Exportation de la bauxite : le vent en poupe, CDM sur le point de réaliser le pari de 10 millions de tonnes en 2024
Le 4 octobre 2024, la Guinée et la Chine ont atteint une nouvelle dimension dans leur histoire commune en célébrant le 65ème anniversaire du rétablissement de leurs relations diplomatiques. Ce partenariat qui s’impose comme une référence en Afrique au sud du Sahara, a su se vivifier en développant la coopération dans plusieurs secteurs stratégiques tels que l’éducation, la santé, l’énergie, la construction des infrastructures, les mines. Parmi ces domaines, le secteur minier est celui qui a connu, durant ces deux dernières décennies, une véritable révolution grâce à l’arrivée remarquable de capitaux chinois.
De 2008 à 2017, cette présence chinoise s’est concrétisée par l’entrée en scène des mastodontes comme Chalco; China Power Investment (CPI) ou encore la Compagnie de Développement des Mines Internationales (CDM).
Justement en parlant de CDM, il faut préciser, qu’elle est une filiale de CHICO, une entreprise publique chinoise basée dans la province du Henan. En mai 2008, la CDM s’est installée à Conakry et, deux ans plus tard, précisément en octobre 2010, elle a bénéficié d’une concession pour l’exploitation d’une mine de bauxite dans les préfectures de Boké et de Télimélé. Cette mine qui s’étend sur 488 kilomètres carrés, recèle environ 1,5 milliard de tonnes de bauxite de type gibbsite, avec une teneur moyenne en alumine de 40,79%. La CDM qui a effectivement lancé sa production en mars 2017, emploie actuellement 1 403 personnes dont 1 273 Guinéens. Soit environ 90% des effectifs opérationnels sur le terrain.
En ce qui concerne la production, l’entreprise a, durant les huit premiers mois de 2024 (de janvier à aôut), exporté 6,82 millions de tonnes de bauxite. Avec pour projection de porter ses exportations à 10 millions de tonnes d’ici la fin 2024.
Exploitation de la mine, quid du respect des normes environnementales par la CDM ?
Comme toute société minière qui se veut vertueuse vis-à-vis de l’environnement, la CDM a créé un département Hygiène, Sécurité, Santé et Environnement (HSSE). D’après le Directeur général de la CDM que Guinéenews a récemment rencontré à la base vie de Filbowal, situé à environ 50km de la commune urbaine de Boké, ce département qui compte en son sein près de 100 professionnels, est chargé de surveiller en permanence la sécurité, la santé et l’environnement des mines, des routes et des communautés.
Au-delà de ces tâches dévolues aux agents au quotidien dans ses zones d’intervention, la CDM a recours à de nouvelles techniques de production en utilisant les machines d’extraction. Ces procédés permettent, explique Yaffa Sékou Sylla, le DG, de réduire les nuisances sonores, les vibrations et la poussière…
Les responsables de la CDM, conscients des enjeux liés aux questions environnementales et les impératifs de croissance des activités de la mine, s’évertuent à inscrire ces aspects non pas dans leur dualisme actuel mais dans une sorte d’alliance indispensable pour l’atteinte de leur objectif de développement de la production ainsi que de l’ensemble des opérations de la mine.
Gestion des déchets générés par les opérations minières
Pour prévenir efficacement la pollution de l’environnement par les déchets générés par ses opérations, la CDM a aménagé, conformément aux normes de l’industrie, des zones de stockage dédiées, confie le DG qui souligne la volonté constante de l’entreprise d’améliorer la précision des techniques géologiques tout en optimisant les plans d’exploitation minière.
De la restauration des sites exploités…
Face au casse-tête que représente le reboisement des sites miniers déjà exploités, la direction de la CDM, en collaboration avec les entreprises locales spécialisées et le gouvernement, a mis en place ‘’un plan complet et scientifique’’ de restauration des mines. En adoptant le concept de ‘’mine verte’’, la CDM intègre la réhabilitation des mines dans la gestion du cycle de vie complet des sites miniers. Grâce à cette technique, des sites miniers déjà épuisés ont pu être réutilisés par des communautés riveraines pour des activités agricoles.
