“Baisse” du prix du gaz butane en Guinée : grande annonce, petits mensonges, misère des foyers…

Pour contrer la consommation du charbon de bois en Guinée, l’Etat guinéen, la Direction générale du Fonds d’Appui à la Promotion des Gaz (FAPGAZ), avait pris des mesures pour la baisse du prix du gaz butane, sur le plan national.

Les prix ont été fixés comme suit:60 000 GNF contre 69 000 GNF pour recharger les bouteilles de 6kg,130 000 GNF contre 143 500 GNF pour les bouteilles de 12,5kg. Et ces mesures sont entrées en vigueur depuis le mois de juillet 2023. Cependant, bon nombre de Guinéens n’arrivent pas à se débarrasser du charbon de bois, ou encore du réchaud à courant pour certains, pour  la cuisine. Qu’est-ce qui empêche cela? Est-ce par méconnaissance? Ou c’est à cause du prix que les gens ne s’intéressent pas.

Pour répondre à ces questions, notre rédaction est allée vers les vendeurs de gaz, les consommateurs et ceux qui sont réticents.

Hassan Sidibé, mécanicien de profession, venait de se procurer une bouteille à gaz. Mais selon lui, les prix varient d’un point à un autre. Il confie avoir sillonné plusieurs coins, avant de trouver le gaz à bon prix.

« On a constaté que ça a diminué mais, chacun a son prix. Comme le matin, j’ai été dans trois lieux, certains parlent de 180 mille fg, d’autres parlent de 160mille  fg et 150mille fg. Pour recharger la grande bouteille et même la petite bouteille, on entendait parler de 60mille fg sur le plan national.  Mais quand tu vas  chez les commerçants, là aussi chacun a son prix. Il y en a qui vendent à 70 mille,75 mille et jusqu’à 80 mille fg. Il n’y a pas de prix fixe.  Il faut qu’on essaie de voir le commerce en Guinée parce que quand on donne un prix standard et que tu trouves le contraire sur le marché c’est pas raisonnable. Quand on dit un objet à 100fg normalement partout où tu vas tu dois le trouver à ce prix. Si le prix augmente un peu à l’intérieur on peut comprendre parce que ce sont les véhicules qui transportent les marchandises. Pour recharger la grande bouteille, on dit 130mille fg mais quand tu vas chez le commerçant tu trouves à 150mille fg », a indiqué Hassan Sidibé, mécanicien.

Et pour confirmer ce que les clients nous ont dit, nous sommes allés au niveau des points de vente. Effectivement de ce côté, nous avons constaté une légère variation de prix chez les vendeurs.
Amadou Diouldé Diallo, vendeur de gaz à Sonfonia Gare : « ça a baissé. Au début, on revendait les bouteilles de B6 à 80mille fg maintenant c’est 60mille fg pour charger.

L’achat avec les accessoires, dernier prix 350mille fg( la bouteille, le gaz, le brûleur). Maintenant il y’a plus de clients par rapport au passé ».

Arrivée devant un vendeur de gaz à Lambanyi, on s’est fait passer pour acheteurs de gaz afin de connaître les prix.

« Moi, je recherche la bouteille de 6kg à 70mille fg . Si c’est pour acheter, vous donnez 370mille fg. Ce n’est pas moi seulement qui revends à ce prix.(…) », a t-il lancé.

À Lambanyi toujours, nous avons trouvé Angeline Albert Camara, en train de faire la cuisine avec le gaz. Et cette dame trouve que l’utilisation du gaz est plus avantageux que le charbon et même le courant. Cependant, elle pense que les Guinéens ne sont pas encore préparés à cela.

« Moi j’utilise la bouteille de 6kg, je charge à 70mille fg. Le problème de gaz, c’est pas parce que les gens ne veulent pas mais c’est plutôt parce qu’ils ne sont pas habitués. Beaucoup ne trouvent pas de la sécurité dedans. Sinon si tu calcules, un sac de charbon tu peux l’avoir à 45mille mais ça ne te fait même pas une semaine moi par exemple le gaz me fait 3 semaines et si je ne prépare pas chaque jour, ça peut me faire un mois. Sincèrement, si les gens s’accrochent à ça, ils verront que c’est plus avantageux. Mais bon, je comprends aussi, à Conakry les gens n’ont pas où déposer leur bouteille de gaz.Au fait c’est à cause de l’imprudence que les gens ne se basent pas sur les bouteilles de gaz, ils n’ont pas où les mettre. Avec les logements restreints, tu ne peux pas prendre ça mais presque tous ceux qui ont des cuisines externes, ils en ont. Ou ceux qui sont dans des appartements aussi tu peux mettre à la cuisine ou sur la terrasse.

Mais si c’est une cuisine commune toi tu utilises une bouteille de gaz et l’autre utilise le charbon ça ne peut aller.C’est surtout la cherté de la vie. Si par exemple les bâtiments ne sont pas chers comme ça là tu peux aller te chercher un appartement où tu peux être libre,tu utilises ta bouteille de gaz. Sincèrement parlant c’est pas prudent avec nos logements communs. Moi malgré que je n’ai pas de colocataire, avant de dormir la nuit ,je vérifie toujours si le gaz est bien fermé, je laisse la fenêtre de la cuisine ouverte. Ça peut fuiter d’un moment à l’autre.Il y a tellement d’explication à ça. Le Guinéen n’est pas prêt quand même. Sinon le gaz c’est pas un luxe », a-t-il indiqué avant de lancer ce message.

« La seule chose que je peux conseiller aux gens ,quand tu veux utiliser la bouteille de gaz, il faut prendre toutes les précautions. Veiller là-dessus si tu as des enfants. Le gouvernement aussi doit faire une campagne de sensibilisation pour amener les guinéens à adhérer à cette idée de gaz,leur parler de l’utilité et des conséquences. Sinon le gaz est plus avantageux aujourd’hui que le charbon, un, par rapport au prix et deuxièmement ça lutte contre le deboisement », a laissé entendre dame Angeline Albert Camara

Cette autre femme n’utilise pas le gaz et elle n’entend même pas s’y habituer, par peur de créer des dégâts chez elle.

« Moi je ne suis pas habitué au gaz c’est pourquoi j’ai peur de l’utiliser chez moi. J’ai assez d’enfants turbulents à la maison et ma femme est négligeante parfois. Et avec le gaz,moins d’erreur,vous brûlez la maison. Je suis hostile au gaz et je crois que c’est la même chose chez beaucoup de guinéens. Je ne dirais pas que c’est à cause du prix parce que je ne connais même pas son prix et je n’ai jamais demandé. Oui chez les autres ils utilisent les gaz,nous nous ne connaissons pas ça ici. Apprendre à le connaître ? Ça viendra avec le temps », dira-t-il.

A la direction du Fonds Gaz, aucun commentaire malgré nos sollicitations.

Beaucoup de guinéens refusent encore d’utiliser le gaz au profit du charbon de bois. Pourtant si rien n’est fait pour mettre fin à la coupe abusive du bois en Guinée, les futures générations risquent d’avoir de sérieux problèmes, notamment le changement climatique. Ce qui pourrait entraîner le réchauffement climatique encore plus que ce que nous vivons actuellement, et également à la sécheresse.