Aïd el Fitr : absence de courant, difficultés économiques, affluence des clients, le casse-tête des maîtres tailleurs

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À Conakry, la célébration de l’Aïd el Fitr 2024, rythme cette année avec un tas de difficultés. À un jour de ce moment festif qui marque la fin des 30 jours d’abstinence, de prières et d’adoration, des maîtres couturiers font face à l’absence du courant, aux bousculades de la clientèle, le tout couronné par la cherté de la vie. Cette situation est incomparable à celle de l’année dernière, où la régularité du courant leur permettait de boucler complètement la couture des complets. Et pour le comprendre, nous avons sillonné ce mardi 09 avril, quelques ateliers dans les communes de Matoto et Ratoma.
Le quartier Tombolia  situé en banlieue de Conakry, relevant de Matoto n’est pas épargné par cette réalité. Ici, à l’image de certaines contrées de la capitale, le courant est devenu une denrée rare depuis plusieurs semaines. Propriétaires d’ateliers de couture et prestataires de services, salons de coiffure, tous se plaignent du quotidien que chacun décrit en sa manière.
« Nous traversons beaucoup de difficultés avec cette absence de courant. Moi je suis obligé d’allumer mon groupe électrogène la journée pour pouvoir travailler. La plupart des habits de mes clients sont brodés. Alors pour éviter le scénario et fidèliser la clientèle, je préfère procéder ainsi. Avec ce mois de Ramadan, le moment qu’on emmène le courant trouve qu’on est fatigué. Et quand je rentre pour la rupture, il m’est très difficile de revenir parce qu’il y a la prière après. Ça veut dire que nous avons des journées très courtes. Actuellement, on n’arrive vraiment pas à comprendre EDG qui nous envoie des factures élevées alors que nous ne utilisons pas le courant comme il faut », s’est plaint le styliste sous anonymat.
Rencontré  dans son atelier au quartier aéroport, Maître Mamadi Condé, formateur en couture homme n’a pas manqué de mots pour décrire lui aussi les difficultés auxquelles il fait face depuis l’irrégularité du courant, comparativement à l’année dernière, dit-il.
« À cette approche de la fête de Ramadan et même la fête chrétienne passée, nous sommes toujours embêtés par les clients que vous voyez devant vous. On a du mal à terminer leurs complets, parce qu’avant on avait le courant nuit et jour. Mais actuellement, le courant ne vient qu’aux environs de 19h et 20h. Et hier nuit par exemple il n’y avait pas de courant stable. Ce qui fait que nos difficultés se multiplient ainsi que le travail. Nous avons des broderies à faire et ce sont des travaux qui ne se font pas sans courant. Malheureusement, nos clients, peu d’entre eux comprennent lorsqu’on leur explique ce facteur. Et économiquement, ça ne va vraiment pas », a-t-il mentionné, assis derrière sa machine.
Au-delà des simples modes cousues pour homme, Maître Condé fait également la broderie. Cependant, il dit n’y être  pas parvenu cette année par cette absence de courant qui lui permet de finaliser ces genres de travaux.
« On a un groupe électrogène, mais quand tu rentres dans les calculs parfois c’est compliqué. Lorsque vous achetez par exemple 5 litres d’essence à raison de soixante mille francs guinéens ( 60.000 fg), vous arrivez difficilement à finir avec la broderie d’un complet que vous vendez entre 150 et 200.000 fg. Et si vous faites la soustraction des matériels que vous achetez, pratiquement rien ne reste avec vous. C’est difficile donc de s’en sortir. C’est pourquoi parfois nous abandonnons tout pour attendre l’arrivée du courant », a désespérément confié Maître Mamadi.
Les factures de l’EDG, un autre problème !
 » Les factures du courant que nous envoie l’Électricité De Guinée ne nous arrangent pas du tout. Ses équipes qui sont précisément dans cette zone, lorsque des agents viennent, sur ces factures il n’y a pas à dire qu’il y a rabais parce que le courant n’est pas régulièrement là. La dernière facture qui est avec moi, j’ai payé plus de 200.000fg. Pourtant nous avons passé des mois maintenant sans courant la journée. Avant, le courant était là jour nuit et la facture était moins chère. Voilà un autre facteur que je n’arrive pas à comprendre. Ce qui fait que rien ne va économiquement parlant, parce qu’on est en train d’augmenter la facture alors qu’il n’y a pas de courant stable. Et si tu dis que tu ne paies pas on te coupe directement », a déploré ce père de famille qui confie son destin au Tout-Puissant.
« Comme Dieu est là, on est croyant et c’est lui seul qui peut nous faire sortir de ce pétrin. Moi-même je ne peux vraiment pas vous expliquer comment je m’en sors face à certaines situations. Parce ce que là où je suis assis comme ça, je n’ai rien pour mes enfants et pour madame, alors que demain c’est la fête. Je ne sais quand même pas où la chance pourra me sourire d’ici là. Je pense aussi que j’ai les mêmes difficultés que beaucoup de mes amis tailleurs en ce moment », a-t-il mentionné.
Autres services également impactés !
Cette réalité n’est pas que propre aux maître tailleurs, detenteurs d’ateliers de couture. Les prestataires de services se plaignent également de cette absence du courant qui bloque nettement leur activité.
« Je n’allume pas mon groupe électrogène lorsque je n’ai pas un ou deux clients qui viennent au moins faire des impressions en couleur et pour plusieurs pages. Mais si ça ne tient qu’à une simple photocopie de deux à trois pages, je préfère perdre ces 1.500 à 2000fg que d’allumer mon moteur. Actuellement, avec cette absence de courant la journée, il me faut un vrai calcul au risque de faire des dépenses inutiles », a confié Oumar Dramé, rencontré devant son centre de prestation au quartier Tombolia.
Sâa Robert Koundouno 

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