Guinée : game over ? [Par Moise Sidibé]

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Le Syli National vient de se retrouver grâce à une redéfinition du jeu et du rôle de chaque joueur sur le terrain par Michel Dussuyer, qui a apporté un nouvel état d’esprit dans l’équipe. Et c’est l’Ethiopie qui a eu la malchance de se trouver sur le chemin du Syli qui a retrouvé le chemin des buts. A cette allure, Serhou Guirassy peut prétendre à quelque chose, s’il récidive pour redonner plaisir aux gens de regarder ce Syli efféminé. Malgré tout, bon an mal an, le Syli ne se laisse pas faire par les « Lions danseurs » et « les Lions de cirque », des terreurs en Afrique. The game is no over.

 Après le ‘’forcing’’ du troisième mandat de Alpha Condé avalisé par le monde entier, puisque la CEDEAO, l’UA, l’UE et l’ONU n’avaient rien dit, et qui ne dit rien consent, l’opposition politique en Guinée était plombée et invoquait une autre intervention de l’armée pour desserrer l’étau. Prière exaucée le 5 septembre 2021.

 Sans l’intervention du CNRD, la situation politique en Guinée n’eut pas connu de changement jusqu’ààà… puisqu’on entendait le slogan « après Alpha, c’est Alpha, jusqu’en 2035 ».

La CEDEAO qui n’avait pas réagi lors du tripatouillage de la constitution pour permettre la dérive du troisième mandat, montra son visage de syndicat des chefs d’Etat pour condamner et préconiser des sanctions contre la Guinée, sans tenir compte de l’aspiration des Guinéens. Le Burkina Faso et le Niger suivront pour faire nombre, mieux, pour former l’Alliance des Etats du Sahel…

 Ceux qui ont cassé la baraque à Conakry promettent de faire le ménage et ne pas rester un jour de plus. Un délai de 6 mois pour tout refaire a été proposé, puis un an, puis 18 mois, puis 24 mois… de procrastination en procrastination, le malaise se faisait sentir. Comment avoir les coudées franches dans une entreprise ardue avec l’opposition politique dans les basques, les « écuries d’Augias » étant amoncelées de détritus depuis des temps immémoriaux ? A 63 ans, la tête couronnée de canitie, la Guinée n’avait pas atteint l’âge de la raison, c’est toujours un enfant aux cheveux gris qui suit infatigablement les politiques dans la rue, en mouton de Panurge.

On ne parlera pas du machiavélisme raffiné du CNRD et du piège tendu aux vieux briscards de la politique pour les ‘’rabattre’’ vers l’extérieur, mais voilà nos « trois Mousquetaires » en exil volontaire. Le CNRD avait enfin les coudées franches pour dérouler son plan sous l’observation critique des observateurs qui les attendaient au tournant. Les deux premiers gouvernements ont été défaits pour diverses raisons plus ou moins valables, mais ce n’était pas pour jouer aux prolongations, objectivement. Il fallait suivre le bonimenteur jusqu’au bord de l’eau, jusqu’à la rive.

 Malgré la gestion catastrophique trouvée sur place, malgré l’incendie du principal dépôt de carburant de Coronthie avec des dégâts considérables, malgré une série d’incendies d’origine mystique, accidentelle ou criminelle, pour les bâtons dans les roues d’une marche chronométrée, il n’en fallait pas plus, mais le CNRD a su se relever pour enclencher une série de travaux. Conakry présente en 2024 une fière physionomie par rapport à jadis et naguère. En 10 ans, Alpha Condé a fait quelque chose de potable, mais il a laissé faire beaucoup de choses non potables. Tenez, après le « coup KO » de 2015 fait à l’opposition « la plus bête du monde », qui était pourtant bien avertie de ce qui se tramais avec les bureaux de vote et l’impréparation de la CENI (c’était enrageant) ce coup KO était une victoire à la Pyrrhus, puisque les caisses ont été vidées pour la mobilisation à la hauteur de celle de Cellou Dalein à N’Zérékoré. Avec les caisses trouées, gouvernement voulait miroiter la couverture santé aux travailleurs et retraités, mais où trouver l’argent ? Simple : une retenue de 5% sur les salaires et pensions, un tripatouillage sur les indices et sur la valeur indiciaire (de 1013 à 700 ou 750 ou quelque chose de ce genre), les syndicats n’ont rien dit. Avec le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD, lui, a non seulement augmenté les salaires et revalorisé à 100% les pensions, il a donné encore la couverture de santé à 80% aux fonctionnaires et retraités, sans rien trancher de leur acquis laborieux. L’Obamacare aux Guinéens ! Ce qui n’a pas pu être mis en pratique aux USA-mêmes, est pratiqué en Guinée, à un moment des plus difficiles, qui l’eût cru ? Une question se pose : si la gestion n’était pas orthodoxe, comme l’ont fait accroire aux populations les opposants, d’où le CNRD a trouvé les moyens pour faire tout cela, pour faire les routes, pour réparer les ponts et l’échangeur de Bambeto ? Le coup KO qui fait taire était le déblocage du projet Simandou. Nos devanciers et nos aînés sont partis avec ce rêve. Nous sommes sûrs que nos enfants le verront dans toute sa promesse. A qui les Guinéens veulent confier cette gestion ? Toute la question est là.

