Sur le bord de mer de Libreville, une foule vêtue de vert, jaune, bleu s’amasse pour assister samedi à la première fête nationale de la transition, largement dédiée au général Brice Oligui Nguema, un peu moins d’un an après son coup d’État contre Ali Bongo.
Ce jour là, les militaires menés par celui qui est alors chef de la garde présidentielle, ont « mis fin au régime » et à 55 ans de « dynastie Bongo », en renversant Ali Bongo Ondimba tout juste réélu. Il avait succédé à sa mort en 2009 à son père Omar, qui dirigeait ce petit État d’Afrique centrale riche de son pétrole depuis plus de 41 ans.
Depuis, chacune des apparitions de Brice Oligui Nguema est largement acclamée au point d’anticiper son maintien à la tête de l’Etat à un an de la fin de la période de transition.
« Aujourd’hui, demain et après »
« Il nous a redonné ce que nous n’avions pas: l’espoir mais aussi des routes » s’enthousiasme Jean-Mardoché Mabida, un agent immobilier de 22 ans, bandeau aux couleurs du Gabon juché sur un muret pour s’offrir une chance d’apercevoir le général-président debout sur son commando-car.
Dans la capitale, Libreville, les chantiers se multiplient, notamment la réfection de routes qui n’ont parfois jamais été bitumées. La municipalité, dirigée par un militaire nommé par le CTRI, a été dotée de nouveaux bacs à ordures et a encouragé les habitants à repeindre les façades des habitations.
« En à peine un an, nous avons vu des choses que jamais nous n’avons vu en 14 ans (durant les deux mandats d’Ali Bongo). Nous allons pousser Oligui à être président », conclut Maixent Ngouaka, agent d’entretien des espaces verts. « Pour nous c’est une joie de savoir que nos enfants verront un Gabon nouveau avec des personnes nouvelles », ajoute t-il, soulevant sa fille de 11 ans, Eva, avec qui il a tenu à vivre cette journée « historique ».
Pas encore candidat, le général Oligui est déjà encouragé à poursuivre ses actions comme en témoignent les affiches le représentant avec le slogan « Aujourd’hui, demain et après » installées à l’occasion d’une tournée dans les neuf provinces du pays qui s’est achevée à Libreville cette semaine.
« Confiance »
« Les éléments regrettables de ces dernières années ne seront bientôt qu’un lointain souvenir », a déclaré Oligui Nguema lors de son adresse à la nation diffusée vendredi à la veille de la fête nationale sur Gabon 24, la télévision d’Etat.
Le régime d’Ali Bongo Ondimba avait été renversé après que son entourage avait été accusé de fraudes lors de l’élection présidentielle et d’avoir massivement détourné l’argent public. Cette première fête nationale « sans les Bongo » est un soulagement pour Daniel, 40 ans, sans emploi, qui n’a pas souhaité dévoiler son nom de famille.
A pleins poumons, il entonne avec autant de ferveur l’hymne national que les chants militaires à gloire d’Oligui et du CTRI. Même s’il admet que « ce n’est pas en claquant des doigts qu’on efface 55 ans de pouvoir », il « accorde déjà sa confiance » au général Oligui pour l’élection présidentielle prévue pour août 2025.
Plusieurs étapes restent à franchir avant l’échéance finale de la transition d’après le chronogramme présenté en novembre dernier, notamment la publication d’une « première mouture » de la Constitution et son vote par référendum d’ici la fin de l’année.
AFP