Islam: « la célébration du Maouloud n’existe pas dans le Coran » (Dr Ousmane Camara)

Ce samedi 14 septembre 2024, correspondant au 3e mois musulman, marque la naissance du Prophète Mohammed (PSL).
En Guinée, cette célébration de la naissance du plus aimé des prophètes est une source de divergence idéologique dans le monde islamique.

Afin de savoir si la célébration est acceptée ou pas en islam et les questions qui y sont liées, notre rédaction a rencontré le Docteur en islam, Ousmane Camara. Pour lui, cette pratique est une innovation née des siècles après le Prophète (PSL).

  « Le Prophète (PSL), sa naissance a été une miséricorde pour l’humanité. C’est ainsi, après quelque temps, certains musulmans ont commencé à célébrer la naissance du Prophète. Quand on dit Maouloud en arabe, ça a deux significations: le lieu de la naissance et la date de la naissance. Donc, le mot signifie les deux.  Mais généralement, quand on dit Maouloud, on ne tient pas compte du lieu, mais de la date, autrement dit, l’anniversaire du Prophète (PSL). C’est ça, Maouloud. Cette fête a été innovée, inventée au quatrième siècle après le Prophète  (PSL), c’est-à-dire, ce n’est pas au temps du Prophète (PSL), ni ses successeurs, les quatre khalifes, Abu Bakr, Omar, Othmane, Ali, et les grands oulémas qui sont venus après. C’est après le quatrième siècle, le Maouloud a été innové par le Malik al-Muzaffar, ce que beaucoup de grands savants ont mentionné dans leurs ouvrages, ainsi que beaucoup de fêtes comme: la naissance de Fatima, la naissance d’Ahsali Ali ibn Abi Talib. Donc, après cela, les oulémas de la Ummah (un savant musulman) ont eu des divergences sur la question. Est-ce que ce qui a été inventé, c’est correct, c’est normal ? Donc, on peut suivre? D’autres ont dit oui, c’est bon, parce que c’est le Prophète (PSL) qui a accordé des particularités.  Toute sa vie, c’est la bénédiction. Ses paroles, ses actes, ce qu’il tue. Donc, voilà, le Prophète (PSL) n’est pas comme les autres, alors on peut célébrer la naissance du Prophète (PSL). Parce que c’était vraiment un événement pour toute l’humanité ce jour-là », explique-t-il.  Par contre : « Tandis que les autres oulémas (un savant musulman) ont dit non, cela ne peut pas être célébré. Et que c’est formellement interdit parce que si c’était permis en islam, le Prophète Mohammed (PSL) allait le faire. S’il ne le fait pas, ou bien il ne l’a pas fait, Abu Bakr, Omar, Othmane allait le faire. Ou bien l’un de ces Khalifes allait le faire ou les oulémas qui sont venus après, allaient le faire. Mais pourquoi ceux -ci n’ont pas fait? Parce que ce n’est pas permis en islam. La 3e vague s’est interrogée  est-ce que c’est une adoration recommandée par l’islam, par le Coran et Sunna, ou bien c’est un événement culturel, comme tous les autres événements, qui ont été innovés en islam, comme embellir les mosquées, construire des grandes écoles, universités, comme les concours auxquels nous assistons aujourd’hui. Si c’est ça, alors ça va être permis avec des conditions », a-t-il raisonné, omettant ainsi le rejet catégorique de la pratique.  Pour Dr Camara, le problème majeur reste les pratiques autour, qui consistent à rendre festive et lucrative la célébration.  « On n’a jamais vu le Prophète (PSL) le faire, ni ses khalifes ou savants, ni le Coran, ni les hadiths, pas de texte explicite ou quoi que ce soit. Donc selon beaucoup d’éléments, ce n’est pas une obligation. Ceux-ci aiment le Prophète (PSL) plus que nous, connaissent l’islam plus que nous, les règles de l’islam plus que nous, mais pourquoi ils n’ont pas fait ? Ceux qui pensent que c’est une obligation, ils exagèrent, ce n’est pas bon en islam », a-t-il précisé.  Par ailleurs,  il est interdit de considérer ceux qui sont dans l’optique de célébrer comme des cafres. « Ceux qui pensent que c’est formellement interdit, ceux qui célèbrent le Maouloud, donc c’est comme si c’est des cafres, c’est-à-dire que ce sont des gens qui sont sortis de l’islam, ils ont délaissé l’islam à cause de ça, ça aussi, nous ne sommes pas avec. Parce que c’est un acte qui a été innové, en islam, comme le concours coranique national et international. Si c’est dans ce sens, alors on ne peut pas considérer que ceux qui le font, comme ce sont des cafres », témoignage ce religieux. Ce Docteur en islam n’a pas manqué de condamner certains actes chez des frères et soeurs musulmans pendant cette veillée de Maouloud. « S’ils mettent des choses interdites telles que les chants, danser, ou bien en faire une occasion de se faire de l’argent, ou bien mélanger les femmes, les hommes, en tout cas, tout ce qui n’est pas permis en islam, si cela rentre dans le Maouloud, Maouloud devient interdit et brise les règles religieuses », a fait savoir Dr Ousmane Camara. Pendant ce temps, de nombreux lieux sont aménagés à cette occasion pour une veillée nocturne jusqu’au petit matin un peu partout à Conakry.

 Mayi Cissé