« On dit que la Guinée est bénie, les Guinéens sont maudits ». Cela se vérifie, la preuve, quand les prédateurs se battaient pour le pouvoir pendant 63 ans, Simandou, qui se veut être le bien de tous les Guinéens sans discrimination, n’a jamais voulu être favorable. Pourquoi a-t-il si facilement ouvert ses bras maintenant, sous une transition militaire ?

Citer tous les acquis du CNRD en trois ans, c’est faire enrager nos « Trois Mousquetaires ». Alpha Condé, piqué au vif, a quitté son lit d’hôpital, était-il malade qu’on en doute, pour jouer à cache-cache : « Aucun Guinéen ne sait où je me trouve ». Après l’extradition de Coplan, qui a pris des risques de filer à l’anglaise avec des jambes de panard boiteux, pour lui, game over, puisqu’il a dit qu’il se sentait mieux à la Maison Centrale que là où il était. Et là-bas, là où il était en cavale, un quelqu’un aurait reçu 150 mille dollars pour faire quelque chose, et qui serait arrêté et est en procédure d’extradition vers ici. On se demande quel autre pays de la sous-région accepterait d’être une base-arrière pour une attaque contre la Guinée. Si quelque chose de fâcheux arrivait à Alpha, le RPG n’aurait que ses yeux pour pleurer, lui qui ne fait qu’aiguiser le bellicisme de l’opposant historique par des bravades en l’air. Cellou Dalein a dit qu’il n’est pas prêt pour rentrer, que des gens sont en prison, d’autres ont disparu, la communauté internationale ne dise un mot. Abdoulaye Bah, l’ancien maire de Kindia et membre du bureau central de l’UFDG vient de dire que même le prophète a eu peur à un moment… Sydia Touré est dans un embrouillamini ; d’abord, il soutient la candidature de Mamadi Doumbouya, il se rétracte, il ne sait pas quand revenir, il n’a plus de maison…

Pendant que les autres errent à l’extérieur, Mamadi Doumbouya se promène librement à vélo, dans les rues de Kaloum, il est acclamé par les jeunes et les populations, il va partout, dans les grandes capitales du monde et il est accueilli en chef d’Etat, il va à l’ONU et y envoie son premier-ministre le représenter. La Guinée est devenue un centre d’attraction et d’intérêt pour tous les investisseurs du monde. La politique est morte.

A propos de Bah Oury, il faut dire que parmi tous les opposants politiques depuis Lansana Conté, hormis Alpha Condé qui a accédé à la présidence, c’est Bah Oury et Jean-Marie Doré qui ont eu la baraka d’être Premiers-ministres d’une transition, mais celle de Bah Oury est de loin plus calme, plus prestigieuse et plus dorée.

Tout cela signifie que les carottes sont cuites, dixit Pathé Diallo, qui avait même âge que d’Artagnan. The game is over, mais la partie n’est pas terminée. La porte de l’histoire est déjà ouverte. Entrer dans l’histoire ne suffit plus, il faut faire l’histoire !

Le Tournois de football doté de la coupe Mamadi Doumbouya s’est déroulé à Labé, le doyen Sampiring Diallo a appelé la jeunesse à soutenir le général Mamadi Doumbouya. La question qui se pose est de savoir ce qu’a pensé Cellou Dalein Diallo de ce ralliement, peu importe. Manifestations dans la rue et jets de pierres, game over. L’opposition de Labé à toutes les actions gouvernementales depuis l’indépendance n’a pas servi Labé, loin s’en faut.

Il ne reste qu’à résoudre la question de la réconciliation nationale avec les héritiers des victimes du Camp Boiro. La question d’indemnisation des biens spoliés est prioritaire pour tout finir une fois pour toutes. Tous les acteurs, bravo et bandit chef, sont morts, et ils ne seront pas là pour répondre devant l’histoire. Tout ce qu’ils ont fait et commis, ils ne les ont pas faits devant les héritiers, et ils ne leur ont pas tout raconté. Les nazis n’ont pas raconté à leurs enfants ce qui se passait dans les camps de concentration et dans les chambres à gaz. Pour ces enfants de bourreaux et coupables, leurs pères étaient les meilleurs hommes du monde. Les éléments de la cinquième colonne de Guinée n’ont pas raconté à leurs enfants ce que signifiait le brassard vert qu’ils portaient dans la nuit du 22 novembre 1970.

 Avec ce nouveau départ, Bah Oury, qui a fait un stage dans la réconciliation nationale, a les clés en mains, si le Comité national de rassemblement pour le développement décide de le commettre à la tache de faire revenir tous les exilés autour de la table. Alpha Condé, Sydia Touré et Cellou Dalein ont un rôle à jouer pour enterrer la hache de guerre.

 Le train du CNRD ne doit laisser aucun Guinéen à quai.

Moise SIDIBÉ 

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