Les autorités électorales de République démocratique du Congo (RDC) ont annulé les votes pour 82 candidats aux récentes élections générales, dont trois ministres du gouvernement central et quatre gouverneurs provinciaux, en raison de fraudes et d’intimidations.
Cette décision de la commission électorale congolaise (Céni), annoncée tard vendredi, intervient deux semaines après les scrutins du 20 décembre, marqués par d’innombrables problèmes logistiques et la réélection haut la main du président Félix Tshisekedi, rejetée par l’opposition.
Plus de 40 millions d’électeurs, sur un total d’environ 100 millions d’habitants de l’immense pays d’Afrique centrale, ont été appelés aux urnes le 20 décembre pour élire leur président, leurs députés nationaux et provinciaux et, pour la première fois, leurs conseillers locaux.
Les problèmes logistiques et bureaucratiques ont poussé la Céni à prolonger le vote d’une journée. Selon certains observateurs, il s’est même poursuivi jusqu’au 27 décembre à certains endroits.
Dans son communiqué de vendredi, la Céni a mis en avant des fraudes, des actes de vandalisme, des intimidations d’électeurs et des utilisations illégales de machines de vote pour justifier l’annulation totale des votes dans deux circonscriptions, et par ailleurs des votes pour 82 candidats, dont plusieurs personnalités.
Parmi elles figurent Antoinette Kipulu Kabenga, ministre de la formation professionnelle, Didier Mazenga Mukanzu, celui de l’Intégration régionale, et Nana Manuanina Kihimba, ministre déléguée auprès du président Tshisekedi, ainsi que quatre gouverneurs de province, dont celui de la province de Kinshasa, Gentiny Ngobila.
Seul le résultat de l’élection présidentielle a été annoncé jusqu’ici. Félix Tshisekedi a été réélu avec 73% des voix, selon un décompte provisoire qui doit être confirmé ce mois-ci par la Cour constitutionnelle pour devenir définitif.
Les leaders de l’opposition ont rejeté ce résultat, dénonçant de nombreuses irrégularités et retards, et demandé l’annulation de ce « simulacre d’élections » et l’organisation de nouveaux scrutins.
Les Eglises catholique et protestante, qui avaient déployé leurs propres observateurs électoraux, ont indiqué avoir « documenté de nombreux cas d’irrégularités susceptibles d’affecter l’intégrité des résultats de différents scrutins en certains endroits », sans pour autant déclarer les élections frauduleuses.
Des tensions post-électorales sont redoutées dans ce pays à l’histoire politique agitée et souvent violente, au sous-sol très riche en minerais mais à la population majoritairement pauvre.