« Dans toutes les exploitations minières, plus particulièrement celles à ciel ouvert, lorsque vous souhaitez ouvrir une mine, le premier problème est de trouver un endroit pour créer un terril. Qu’est-ce que cela signifie ? Il s’agit de trouver un emplacement pour entreposer les produits de décapage, c’est-à-dire les stériles. Ceux-ci sont envoyés dans les terrils pour ne pas qu’ils soient jetés dans la nature. La restauration des sites dégradés par l’exploitation est l’une de nos préoccupations. Avec cela, on implique les communautés. Nous avons des petits groupes que nous recrutons pour faire des pépinières ici pour le reboisement des parties dégradées… Il y a une partie de ces stériles qu’on dégage en la rendant un peu mole pour que les plants qu’elle recevra plus tard puissent se développer pour encore recevoir l’écosystème et la biodiversité », a indiqué M. Yaffa Sylla.
Le développement des communautés riveraines et celui des activités de l’entreprise, un savant jeu d’équilibrisme, véritable socle de la responsabilité sociétale de la CDM
Il est essentiel de concilier les activités de la société avec le développement des communautés en stimulant l’emploi local et la croissance des PME tout en poursuivant son propre développement. Car il serait suicidaire de concevoir une politique de développement des activités d’une mine en occultant sciemment ou sans intégrer les besoins vitaux des communautés riveraines.
C’est pourquoi celles-ci sont placées au centre des préoccupations de la CDM, nous a déclarés SéKou Yaffa.
2,5 millions de dollars, 1350 lampadaires photovoltaïques, 350km de pistes, 53 forages… ces contributions précieuses de la CDM à l’effort de développement des communautés locales
«Depuis le début de la production commerciale de la société en 2017, la CDM a dépensé plus de 2 500 000 dollars au profit de nos communautés. Chaque année, le Fonds de Développement Local (Fodel) est alimenté par la CDM à hauteur de 0,5%, prélevé sur son chiffre d’affaires annuel. Il y a aussi une taxe qui est payée à 90% aux communautés impactées. C’est la taxe superficiaire. Le montant est fonction de la superficie pour chacune des collectivités impactées. Dans le cadre de notre mine, la préfecture de Télimélé est la plus impactée. Parce que sur une superficie de 488 Km², Kawessi qui relève de Télimélé, a un peu plus de 300 Km².
En outre, la CDM a construit un total de 53 forages pour améliorer l’accès des populations locales à l’eau potable, une école, 5 mosquées, une ferme avicole. Elle a également réalisé 350Km de routes en latérite, offert 1350 ensembles de panneaux solaires et équipements pour l’éclairage public, 350 tonnes de riz.
A ces efforts, vient s’ajouter la création par la CDM de 3700 emplois directs et indirects en faveur des Guinéens. Sans oublier que 90% des approvisionnements sont assurés localement dans les domaines du transport du minerai et la sécurité routière. Toutes choses qui contribuent de manière significative au développement socioéconomique des localités impactées par nos activités », a rappelé le DG de la CDM.
Défis et perspectives de croissance
Sept ans après avoir lancé ses premières exportations de bauxite, la CDM vise à réaliser à l’échéance de 2024, la barre de 10 millions de tonnes exportées. Afin de maintenir cette bonne dynamique, la filiale de CHICO envisage de construire, dans les prochaines années, son propre port. Cette future infrastructure portuaire, qui devra contribuer à booster le rythme des exportations de la bauxite, se situe entre Dapilon et Gèmè Saint-Jean, sur les côtes de l’océan Atlantique, dans la région de Boké, à plus de 300Km, au nord-ouest de la capitale Conakry, annonce avec assurance le DG, Sékou Yaffa. Cette initiative est la conséquence directe de certains défis auxquels fait face la CDM notamment dans le transport et surtout l’évacuation des minerais à partir du port.
« … Actuellement, la capacité de l’aire de stockage que nous avons est limitée. Avec seulement 560 mille tonnes, nous sommes loin de répondre à nos besoins… Même pour l’accès au port, il y a l’embouteillage. Au fond, le camion peut garer des fois plus de deux heures », a révélé notre interlocuteur. Des constats qui mettent ainsi au grand jour certaines difficultés liées à la mutualisation des infrastructures de transport des minerais, qui imposent nécessairement des réajustements pour assurer une meilleure croissance du secteur minier, principal pourvoyeur de recettes à l’Etat guinéen.
Dossier réalisé par Camara Moro Amara en collaboration avec Bah Alhassane