprimé ses réserves lorsqu’il Mory Condé, à l’époque ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation occupait la tête de ce département. » Devant Mory Condé j’ai souligné l’impossibilité de mettre en place une telle procédure de nomination des autorités locales sans compromettre les principes démocratiques. Parce que, la vraie démocratie, c’est celle qui est vécue à la base, au cœur des communautés », a-t-il insisté.
Selon lui, les remous observés dans certaines régions du pays, où les populations rejettent les présidents de districts et les chefs de quartiers nommés, illustrent l’échec de cette approche. Le leader du Bloc Libéral n’a pas hésité à comparer cette situation à celle du régime du PDG. À l’époque, les élections locales se déroulaient d’une manière plus directe et inclusive. Les candidats se présentaient devant la population, et c’était cette dernière qui, à travers une procédure simple mais authentique, désignait le maire ou les autres responsables locaux. « On allait sur le terrain, et on disait qui veut être maire ? Tu lèves la main, on te place à un endroit, et on demande s’il y a un autre concurrent. Les populations se mettaient derrière celui qu’elles voulaient voir à la tête de leur localité », a-t-il raconté. Il a souligné que ce processus permettait de voir, sur place, qui avait la popularité et la légitimité de la communauté.
En revanche, aujourd’hui, déplore-t-il, les noms des présidents de districts et des chefs de quartiers sont choisis sans que la population ait son mot à dire. « Aujourd’hui, on veut tout ramener au bavardage et à la sélection de gens dont on ignore même les origines », a-t-il affirmé. Pour lui, ce système est non seulement inapproprié, mais il mène également à un échec du processus de décentralisation.
Le CNRD s’est mal dévoilé aux Guinéens
Au-delà de la question des nominations, Dr Millimouno a également critiqué la manière dont le CNRD a géré la transition politique. Selon lui, le CNRD a mal agi en se présentant comme une autorité capable de diriger le pays après avoir pris le pouvoir par la force. « Ils sont venus par les armes. On les a acceptés, on leur a donné une chance. Ils nous ont dit qu’ils allaient faire des réformes, mais rien n’a été fait », a-t-il déploré, estimant qu’il est temps de repenser les modalités de gouvernance et de rétablir un véritable cadre constitutionnel.
Un appel à une véritable démocratie locale
Devant des journalistes, Dr Faya Millimouno a réaffirmé l’importance d’une démocratie véritablement participative, fondée sur la volonté des populations locales. Il a insisté sur le fait que, dans tous les villages du pays, les gens connaissent bien les rôles de chacun et que la désignation des responsables doit se faire en respectant cette réalité.
« Les gens qui vivent dans ces villages depuis des siècles savent qui joue quel rôle. On ne peut pas prendre quelqu’un et le nommer à des responsabilités sans tenir compte de la volonté de la population », a-t-il conclu.
Sâa Robert Koundouno
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