La fillette tuée par balle dans l’ambulance: « je jure sur le Coran, le chauffeur n’a pas foncé sur les agents » (Aminata Millimouno, mère)

Ce lundi 6 novembre, notre rédaction est  allée à l’hôpital Donka, précisément dans l’enceinte du camp Camayenne pour rentrer la mère de la petite Marie Angèle, qui aurait été tuée par balle, le 4 novembre, jour où Dadis Camara et Cie ont été extirpés de la maison par des hommes armés, alors qu’elle, sa mère, ses deux autres frères ainsi que d’autres personnes qui étaient dans l’ambulance accompagnaient le papa accidenté à l’hôpital.
Aminata Millimouno, maman de la petite Marie Angèle nous a fait savoir qu’ils étaient 9 personnes dans l’ambulance : ses trois enfants, son mari, le taximaître qui a accidenté son mari, elle-même, le chauffeur de l’ambulance, le médecin et l’assistante du médecin. Dans ses explications, elle est revenue sur les circonstances du décès de sa fille et du médecin.

« C’était dans les environs de 4h. Moi j’étais couchée,  je dormais.  Il y a un petit de mon mari qui est venu me réveiller, il m’a appelée pour dire que mon mari a fait un accident. Je lui ai demandé où, il me dit vers Entag. Je lui ai demandé si c’est grave, il me dit c’est pas tellement grave, ton mari dit qu’on peut aller ensemble avec les enfants. Je lui ai dit tu es sûr que c’est pas grave, il me dit non ce n’est pas grave. J’ai pris les enfants il a fermé la porte, nous sommes allés. Arrivée au bord de la route, j’ai trouvé l’ambulance garée, je suis montée devant avec les enfants, le chauffeur et mon mari m’ont dit de passer derrière. Mes enfants et moi étions assis juste à côté de mon mari. Je lui ai demandé comment ça va, tu as quoi ? Il m’a dit non ne t’inquiète pas c’est pas aussi grave que ça. Allons ils vont voir ce qui ne va pas, ils arrangent on va se retourner. J’ai dit d’accord. Le petit qui a accidenté mon mari, je lui ai demandé où on va? Il m’a dit à Ignace Deen.Nous sommes venus jusqu’au niveau du pont de Donka. Là, nous avons continué, arrivés au niveau du pont 8 novembre, nous avons trouvé des pick-ups militaires qui étaient garés là-bas. Le chauffeur s’est arrêté, j’ai dit au chauffeur de sonner, il a dit non. Il était toujours arrêté. Je lui ai dit ils voient l’ambulance, ils ne peuvent pas nous laisser passer, on a un cas d’urgence avec nous. Normalement ils devaient nous laisser passer parce que c’est l’ambulance. Nous sommes restés là-bas 3 à 5 minutes comme ça, on a entendu des coups de feu. La première balle a directement touché ma fille qui était assise sur les genoux du motard qui a accidenté mon mari. Mon mari a dit couchez-vous ,couchez-vous, j’ai dit, chauffeur il faut nous sauver . Ils ( militaires) tiraient partout, je criais, j’avais mon bébé avec moi. Quand ils ont tiré une seconde balle, ils ont touché le docteur  qui était assis devant, au niveau de sa tête.  Le chauffeur lui il cherchait à nous sauver, il fait marche arrière, nous sommes allés à Donka. Arrivée à Donka, j’ai crié, j’ai dit les agents nous ont tirés dessus, venez voir mon enfant. On ne savait même pas que le médecin aussi était décédé, on savait quand même qu’il a été touché. On est resté là-bas, 10 minutes après, le chauffeur de l’ambulance est parti ouvrir la porte,c’est ainsi qu’il a crié : ils ont tué mon docteur, ils ont tué mon docteur. Ils ont pris les deux ,ils les ont fait rentrer. En ce moment mon mari lui il était toujours couché dans l’ambulance. Je demandais aux docteurs comment va ma fille, personne ne me répondait, j’ai dit alors essayer de sauver mon mari parce la manière dont ma fille saignait je sais qu’elle est déjà décédée. Jusqu’à 11heures mon mari lui saignait suite à l’accident qu’il a fait, personne n’est venue nous aider. Ceux qui disent que le chauffeur a foncé,j’ai perdu ma fille, je ne peux pas mentir, je jure sur le Coran, le chauffeur n’a pas foncé sur eux (agents). S’il avait foncé, on allait tous mourir là-bas », a-t-elle relaté.

Et d’ajouter ceci : « Il n’y avait personne à la maison, j’étais seule avec mes enfants, j’ai des voisins mais comme la femme a voyagé et je ne sais à quelle heure le monsieur rentre c’est pourquoi je suis partie avec mes enfants. Ma fille s’appellait Marie Angèle, elle avait 6 ans et demi, elle partait déjà à l’école.Depuis que cela s’est passé, aucune autorité n’est venue nous voir pour le moment. Mon mari quant à lui, il est couché ici à l’hôpital, nous n’avons reçu aucun soutien d’abord. Il souffre beaucoup, il a été traumatisé par ce qui s’est passé. En plus,  sa fille est morte sous ses yeux, il n’a rien pu faire. Aujourd’hui, je demande  aux autorités de nous venir en aide, de sauver mon mari ».

Pour sa part, Amadou Oury Diallo, conducteur de taxi moto qui était aussi dans l’ambulance, a donné sa version des faits. « Le monsieur là c’est mon client ,j’ai l’habitude de le transporter sur ma moto. Ce jour là il est venu me dire de l’accompagner. Arrivés au cimetière de la T6, c’est là-bas que nous avons fait cet accident. Il n’y avait personne là-bas à part lui et moi. Nous sommes restés là-bas un autre taxi maître nous a trouvés là-bas, il nous aidés à aller à l’hôpital de Enta. Les médecins nous ont dit qu’ils ne peuvent pas le soigner là-bas d’aller à Ignace Deen ils nous ont dit de déplacer l’ambulance, le chauffeur est venu, nous avons mis le monsieur dans la voiture. Après lui il dit qu’il faut qu’il parte avec sa femme à l’hôpital c’est ainsi on est parti chercher sa femme. Arrivées au niveau de Libraport, la sirène de l’ambulance sonnait, le chauffeur a mis le code à travers les phares de l’ambulance. Directement je les ai entendus dire: tirez. C’est en moment qu’ils ont commencé à tirer.La fille qui reçu la balle là, était assise sur mes genoux, on était tous assis derrière. Notre chauffeur n’a pas foncé sur eux, on n’est même pas arrivé. Ce qui s’est passé est vraiment inquiétant. Je n’ai pas pu identifier ceux qui nous ont tirés dessus », a expliqué Amadou Oury Diallo

Quant au chauffeur de l’ambulance, lorsque nous l’avons appelé, il nous dit que pour le moment il ne peut pas nous parler. Sous prétexte qu’il a des maux de tête. Les deux corps se trouvent à la morgue.Jusqu’au moment où nous quittions l’hôpital, la femme nous disait qu’aucune autorité n’est venue les voir. Cependant, elle demande aux autorités de  venir en aide à son mari qui est alité à l’hôpital Donka, délocalisé dans la cour du camp Camayenne.