Procès événements du 28 septembre: Valentin Haba, ex-DG de la Police, dit avoir escorté 54 corps sur ordre du général Toto

L’ancien directeur de la Police nationale sous le CNDD (l’ex-junte au pouvoir en Guinée), l’ex-contrôleur général de police Valentin Haba a comparu par devant le tribunal de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry mardi, 05 décembre 2023 à titre de témoin. Contrairement à la version de l’ancien ministre de la Santé Dr Abdoulaye Chérif Diaby, le général Haba dit avoir escorté personnellement deux véhicules transportant des corps. Un peu plus tôt, il parle du dénombrement de 54 corps en provenance du stade du 28 septembre.

«J’ai appelé Baffoé [alors commandant de la CMIS nº1] et il m’a dit qu’il est à Kissosso, c’est là que je lui ai dit de se rendre au stade puisqu’il y avait un problème. Arrivé sur place, il m’a appelé et m’a rendu compte que Tiégboro était sur place. Et je lui ai ordonné de sortir de là. Quelques minutes après, il m’a dit qu’effectivement qu’il y’a un mouvement et que les manifestants étaient agités, que tout est gâté. C’est là que je me suis déplacé pour me diriger au stade. Arrivé sur place, je l’ai trouvé et lui ai dit: commandant, comment vous êtes là et vous ne mettez pas de dispositif en place? Il m’a répondu : avec quoi? Quand j’ai demandé où est le reste de grenades que j’ai vus dans le rapport de passation, vous avez partagé ou c’est dans le magasin ? Il m’a répondu:  referez-vous au magasinier. C’est ainsi que je me suis retourné et ils sont restés sur place. Je suis arrivé à la Sûreté et les magasins étaient fermés. Je me suis retourné au département pour avoir le magasinier mais je n’ai pas vu de gens. Plus tard, le directeur de la protection civile m’a appelé en me disant qu’on nous appelle au camp Almamy Samory pour une réunion. Je lui ai dit que j’arrive. Je suis sorti de mon bureau pour aller le voir et ensemble nous sommes allés.  Sur place, le général Ansoumane Camara [alias Baffoé] m’appelle, me demande ma position et m’a dit que tout est gâté. Que des coups de feu ont été entendus et qu’il est à la sorti du camp Camayenne pour le camp Boiro . On s’est encore embarqués mais je lui ai fait comprendre que je n’ai pas d’équipe de protection par manque d’automobile, il n’y avait que ma garde rapprochée et mon chauffeur, à 3. Arrivé à la sortie du camp Boiro (actuel camp Camayenne), j’ai trouvé le général Baffoé et ses hommes du côté de Donka assis. Je me suis arrêté et il est venu vers moi et on a bougé ensemble. En face de la Fondis, j’ai vu le pickup du ministre Tiégboro, il m’a signalé et j’ai garé. Je suis descendu pour aller vers lui, il m’a dit que les leaders ont été blessés, qu’il veut les amener aux soins. J’ai vu Cellou Dalein derrière, il était en débardeur cou rond et je me suis approché de lui en lui demandant : c’est Elhadj ? Il a levé la tête et dit: oui, ce n’est pas grave et que ça va aller. J’ai dit : courage. Je me suis retourné vers le ministre Tiégboro qui m’a dit qu’il peut l’amener à la clinique Pasteur, on s’est séparés.

Arrivé à l’esplanade du stade, il n’y avait personne à l’intérieur sauf un adolescent, toute la rentrée jusque vers le stade annexe, il y avait des chaussures et à la sortie, il y avait un pagne et le corps d’une dame, grosse de teint noir abandonné. Un homme avec un point noir et plusieurs autres corps majoritairement moins de 30 ans. En partant vers Madina, j’ai vu une voiture de la Croix-Rouge qui allait vers Madina.

C’est là que j’ai demandé au général Ansoumane de mettre un dispositif que personne ne rentre. On a fait le tour et les gens qui sécurisaient la zone ont trouvé 17 corps », a t-il déclaré.

De retour dans la salle après la suspension de l’audience, Valentin Haba affirme avoir accompagné les corps sous la demande du feu général Mamadouba Toto Camara, ancien ministre de la Sécurité, jusqu’au camp Almamy Samory Touré, à Kaloum.

«De là, je me suis retourné puisqu’il y avait un dispositif et j’ai appelé le général Toto au téléphone, c’était notre premier appel ce jour, je l’ai informé de la situation, il m’a dit d’attendre qu’il allait envoyer les véhicules. Deux camions sont venus pour  transporter les corps. Ils ont été embarqués et on les a convoyés jusqu’au camp Samory. J’ai demandé à ce qu’on sécurise… Le 1er à arriver, c’était le ministre Diaby de la Santé, ensuite le général Toto est arrivé et il a demandé à compter les corps. En tout, il y avait 54 corps et Toto a donné les corps au Ministère de la Santé demandant à ce qu’il s’en charge. Après, on a rebroussé chemin. C’est sous le contrôle du ministre de la Santé que les véhicules sont sortis et nous, nous avons replié pour répondre notre marche. Concernant le 28 septembre, c’est là que la journée s’est limitée pour moi», a t-il expliqué lors de cette première comparution.