Conakry- An 1 de l’explosion du dépôt de carburant : « s’il n’y a pas d’enquête, il y a risque de récidive » (sinistré)
Le sommeil des habitants du quartier Coronthie situé dans commune Kaloum a été perturbé tard dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023 suite à l’exploitation du dépôt central d’hydrocarbure. La violence des détonations et les débris qui s’abattaient çà et là ont occasionné des pertes en vies humaines, des blessés, des destructions de biens mobiliers et immobiliers dont des habitations. Un an après le drame, les sinistrés s’impatientent de savoir le résultat de l’enquête annoncée par l’Etat. C’est ce qu’a confié à Mediaguinee le président du comité des sinistrés des hydrocarbures de Coronthie Mamoudou Sifo Kê Touré ce mercredi,18 décembre 2024.
« D’abord, cette nuit du 18 décembre 2023 restera à jamais gravée dans nos mémoires, parce qu’il s’agit du plus grave incendie dans notre pays qui, malheureusement jusqu’à ce jour ne connaît pas le résultat des enquêtes. Nous n’avons pas reçu d’enquêteurs et nous n’avons même pas d’information sur l’enquête. Parce qu’ il faut savoir que les premières heures qui ont suivi l’explosion, le gouvernement a clamé un présumé incendie criminel. Une thèse que nous soutenons aussi au niveau des sinistrés. Donc aujourd’hui, nous voulons connaître le résultat de ces enquêtes », a-t-il déclaré.
Pendant que les sapeurs-pompiers et l’équipe de secours s’activaient à venir à bout des flammes et à mettre à l’abri des sinistrés, une chaîne de solidité se dégageait aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Guinée pour soulager les victimes. Des vivres et non vivres, des matériaux de construction, entre autres. Toutes sortes d’aides qui n’auraient pas été totalement remises aux ayants droit à en croire Mamoudou Sifo Kê Touré. Il dénonce une gestion opaque de ce qui leur était prédestiné. « Fort malheureusement, les dons qui ont été mobilisés en notre faveur, il n’y a pas eu de compte-rendu. C’est l’Etat qui donne à qui il veut, quand il veut et comme il veut et surtout à part les vivres que nous avons reçus et quelques montants qu’ils ont remis à nos locataires, tout ce qui est ciment, feuille de tôle, nous n’avons reçu rien absolument. Tout se gère dans une opacité totale et indescriptible…Quand nous prenons l’indemnisation, on remet quelques miettes à nos locataires pour leur dire d’aller chercher des logements. Je me demande nous sommes dans quel monde? En lieu et place d’enquête, en lieu place d’un dédommagement conforme à la loi, on leur demande d’aller chercher des logements. Nous disons non. Il s’agit des sommes qui ne viennent même pas des caisses de l’Etat, ce sont des fonds qui viennent des donateurs. Ce sont des simples dons, vous ne pouvez pas donner ça à des locataires et leur dire d’aller chercher des logements. Pourquoi? Et l’indemnisation doit se faire par voie de paiement financier au prorata du préjudice subi. Ce sont des dommages qui doivent être remboursés. On ne peut pas utiliser un montant en pareille situation pour dire que c’est pour aller chercher un logement. Nous ne discutons pas du relogement ou du recasement. Il faut que cela soit clair. Il y une phase préalable qui est là qui ne peut passer inaperçue, c’est la phase d’enquête. Il faut que l’enquête se fasse et que les responsabilités soient situées pour le bien de la république parce qu’il s’agit du plus grand incendie dans notre pays. Nous souhaitons toute la lumière sur ces événements. Parce que cela est éthique, cela crédibilise l’action gouvernementale mais cela permet aussi d’effacer pas totalement mais d’amoindrir les douleurs des familles des victimes parce qu’il s’agit de plusieurs dizaines d’âmes perdues, y compris les dégâts matériels indescriptibles que nous avons subis sans avoir même la moindre condoléance à Coronthie ici. Nous n’avons reçu aucune autorité venue présenter les condoléances à Coronthie. Tout s’est limité à la RTG et sur Facebook ».
Dans certains endroits visités par notre reporter, des travaux de rénovation et ou de reconstruction sont bien visibles dans le quartier Coronthie alors que notre interlocuteur soutient n’avoir pas bénéficié d’aide de la part de l’Etat. Interpellé sur la question, Mamoudou Sifo Kê Touré a tenté d’expliquer l’origine des fonds investis et la raison de ces travaux. « Quand nous avons compris qu’il y avait une volonté réelle de spoliation des biens, nous avons décidé à travers le comité des sinistrés que je préside avec la bénédiction des sages d’engager les travaux nous-mêmes. Il n’y a pas un centime de l’Etat ici. D’autres ont contracté des prêts, à certains endroits c’étaient des cotisations familiales. C’est ce qui nous a permis de rester à Coronthie jusqu’à ce jour. Mais, pour les concessionnaires encore une fois, l’Etat n’est pas venu à leur secours. On parle toujours de bail-partage qu’on veut nous imposer en lieu et place d’enquête, d’indemnisation et de restitution de nos dons. Pourtant, tout ce que nous demandons, c’est pour le bonheur de la république tout entière. S’il n’y a pas d’enquête pour situer les responsabilités, il y a risque de récidive. Et quand les dons qui ont été mobilisés en notre faveur ne sont pas restitués telles que les centaines de tonnes de ciment et des feuilles de tôles que nous n’avons pas reçues en cas de catastrophe, personne n’aidera la Guinée », prévient le président du comité des sinistrés des hydrocarbures de Coronthie.
Saidou Lébêré
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