Le bilan du glissement de terrain survenu lundi dans une zone difficile d’accès du sud de l’Ethiopie est désormais de 257 morts et pourrait atteindre les 500 tués, rapporte jeudi l’Ocha, l’agence humanitaire de l’ONU.
Ce glissement de terrain est d’ores et déjà le plus meurtrier connu en Ethiopie – deuxième pays le plus peuplé du continent africain – dont plus des trois-quarts des 120 millions d’habitants vivent en zone rurale.
Le bilan « a atteint les 257 morts au (mercredi) 24 juillet » et « devrait augmenter jusqu’à hauteur des 500 morts, selon les informations communiquées par les autorités locales », écrit le Bureau des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) dans son dernier rapport de situation publié jeudi.
Le précédent bilan, communiqué mardi soir par les autorités locales, faisait état de 229 morts. « Les opérations de secours se poursuivent » et « les habitants creusent principalement à mains nues ou avec des pelles faute d’autres options », ajoute-t-il.
Dans un entretien mercredi avec la BBC, le patron de l’Ocha en Ethiopie, Paul Handley, expliquait que l’acheminement de « matériel lourd d’excavation dans la zone » touchée, « isolée et montagneuse », était « un défi, particulièrement en raison de l’état des routes ». Selon des journalistes de l’AFP sur place, la route menant au site de la catastrophe est non bitumée sur plusieurs dizaines de kilomètres.
« Le gouvernement éthiopien, avec les autorités régionales et locales, termine un plan d’évacuation » de plus de 15.500 personnes qui vivent aux alentours dans des zones « comportant un risque élevé de nouveaux glissements de terrain et devant être évacuées immédiatement », poursuit l’Ocha. Parmi elles figurent « au moins 1.320 enfants de moins de cinq ans et 5.293 femmes enceintes et allaitantes ».
La catastrophe est survenue dans le kebele (plus petite division administrative) de Kencho Shacha Gozdi, zone rurale et vallonnée, située dans l’Etat régional d’Ethiopie du Sud à quelque 480 km et plus de dix heures de route d’Addis Abeba, la capitale fédérale.
Nombre de disparus inconnu
De fortes précipitations y sont longuement tombées dimanche soir. Un pan de colline s’est effondré lundi matin touchant plusieurs habitations avant qu’un autre glissement de terrain n’engloutissent les nombreux habitants accourus pour porter secours. Armés de maigres outils agricoles – pelles et sarcloirs – des habitants s’affairent encore à tenter de retrouver leur proches ensevelis sous une épaisse couche de glaise, ont constaté des journalistes de l’AFP.
« Je ne peux pas rentrer chez moi sans avoir retrouvé mon frère », affirmait en pleurs mercredi soir à la tombée de la nuit un jeune homme à l’AFP. Le nombre de personnes portées disparues est inconnu.
De l’aide a commencé à arriver ces derniers jours. La Croix-Rouge a commencé à distribuer mardi de produits de première nécessité et le gouvernement fédéral, les diverses agences de l’ONU et les ONG internationales déploient actuellement des équipes dans la zone touchée.
Environ 18% de la population d’Ethiopie (21,4 millions de personnes) dépend déjà en temps normal de l’aide humanitaire et 4,5 millions de personnes sont actuellement déplacées par des conflits ou des catastrophes climatiques (sécheresse, inondations…), selon l’ONU.
Selon les riverains, les habitants choisissent souvent de vivre en contrebas des reliefs car il fait moins froid : « Ce n’est pas la première catastrophe de ce type. L’an dernier, plus de 20 personnes ont été tuées. A chaque saison des pluies, des gens meurent à cause des glissements de terrain et des fortes pluies dans cette zone », commentait mardi un habitant d’un woreda (district) voisin des lieux de la catastrophe.
La « longue » saison des pluies a commencé en juin dans une grande partie des régions d’Ethiopie, dont l’Etat régional d’Ethiopie du Sud. Elle doit durer jusqu’en septembre. L’Etat régional d’Ethiopie du Sud fait partie des nombreuses zones qui ont été touchées par des inondations en avril et mai en Ethiopie, pendant la « petite » saison des pluies.
AFP