Procès du 28 sept 2009: « si le droit est bien dit, ça rassure tout le monde… » (Me Salifou Béavogui)
À l’occasion d’un point de presse animé jeudi 04 avril 2024, à la Maison des journalistes à Conakry, les avocats de la défense constitués dans le procès des évènements du 28 septembre 2009 ont levé un coin du voile pour expliquer les raisons de leur absence à l’audience du mardi dernier. Ce qui a surpris toutes les parties présentes ce jour. À en croire Me Salifou Beavogui, l’un des conférenciers, aujourd’hui la défense ne souhaite qu’une seule chose que le cri du cœur de la défense soit entendu.
Sur un ton sévère et avec une mine serrée, cet homme en robe noire a laissé entendre que ce n’est pas de gaieté de cœur qu’ils ont brillé par leur absence à l’audience du 02 avril 2024 mais ils veulent un procès juste et équitable dans lequel les droits de la défense sont respectés. « Nous voulons être dans une salle dans laquelle le droit doit être juste et équitable pour tous, qu’aucun innocent ne soit condamné mais qu’aucun coupable n’échappe. Mais si au beau milieu du procès une question qui avait été déjà discutée en première instance, au cabinet d’instruction, jusqu’à devant la Cour Suprême cette question discutée, complètement évacuée du dossier et en plein procès, après 1 an 6 mois on revient avec cette question encore en bandoulière, si on n’a pas des arrière- pensées, je pense que le tribunal n’aurait même pas dû écouter cette autre démarche qui est de nature à jeter tout ce que nous avions eu à faire, tout ce que nous avions consenti comme sacrifice jusque-là pour soutenir et défendre ce procès » a-t-il précisé.
Poursuivant, cet avocat croit savoir que cette démarche entreprise est une injustice pure et dure « En l’absence de toute possibilité de recevoir une telle demande ou même d’en faire un examen au fond en présence d’un arrêt de la Cour Suprême je pense que ça devrait être écarté et le procès devait continuer dans la sérénité comme ça a commencé. Mais lorsque le juge nous dit j’ai joint cette question au fond, dans la décision du fond je me prononcerai, déjà il faut se méfier d’une telle décision parce qu’on ne sait pas ce qui va advenir et on n’aura plus la possibilité de discuter de quoi que ça soit. Donc c’est de l’injustice pure et dure et nous nous battons pour les principes, pour la légalité ».
Pour finir, Me Salifou Beavogui de rappeler ceci: « Aujourd’hui il y a des Guinéens qui sont en conflit avec la loi, hier d’autres Guinéens étaient en conflit avec la loi, il faut qu’on tire les leçons du passé. L’histoire nous interpelle, si le droit est bien dit, bien distribué ça rassure tout le monde mais tant qu’un procès est dirigé et inéquitable, il ne repose sur la base d’aucune règle de droit, ça tourne en ridicule. L’histoire condamne ce procès et l’histoire va rejeter les résultats. Donc pour nous, nous étions en droit d’agir comme on l’a fait et le reste on avisera ».
Mamadou Yaya Barry